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Une nouvelle société est-elle possible ? Par Germán Gorraiz López, analyste politique 

Contrairement à l’esprit critique et à la culture de l’effort qui caractérisent le XXe siècle, la société des premières décennies du XXIe siècle serait constitué d’individus dépendants des biens matériels qui forment une masse homogène, non critique et facilement manipulable par les classes dirigeantes. 

Pour produire ces biens de consommation, les dirigeants mondiaux auraient opté pour l’utilisation effrénée de matières premières et d’énergies fossiles pour alimenter les machines de production, ignorant la déforestation, la pollution galopante et les déchets générés, avec pour résultat que nous serions déjà plongés dans un dangereux vortex d’augmentation de COqui aura des effets catastrophiques au cours de la prochaine décennie. 

De même, la société d’individus unidimensionnels que nous forgeons relègue l’affectivité et la transmission intergénérationnelle au profit des réseaux sociaux. Ainsi, ces plateformes apparemment aseptiques ont vu le jour pour rompre les liens affectifs en créant des réalités virtuelles, sorte d’hologramme magique qui permet de s’évader de la dure réalité et de nous transporter dans des mondes oniriques. 

Une telle société serait unie grâce à l’utilisation de l’anglais comme langue universelle et d’Internet et de l’intelligence artificielle (IA) pour assurer une communication instantanée entre les habitants du monde. De même, grâce à la manipulation cybernétique, les différents gouvernements surveillent en temps réel les communications de leurs citoyens à travers leurs métadonnées et à travers la diffusion aveugle de fausses nouvelles, ils parviennent à nous faire vivre immergés dans la désorientation et submergés dans le doute existentiel. 

Ceci, couplé à la mise en place de millions de caméras à reconnaissance faciale, aurait entraîné de facto l’avènement du Big Brother mondial (l’œil qui voit tout), dans le but avoué d’empêcher l’éveil de l’esprit critique des masses en le futur proche.
 
Or, une conjonction inattendue de forces centripètes et centrifuges serait en train de configurer le puzzle disjoint du chaos ordonné qui se prépare et qui pourrait conduire à l’émergence d’une masse critique suffisante pour induire un changement qualitatif dans la société actuelle.
 
Ainsi, l’entrée prévisible en récession des principales économies mondiales qui portent la croissance et l’effondrement de la tour de la mondialisation universelle provoqueront un choc traumatique dans la société consumériste d’aujourd’hui qui la forcera à subir une profonde catharsis et métanoïa et lui fera réviser les fondements qui l’ont soutenu jusqu’à présent.
 
En conséquence, l’imaginaire collectif devra adopter un nouveau mode de pensée et une attitude proactive face à l’irruption du nouveau scénario téléonomique qui approche, qui sera marqué par une forte volatilité et un enchaînement de crises. Enfin, suite à l’émergence d’un nouvel individu qui renaîtra des cendres de la mondialisation, la nouvelle société s’orientera vers la recherche d’une nouvelle utopie réaffirmée par une solide conscience critique et sous-tendue par des valeurs telles que la décroissance, la solidarité, l’économie circulaire, le développement et le respect de l’environnement. 

Germán Gorraiz López, analyste politique 

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