Le « cessez-le-feu » (qui n’empêche pas les armes de continuer à parler sur le terrain), c’est, au fond, une légitimation du partage de l’Ukraine. Ce qui permet, semble-t-il et pour le moment, d’éviter le pire au bord du gouffre. Mais c’est aussi – et surtout – un aveu d’impuissance du monde dit civilisé, confronté à une nouvelle barbarie, au diapason du fanatisme islamiste. Cette barbarie est incarnée par l’expansionnisme russe qui vise à recréer l’URSS-bis sans le communisme, en contrepoint à la « décadence occidentale ».
Obsédé par cette vision globale, qui est devenu son « ça », Poutine se comporte comme un repris de justice, qui use de la force brutale pour assouvir ses instincts, en violant la loi internationale. Au grand jour. En toute impunité. Car rien, ni personne n’est capable de le contrer. A moins de recourir à la force, le seul langage qu’il comprend. Mais cela signifierait le déclenchement d’une nouvelle guerre. Cette fois, aux conséquences planétaires. Option impensable.
Que faire – face à cette quadrature du cercle ? Quelle attitude doit être adoptée par les dirigeants occidentaux et ukrainiens, qui se retrouvent, en l’occurrence, dans le même camp ?
Comment en sortir ? Et sortir par le haut ?Quatre orientations pourraient inspirer, à mes yeux, la feuille de route.
1. Surtout ne pas s’enfoncer dans la guerre. Elle n’apporte jamais de solutions constructives à long terme. Tout en causant la mort des innocents et provoquant d’indicibles horreurs sur un terrain, où la supériorité des Russes (il est temps d’enlever le préfixe « pro ») est écrasante.
2. Démontrer à l’opinion publique – devenue, aujourd’hui, globale grâce aux médias et réseaux sociaux – que l’entière responsabilité de ce dépeçage d’un pays souverain incombe à Poutine. Autrement dit – ne pas diluer les responsabilités, en renvoyant les protagonistes dos à dos, un sport favori de géopoliticiens et de dirigeants politiques occidentaux. Dire – enfin ! – stop à eux. A ceux qui se coincent ainsi dans un statu quo. Un confortable alibi de leur bonne conscience. Alors qu’il est urgent de désigner clairement le coupable des horreurs
qui se déroulent sous nos yeux ! Je pense que cela serait d’autant plus possible que même les thuriféraires les plus zélés de Poutine sont actuellement dépassés par le cynisme et le jusqu’au-boutisme de leur maître à penser.
3. Faire de l’Ukraine de l’Ouest – via une très ambitieuse et volontariste projection dans l’avenir – un exemple de réussite et de race to the top, un pays résolument connecté au monde global du XXIe siècle : ouverture, innovation, démocratie, respect de la loi, investissements, épanouissement individuel, éducation, voyages, etc. Ouvrir un horizon aux jeunes, en les propulsant aux premières loges décisionnelles.
4. En optant pour cette feuille de route, s’en tenir à l’exemple de l’Allemagne de l’Ouest, qui fut libre, démocratique et prospère, vs. l’Allemagne de l’Est, satellisée, cloisonnée, bridée et, en fin de compte, anéantie et balayée par le marasme économique, sur fond d’une aberration idéologique, à coloration communiste.
Il me semble que c’est bien là, le message de Maïdan, à l’origine d’une merveilleuse aspiration ukrainienne aux idéaux occidentaux. Ce message doit servir de fil d’Ariane dans l’actuel labyrinthe sanglant. Car c’est le message des jeunes générations éduquées (Millennial Generations), qui veulent construire et piloter leur avenir dans un monde nouveau. Pour cheminer vers leur bonheur. A des années-lumière des guerres et des
barbaries new look
F. Cook
Vos commentaires sur l’agression russe correspondent bien à la réalité.
Par contre,avant l’indispensable valorisation de l’Ukraine de l’Ouest, il me parait urgent de faire face aux dangers immédiats à savoir 1. mettre en place les nouvelles sanctions contre les dirigeants russes dès que possible 2. renforcer l’armée ukrainienne dans le sud-est sachant que, malgré le cessez le feu, les russes sont en train d’encercler Marioupol avec les troupes qu’ils ont fait semblant de retirer à l’est 3. définir comment contenir les troupes russes de Crimée avant leur future invasion de la côte sud de l’Ukraine 4. anticiper la protection de la Moldavie (les russes amassent des troupes en transnitrie) 5. organiser la défense des pays baltes.
Nous sommes dans la situation de l’Europe des années trente lorsqu’elle n’a pas su réagir aux agressions répétées d’Hitler !