LCI : la porte d’entrée aux petits partis
Jeudi dernier, le CSA a autorisé le passage de LCI en chaîne gratuite, rejoignant ainsi BFM TV et iTélé. L’annonce n’a pas fait que des heureux mais pourrait tout changer pour 2016.
Une nouvelle qui n’est pas au goût de tout le monde
L’avocate de la chaîne d’information avait prévenu : « les contrats de diffusion en payant s’arrêtent fin 2015, ensuite LCI est morte ». TF1 s’est battu pour ce passage en gratuit et sa persévérance a finalement payé. Rappelons qu’elle avait dû essuyer deux refus : l’un en 2011 et l’autre en 2014. Mais cette nouvelle aurait des impacts sur ses deux concurrents directs : BFM TV et iTélé. Le premier aurait d’ailleurs annoncé avant la décision du CSA qu’une centaine de postes devraient être supprimés si l’action se concrétisait. Seul le temps pourra nous dire avec certitude à quel point l’arrivée en gratuit de LCI va changer la donne.
Un changement radical
Visible dès janvier 2016 sur le canal 26 de la TNT, LCI a promis au CSA en septembre dernier une refonte de ses programmes afin de proposer plus de magazines et de sujets légers (nouvelles technologies, santé, consommation,…). Contrairement à ses concurrentes, LCI ne présenterait que 25% d’actualité en continu, Catherine Nayl, directrice de l’information, ayant expliqué ne pas vouloir interrompre l’antenne « toutes les dix minutes pour une information qui, bien souvent, 10 minutes plus tard n’en est plus une ». La visibilité de la chaîne sur internet va également être améliorée puisqu’elle va accueillir les rédactions de TF1 et de Metronews. Le nouveau groupe, formé par environ 300 journalistes, sera dirigé par deux patrons : Nicolas Charbonneau (l’actuel directeur adjoint de la rédaction de TF1) et Jean-François Mulliez. Pouvant compter sur 20 millions d’euros d’investissements supplémentaires en 2016, la chaîne d’infos espère pouvoir redevenir bénéficiaire dès 2019.
Une place pour les petits partis
Nous l’avions vu récemment dans un article, les chaînes d’informations travaillent activement pour préparer les présidentielles de 2017. BFM TV par exemple avait déjà proposé pour les présidentielles de 2012 des débats entre les politiciens phares, ce qui ne devrait pas vraiment changer cette année. Comment peut donc s’intégrer une troisième chaîne d’infos gratuite dans un tel environnement ? Tout simplement en apportant des nouveautés. Le CSA a ainsi expliqué qu’elle « contribuera au pluralisme et l’intérêt du public ». Certes, le programme proposé en témoigne puisqu’elle se distinguera fortement de BFM TV et iTélé en présentant 43% de magazines thématiques et 20% de magazines d’info. Mais son passage en gratuit va lui permettre aussi d’attirer des politiciens sur son plateau, ce qui jusqu’à maintenant lui était difficile, la chaîne ne touchant pas un public assez large. Va-t-elle chercher à capturer les mêmes têtes que ses rivales ? Pas si sûr… Elle va en tout cas représenter une belle occasion de faire émerger les petits partis, qui ne trouvaient pas vraiment leur place sur les plateaux de chaînes d’infos gratuites. Parmi eux se trouve le Parti Libéral Démocrate. Le PLD avait d’ailleurs écrit sur son site officiel un article s’intitulant « Monsieur le Président du CSA, faites respecter l’équité par les médias ! » qui priait le Président du CSA de bien vouloir accorder la gratuité au même titre que les rivales de la chaîne.
Une lettre ouverte particulièrement éloquente
Dans la lettre ouverte publiée sur le site du PLD, on y lit notamment « Les éditeurs de services de radio et de télévision sollicités par les candidats de notre liste citoyenne « Aux Urnes Citoyens » aux fins d’accès à l’antenne ont tous refusé d’y donner une suite favorable, compte tenu dans un premier temps d’un prétendu désintérêt de l’audience pour les élections régionales à la suite des évènements tragiques intervenus le 13 novembre dernier, puis désormais d’une nécessité de prioriser les listes qu’ils considèrent comme « plus importantes » dans des délais courts. ». Les faits sont donc assez clairs : tous les partis n’ont pas le droit de présenter sur un plateau leur programme. Il y a de ce fait un réel « marché » à prendre pour LCI qui peut ouvrir sa porte aux petits partis. En ce sens, le CSA a donc bel et bien raison : cette chaîne va contribuer au pluralisme tout en donnant le droit à la parole aux petits politiciens qui ne sont pas, comme on aime à le croire, forcément inintéressant pour les citoyens. Ce sont les médias dominants qui centralisent les débats sur des partis politiques donnés. Dès janvier, le PLD a donc une chance de soutenir sa montée en puissance par une présence médiatique, ce qui le rapprochera nécessairement des citoyens. Car il ne faut pas se faire d’illusion : les médias conditionnent en grande partie les opinions politiques des électeurs. LCI devrait, de ce fait, offrir la possibilité de présenter à la télévision un panel de partis politiques plus vaste, en l’élargissant aux entités oubliés par les grandes chaînes.
G.A