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Présidentielle2017 : Et Macron est arrivé…

Bien malin celui qui pourrait dire aujourd’hui le nom du futur chef de l’Etat. Depuis plusieurs mois, nos concitoyens s’évertuent à déjouer tous les pronostics des sondeurs, désormais en pleine déconfiture. Pour reprendre un mot de Jean-Luc Mélenchon, je dirai : « qu’ils s’en aillent tous ! » – au moins « qu’ils se taisent et se tournent vers un métier plus sérieux ». Ils se trompent en effet en permanence nos pseudo-savants des chiffres. C’est ainsi qu’aux Etats-Unis, Donald Trump, contre toute attente sondagière, a terrassé la favorite (des sondeurs), Hillary Clinton. Chez nous la première victime du comptage statistique aura été Cécile Duflot, sèchement défaite aux primaires écologistes. A droite et au centre, les électeurs viennent d’éliminer tour à tour Nicolas Sarkozy puis Alain Juppé. A gauche, ou plutôt au PS, enrichi des petits « faire-valoir » que sont le PRG et le Front démocrate, le favori des sondeurs, Manuel Valls, a lui aussi piteusement mordu la poussière. Sanction partout des « sortants ».

Nos concitoyens ne veulent plus de ces vieux professionnels de la politique installés sur la scène publique depuis trois, voire quatre décennies pour certains. Avant l’affaire « Pénélopegate », François Fillon, quoique lui-même l’un de ces vieux professionnels, pouvait faire figure d’ « homme neuf ». Son élégance, sa discrétion, sa pudeur, son intégrité, apparaissaient comme des atouts d’un vrai renouveau de la vie politique (sur des valeurs cependant très droitières).

Aujourd’hui, embourbé dans une ténébreuse procédure judiciaire, l’avenir immédiat de M. Fillon – la présidentielle – paraît fort compromis. Sanction des « sortants », disions-nous. Sanction aussi des partis politique traditionnels : Les Républicains, le PS, EELV principalement. Tous les dirigeants politiques se veulent désormais « anti-système », « anti-partis ». De Daniel Cohn-Bendit, Vincent Peillon, Cambadélis, Robert Hue hier, à Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron aujourd’hui, l’idée de « dépassement des partis », de la fin du clivage partisan pur et dur, fait son chemin, devenant presque banale dans les propos des uns et des autres. « Ni de droite ni de gauche », c’est aujourd’hui clairement la position ou la posture d’Emmanuel Macron qui s’est tour à tour affranchi de François Hollande et de son gouvernement, et du PS (dont il n’a jamais été membre, au point de rappeler un jour qu’il n’était pas socialiste). Difficile de classer cet homme dont le discours est tout de même très libéral, avec ici ou là quelques touches progressistes (« de gauche » s’empresse-t-il d’ajouter).

Dans son meeting de Lyon, le 4 février, le jeune ex-ministre du gouvernement Valls, décidément très consensuel, a rendu hommage, citations à l’appui, à toute la palette politique ancienne et moderne, faisant référence à De Gaulle, Chirac, Simone Veil, Hollande, etc. Ce n’est plus du « ratissé large », c’est de « l’attrape- tout » pour reprendre une expression du professeur Maurice Duverger. Pour l’heure, M. Macron, c’est d’abord une parole lisse, exaltée quelquefois, consensuelle. Le programme attendra… Emmanuel Macron a-t-il un avenir en politique ? Sans aucun doute. Un avenir immédiat, présidentiel (en 2017), c’est moins sûr. M. Hollande, naguère qualifié de Monsieur 3 %, est tout de même devenu Président de la République.

Aujourd’hui, Benoît Hamon, qualifié il y a peu de Monsieur 7 %, est déjà à plus de 15 % d’intentions de vote au 1er tour de la future présidentielle, devançant Jean-Luc Mélenchon, il y a peu encore au coude à coude avec Emmanuel Macron. Quant à ce dernier, crédité de 20 % actuellement, voire plus, qu’en sera-t-il dans quelques mois ? Bien malin, c’est certain, celui qui pourrait dire maintenant le nom du chef de l’Etat de mai prochain. Après la culbute de la « démocratie sondagière », les citoyens sont aux commandes. Avec toutes les surprises possibles. Aucun scénario n’est a priori à exclure : ni la victoire de Marine Le Pen, ni celle d’Emmanuel Macron ou de Benoît Hamon, sans oublier celle du candidat de la droite et du centre, qu’il s’appelle Fillon ou pas. Une chose est sûre s’agissant de M. Macron. Ce n’est pas une « bulle médiatique », une baudruche qui va dégonfler dans les prochaines semaines. Son mouvement En Marche (crédité de 180 000 adhérents) est bien installé, ses troupes très motivées. De là à devenir le prochain président de la République, c’est une autre affaire. Le suspense se poursuit..

Michel Fize, sociologue, candidat aux futures législatives à Paris sous l’étiquette Mouvement 100 % – Force éco-citoyenne ».

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