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LES MULTINATIONALES ET LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION: UNE BOMBE A RETARDEMENT ?

Paris, le 25 novembre 2014 – Control Risks, cabinet de conseil en gestion de risques, publie aujourd’hui son rapport annuel sur l’attitude des entreprises face à la corruption

Le rapport 2014/2015 révèle que beaucoup d’entreprises multinationales, notamment celles opérant dans les marchés émergents, tardent à faire évoluer leur réponse face aux risques de corruption. Un inquiétant fossé se creuse entre la perception du problème par les directions générales et la réalité du terrain, en particulier dans les marchés les plus exposés. Les difficultés et la lenteur à revoir et adapter les approches sont principalement dues aux pressions budgétaires qui pèsent sur les équipes en charge (directions juridiques, risques ou conformités selon les organisations) et une évaluation mauvaise ou limitée des risques encourus.

Un changement positif a cependant été noté au cours des 12 derniers mois. Par exemple, 87,9% des entreprises ont désormais mis en place des règles strictes interdisant toute forme de pot-de-vin dans le but de sécuriser un contrat, contre 50% l’année précédente. Dans l’ensemble, 37,9% des répondants disent développer des moyens additionnels pour réduire ce type de risques. . Ce chiffre allant jusqu’à 45% pour les entreprises britanniques.

Toutefois, la majorité des entreprises interrogées:

  • restent mal-préparées pour répondre à des faits ou allégations de corruption en interne comme face aux autorités ;
  • n’ont pas intégré le directeur ou le service responsable des mesures anti-corruption au conseil d’administration
  • ne dispensent pas de formations anti-corruption suffisantes, adaptées et pragmatiques, notamment aux personnels et services les plus exposés (ventes, commerciaux par exemple);
  • n’ont pour près de la moitié toujours pas de procédures de dénonciation.

Au cours des dernières années plusieurs pays dits émergents se sont joints aux pays développés pour établir des normes plus rigoureuses et un contrôle plus strict. L’année 2014 a vu des multinationales faire l’objet d’enquêtes et de poursuites par les autorités chinoises par exemple. Le Brésil a durci son régime anti-corruption et l’Inde renforcé ses institutions de lutte contre la corruption. Certains pays africains commencent également a lancer des initiatives dans ce sens.

Face aux insuffisances des grandes entreprises à adresser ce problème, clairement identifiées dans le rapport de Control Risks, cette tendance des pays émergents à renforcer la lutte contre la corruption les expose à des conséquences importantes. Des allégations de pratiques de corruption, des investigations par les autorités pour faits de corruption, des poursuites en justice… peuvent avoir un coût significatif en terme de moyens à déployer, d’amendes à payer, de réputation impactées, de clients perdus…. Et à terme mettre en péril la survie même de l’entreprise.

Le rapport de Control Risks établit que :

  • 47,5% des entreprises interrogées ont des membres du conseil d’administration ou  des comités en charge de la lutte contre la corruption et de la conformité.
  • 38,2% disposent de procédures d’analyses des risques de corruption lors de l’entrée sur de nouveaux marchés.
  • 64% intègrent une clause « anti-pot-de-vin » dans leurs contrats de sous-traitance.
  • 42% appliquent un certain niveau de due diligence concernant leurs nouveaux partenaires.
  • 66% interdisent les pots-de-vin comme moyen d’accélérer les procédures administratives (déclarations de douane par exemple).
  • 37,8% des entreprises seraient prêtes à dénoncer un concurrent corrompu aux autorités.
  • 16,2% pensent que les pots-de vin sont essentiels afin de maintenir l’activité de l’entreprise. Il est à noter que si ce chiffre n’est que de 1,6%au Royaume Uni, il  grimpe jusqu’à 27,5% en Inde, 25,5% au Mexique et 24,6% en Chine.

En outre il est à noter que :

  • 67,6% des sociétés sondées ne pensent pas avoir à mener une enquête anti-corruption l’an prochain, en dépit du fait que 56,6% en ont réalisé en 2013.
  • 45% des répondants ne voient pas la nécessité d’investir davantage dans leurs  politiques et mesures anti-corruption.

Stéphanie Lhomme, Directrice Générale France de Control Risks, a déclaré à propos des résultats de l’étude:

 

« Les gouvernements du  monde entier deviennent plus exigeants envers les entreprises en matière de lutte contre la corruption. Cela se vérifie même sur les marchés où la réglementation et les outils de répression sont sous-financés. Les entreprises doivent intégrer ce changement et le prendre au sérieux. Si nombre d’entreprises ont déjà mis en place des processus de conformité, il ne s’agit que de la moitié de la tâche. Elles doivent maintenant dépasser le simple discours et s’engager dans des actes concrets, et introduire dans leur culture et leur process les changements qui les protégeront. Sans cette prise de conscience, il y a un risque réel de glissement progressif  vers une crise majeure.» Pour consulter le rapport complet, cliquez ici

Comments

  • Xavier Collet
    décembre 11, 2014

    La corruption suppose toujours un corrompu détenant le pouvoir de favoriser au détriment de l’intérêt de la collectivité gérée.
    Autrement dit l’existence même de l’Etat est porteur de corruption, il ne saurait en être autrement. Toute politique anticorruption relève de l’utopie tant qu’un pouvcir politique existe.

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