Domestikator » : et alors ? par Sandrine de La Houssière
La Société protectrice des animaux (SPA) a demandé le retrait de l’œuvre le « Domestikator » du parvis du Centre Pompidou, à Paris. Les défenseurs de la cause animale estiment que la sculpture polémique, exposée dans le cadre de la Fiac 2017, représente un acte de zoophilie.
Présentée dans le cadre du parcours hors les murs de la Foire internationale d’art contemporain (Fiac), « Domestikator », une composition de l’artiste néerlandais Joep Van Lieshout, a tout d’abord été refusée par le Louvre en la personne de son président, Jean-Luc Martinez qui motive son refus en indiquant que « des légendes sur l’Internet circulent et attribuent à cette œuvre une vision trop brutale qui risque d’être mal perçue par notre public traditionnel du jardin des Tuileries ». La foire et la galerie Carpenters Worskshop ont alors contacté Bernard Blistène, directeur du Musée national d’art moderne. « J’ai immédiatement demandé au président du Centre, Serge Lasvigne, pour voir s’il acceptait qu’on le présente, il a dit oui, raconte Bernard Blistène. L’espace était disponible, on a vérifié que le poids le permettait. C’est aussi simple que cela. »
Le centre Pompidou a donc finalement accepté de voir la composition de douze mètres, faite de plusieurs cubes géants, édifiée sur son parvis. Le directeur de Beaubourg, Bernard Blistène, dit considérer l’œuvre comme « une magnifique utopie en prise avec l’espace public ». Quant à son créateur, il évoque « une d’allégorie du viol de la nature par l’homme »
« C’est une vraie victoire pour la liberté d’expression », se félicite Julien Lombrail, codirecteur de la galerie Carpenters Workshop, qui représente l’artiste néerlandais.
(Quand le soleil de la culture est bas sur l’horizon, même les nains projettent de grandes ombres » écrivait Karl Kraus…)
Alors, pourquoi crier au scandale ? Cette composition est en fait emblématique de l’ « art contemporain » dont on se gausse. C’est en fait une labellisation officielle qui estampille une production particulière parmi d’autres : promu et financé par le réseau international des grandes institutions financières et culturelles comme la FIAC et, en France, par l’Etat. Rien de plus….
Et en aucun cas un héritage de l’art moderne !
Il faut dire et répéter que l’ « art » contemporain n’est pas l’héritier de l’art moderne, ce ne sont pas deux termes équivalents. Toute l’ambiguïté repose sur la succession chronologique qui pourrait faire croire que l’un est l’héritier de l’autre. Il n’en est rien, La création contemporaine a tout simplement changé de nature. Elle dépasse la dialectique des notions d’héritage et d’avant-garde dans lequel s’inscrivait l’art moderne. On se situe maintenant bien au-delà : au delà de toutes les outrances et en-deçà de l’absurde…
Créé de toute pièce par les grands marchands américains, qui ont imposé cette nouvelle forme d’art en la différenciant ainsi de ce qu’il était convenu d’appeler jusque-là « l’art moderne », cet « art contemporain » est né dans les années 1960, pour succéder à l’ « art moderne », enterré sans fleurs ni couronnes après une soixantaine d’années d’existence. Il devient alors le seul art légitime et officiel
Libre aux gogos de confirmer leur régression au stade anal en s’esbaudissant devant un sex toy ou un grotesque phallus, le vagin d’une reine ou une posture zoophile. Mais entre eux et chez eux, pas sur la place publique indûment privatisée au seul bénéfice de leur ego infantile.
L' »art contemporain » revendique le droit à la provocation dans l’espace public, aux frais du contribuable de surcroît. Il revendique une laideur militante obligatoire et pire, le subjectivisme systématique. Leur art ne parle pas, il ne communique rien si ce n’est un jet de fiel ou de violence ; c’est l’expression d’une subjectivité qui n’exprime rien car elle ne se relie pas à l’universel. Stravinski disait en substance que l’art présuppose la communication : or cet art dit contemporain ne parle pas, au mieux il demande une initiation, au pire, il reste muet, enfermé dans l’autisme.
L’ art contemporain prétend avoir une fonction critique, c’est là sa seule « transcendance », mais son anti-conformisme est devenu un conformisme, il ne bouscule plus rien parce qu’il ne se réfère à rien. Il ne s’inscrit nullement dans la filiation iconoclaste de l’art brut de Dubuffet ou des graffitis de Basquiat. Sa dérision ricanante tourne à vide car tous les modes de contestation du réel et du social ont été épuisés, toutes les imprécations énoncées, toutes les déviances psychologiques exploitées. . On en vient finalement à une banalisation, une normalisation de la provocation. Au final la chair est triste et la représentation du sexe n’a plus rien à transgresser
L’obscénité d’ une posture traitée de façon pornographique ne relève plus que d’un triste conformisme dans sa piètre tentative pour être choquant . S’il a pu être tabou à une époque, le sexe est maintenant un poncif qui a perdu sa charge subversive. Il n’y a vraiment plus que la société protectrice des animaux pour s’en indigner…
« Domestikator » ? et alors ? à quoi bon s’insurger?
Il ne mérite que notre dédain.