Violence contre les élus : Jean-Philippe Dugoin-clément : « on nous propose maintenant de créer un comité qui ne servira à rien. »
Le gouvernement mise sur la prévention en installant, le 17 mai 2023, un Centre d’analyse et de lutte contre les violences faites aux élus, et sur la répression avec une nouvelle loi qui devrait appliquer des circonstances aggravantes en cas d’agression d’un « titulaire d’un mandat électif public »
Jean-Philippe Dugoin-clément, 1er Vice-Président de l’Association des Maires d’Ile de France (AMIF) et
Maire de Mennecy (91) répond à nos questions
VDA/ Comment expliquez-vous la montée de la violence envers les élus ?
Elle est à l’image de notre société, de plus en plus violente, et qui connaît une forme de banalisation de comportements inacceptables.
Les maires sont les principales victimes car ce sont les élus qui sont au contact direct et quotidien de nos concitoyens, ceux qui deviennent parfois le déversoir des rancœurs, des colères et qui ont le tort de ne pas toujours pouvoir dire oui, donner satisfaction…
Ces comportements sont renforcés le sentiment d’impunité qui règne vis-à-vis des menaces, injures et agressions de personnes pourtant chargées de missions de services publics et notamment au travers d’une absence de poursuites et de condamnations systématiques des injures et des menaces tenues sur les réseaux.
Sociaux
Cette évolution de la société touche d’une manière générale, représentant d’une forme d’autorité, qu’il s’agisse des policiers gendarmes, pompiers enseignants, soignants…
La république doit protéger à nouveau celles et ceux qui la serve. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
VDA / La ministre des Collectivités Dominique Faure veut mettre en place une « cellule de lutte » pour affronter le phénomène. Pourquoi une « cellule » et non une loi ?
Dans notre pays, lorsque l’on ne sait pas où l’on ne veut pas traiter un problème, en général, on crée Une commission, un Comité Théodule, un machin, de manière à l’enterrer. Il y a trois ans de cela c’est le maire de Signes qui était tué, renversé par une camionnette procédant à des dépôts sauvages. Depuis rien de changé….
L’association des maires d’Île-de-France, depuis 2018, demande au gouvernement de réagir.
Au lieu d’annoncer de véritables mesures d’accompagnement des élus, de renforcement et de systématisation des sanctions (quitte a passer certaines de celles-ci du domaine délictuel au domaine contraventionnel pour un certain nombre de cas) on nous propose maintenant de créer un comité qui ne servira à rien.
Cela relève de l’inconscience ou du mépris.
VDA / L Association des maires de France ne peut-elle pas mettre un dispositif de sécurité pour les maires ? Exemple une société de sécurité civile ?
Ce n’est pas à une association d’élus (qui n’en a d’ailleurs ni les moyens, ni le droit) d’aller mettre en place des milices privées pour protéger des élus, parce que l’État serait défaillant pour le faire et n’a plus l’autorité ni les outils pour protéger ses serviteurs.
Les associations d’élus organisent déjà (ce qui est un palliatif) des formations pour essayer d’accompagner les élus sur la gestion de crise ou sur l’accompagnement psychologique de ceux qui ont subis des traumatismes et hésitent à rendre leur écharpe.
Il est urgent que notre pays prenne conscience de l’ampleur de la situation et re sacralise, non seulement les élus, mais aussi les policiers, gendarmes, enseignants, pompiers, soignants qui font vivre la république et qui ne doivent pas être victimes d’atteintes à leurs personnes ou leurs biens du fait de leurs fonctions.
Besnier Leroyer
Les réunions de quartier sont une prévention à la violence