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Chute d’audience : les inquiétudes grandissantes de l’actionnaire Bolloré

Devenu le premier actionnaire de Vivendi en juillet dernier, Vincent Bolloré a souhaité réformer l’une de ses filiales : Canal +. La chaîne connait toutefois depuis plusieurs mois déjà une chute d’audience continue. Pas de quoi se rassurer…

Un début rempli d’espoir et d’engagements

A son arrivée en juillet, le nouveau patron de Canal + souhaitait redresser les audiences, mais aussi mettre fin aux coûts excessifs des émissions ou encore aux salaires anormalement élevés des animateurs. Pourtant, la fin d’année n’est toujours pas atteinte et déjà 40% d’audience ont été perdus pour les émissions. Les téléspectateurs boudent « la Nouvelle Edition ». Ils ne sont plus que 372 000 sur les 500 000 présents l’année passée. Le « Canal Football Club » lui aussi voit sa popularité diminuée cette fois de moitié passant de 1,5 millions de téléspectateurs il y a un an à 734 000. Même constat pour le « Grand Journal ». Autre fait marquant : la Coupe du monde de rugby aurait dû attirer des centaines de nouveaux clients mais en pratique, les choses ne se déroulent pas ainsi. Un cadre de la chaîne a exprimé son inquiétude : « Toutes les tranches en clair s’effondrent et cela entraîne les audiences du soir en crypté. La saison 2 des Revenants est un bide. Ces signes sont catastrophiques ». Toujours d’après lui, « le public vient chercher sur Canal de l’impertinence. Or, on lui dit actuellement que ce n’est plus la chaîne de l’impertinence et du contre-pouvoir. D’où le risque que les gens ne s’abonnent plus. ».

Un changement brutal d’état d’esprit

Canal + n’est plus la même. C’est ce que craignaient les employés depuis longtemps déjà. « J’ai rarement vu un tel chaos dans cette boîte », a déclaré un salarié de longue date. Libération expliquait déjà à la mi-octobre qu’en « tuant l’esprit Canal, Bolloré met la chaîne en danger ». Le patron de Vivendi annonçait alors 5 idées pour relancer la chaîne. La première : réduire les tranches en clair. Vincent Bolloré s’était ainsi justifié sur RTL en disant que « le samedi et le dimanche, il y avait six heures en clair. C’était sans doute un peu trop. » Les Guignols sont les premiers à souffrir de ce changement. Ils sont désormais diffusés en crypté, ce qui a un impact négatif sur les audiences du Grand Journal qui profitait du succès des marionnettes (elles réunissaient 1,75 millions de téléspectateurs la saison dernière). Deuxième cheval de bataille, la réduction des coûts des programmes est devenue l’une des priorités de l’actionnaire majoritaire. Il aurait ainsi passé le coût du Grand Journal de 25 à 23 millions d’euros par an. Bolloré veut également baisser le prix de l’abonnement qui jusqu’à maintenant n’avait fait qu’augmenter sans provoquer une baisse du nombre d’abonnés. Il serait aujourd’hui deux fois plus cher qu’il y a 30 ans. Il souhaite aussi repasser à l’ancien cryptage et dépolitiser les programmes. Sur ce dernier point, le nouveau patron s’attaque directement aux Guignols. « Parfois, c’est un peu blessant ou désagréable. Je trouve que se moquer de soi-même, c’est bien. Se moquer des autres, c’est moins bien. » a-t-il déclaré le 12 février sur France Inter. Les Guignols sont depuis aux abonnés absents. Un proche de Vincent Bolloré a témoigné : « Recevoir des coups de fil des politiques pleurnichards, il déteste ça. Sa proximité politique avec Nicolas Sarkozy est de notoriété publique et Les Guignols tapent fort sur lui ».

Une chute d’audience inquiétante

Les audiences des programmes de Canal sont en chute libre. La rentrée du « Grand Journal » en septembre était déjà loin d’avoir attiré le nombre de téléspectateurs escompté. Si l’on en croit l’enquête réalisé par Mediamétrie, les quatre premiers jours ont affiché des résultats catastrophiques. Si le lundi 7 septembre, le programme réunissait 915 000 téléspectateurs, ils ne sont déjà plus le lendemain que 769 000 et le jeudi 611 000. La tendance se confirme pour l’ensemble des programmes proposés. Aliette de Villeneuve, responsable du pôle contenus et marketing des programmes à NPA Conseil avait récemment répondu à nos confrères du 20 Minutes. Elle explique alors, entre autres, que « l’émission n’est pas assez dynamique. Or, on sait que, à cette heure-là sur les autres chaînes, tout s’enchaîne, ça rigole énormément. Le public aime le piquant ! ». L’actionnaire majoritaire s’inquiète. Selon Le Figaro, une salariée de Canal + a expliqué que Vincent Bolloré « a fait un tour d’horizon de Canal + et des autres entités du groupe » et a conscience de la situation « sérieuse » dans laquelle se trouve la chaîne. Il a également annoncé vouloir investir deux milliards d’euros pour relancer Canal. Des changements se préparent. Il a en particulier parlé de la nécessité de réinvestir dans le sport et de proposer aux abonnés des décodeurs plus attractifs. Reste à savoir si cette nouvelle stratégie portera cette fois ses fruits…

 A.G

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