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Pourquoi le RN est appelé à rassembler la droite française?

Décrié, vilipendé, mais copié. Le Rassemblement national est mis à l’index par de nombreux élus qui reprennent pourtant nombre des idées émises par la principale force politique de droite. Sécurité, immigration, nationalisation des autoroutes ou politique fiscale trouvent un écho chez les partis héritiers du RPR-UDF.

Il est parfois compliqué d’avoir raison trop tôt. Marine Le Pen – candidate à la prochaine présidentielle – et Jordan Bardella – nouveau patron du Rassemblement national (RN) – en savent quelque chose. Heureusement, les temps changent et les autres partis de la droite de l’échiquier politique reprennent souvent les mêmes idées que le parti des patriotes français. Certains pourraient s’offusquer d’un certain plagiat, d’autres se féliciteront de voir l’ensemble des forces de droite se retrouver sur plusieurs thèmes. Surtout chez Les Républicains (LR) et à l’Union des démocrates et des indépendants (UDI).

Sécurité et immigration : l’évidence enfin reconnue

Parmi les 22 mesures préconisées par le Rassemblement national, les trois premières concernent l’arrêt de l’immigration incontrôlée, l’éradication de l’idéologie islamiste et la sécurité de nos concitoyens. Car tout est lié : « La carte de l’immigration est exactement la carte de l’insécurité et de la violence dans notre pays, soulignait Jordan Bardella en décembre dernier. Il y a une agression gratuite toutes les 44 secondes dans notre pays. Ce ne sont pas des faits divers, mais des faits de société. »

Chez LR, ce discours a enfin été admis comme un discours de raison. Alors que le gouvernement d’Élisabeth Borne prépare fébrilement son texte de loi sur l’immigration pour draguer les voix de droite, le patron de LR et le député des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, n’y va pas de main morte avec l’exécutif : « Aujourd’hui, nous avons l’impression de subir à notre détriment une immigration de plus en plus massive. Nous ne résoudrons pas les problèmes actuels, qui constituent une menace majeure pour notre pays, avec l’addition de mesurettes. » Pêle-mêle, il dénonce – reprenant par là-même plusieurs thèmes du RN – le « regroupement familial, et la question de l’asile qui doit être examiné à la frontière » et craint de voir, à cause du futur texte, « la régularisation des clandestins qui travaillent » au bénéfice d’un titre de séjour dans les métiers dits « sous tension ». Quant au versement de certaines prestations sociales, M. Ciotti avance de nouveaux critères, comme un délai minimum de 5 à 10 ans de présence sur le territoire national. « Les LR qui critiquaient ces mesures il y a quelques mois reconnaissent que nous avions raison sur tout ! ironise Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme. Sur ce sujet vital où la droite a trahi ses électeurs, les Français choisiront encore l’original ! » Des sujets de bon sens sur lesquels tout le monde semble d’accord à droite, même si cela fait grincer des dents au RN. Mieux vaut s’en féliciter.

Autoroutes : l’État doit faire son grand retour

Parmi les mesures économiques proposées par le RN, trois concernant le pouvoir d’achat des Français : la baisse de la TVA de 20 à 5,5% sur les carburants, la hausse des salaires de 10% et le retour des autoroutes dans le giron de l’État. Comme lors de la précédente campagne présidentielle, Marine Le Pen continue de poser sur la table le problème des péages autoroutiers : « Halte à la spoliation ! Avec la nationalisation des autoroutes que je propose, je baisserai immédiatement les tarifs des péages de 15%. Ces augmentations ne peuvent plus durer alors que les autoroutes, ce sont les Français qui les ont payées. » Selon Mme Le Pen, cette mesure-phare permettrait de rapporter 1,5 milliard d’euros à l’État chaque année, recettes qui pourraient par exemple servir à une meilleure politique d’aménagement du territoire.

Cette volonté est également partagée par plusieurs personnalités politiques de la droite et du centre. Par exemple, le sénateur de l’Essonne et vice-président du Sénat, Vincent Delahaye, dénonce la surrentabilité des SCA (sociétés concessionnaires d’autoroutes) – comme Marine Le Pen – et l’opacité de leurs relations avec l’État : « Les informations fournies par ces sociétés sont toujours couvertes par le secret des affaires. Nous avons donc réalisé nos propres prévisions de résultats, qui étaient en phase avec celles des concessionnaires. À la fin 2024, jusqu’à la fin des contrats, il devrait y avoir entre 30 et 35 milliards de surrentabilité que nous devrions redistribuer. » M. Delahaye fait donc une proposition majeure, bien au-delà d’un simple bras de fer autour d’une renégociation des contrats : commencer à mettre fin aux contrats de concession dès juillet 2023 ! Le sénateur Delahaye est le plus souvent proche des idées du RN et soutient évidemment son combat sur cet angle des autoroutes.  

Politique fiscale : préserver la cellule familiale et le patrimoine

Sur la politique familiale, il y a des désaccords mais aussi des points communs. Rayon désaccords, le débat sur la réforme des retraites a mis en évidence des divergences idéologiques flagrantes, les députés LR avançant en ordre dispersé ce qui a torpillé le plan du gouvernement Borne. Rayon points communs, la question de la natalité n’est pas celle la plus mise en avant pendant les campagnes électorales alors qu’elle sous-tend l’avenir de notre pays. De même que la protection de la transmission du patrimoine. Parmi ses 22 mesures, le RN propose en effet « d’instituer une part fiscale complète dès le deuxième enfant », de « supprimer les impôts sur l’héritage direct pour les familles modestes et les classes moyennes » et « d’exonérer les donations des parents mais aussi des grands-parents à leurs enfants et petits-enfants jusqu’à 100000 euros par enfant tous les dix ans ». Des mesures largement plébiscitées par les classes moyennes.

Forcément, sur ce terrain, les ténors des LR sont sur la même ligne que le Rassemblement national. Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et candidate malheureuse à la présidentielle de 2022, avait elle aussi lancé plusieurs pistes de réforme pour les droits de succession. « Notre pays doit avoir à la fois des racines et des ailes, avançait-elle lors de la campagne il y a un an. La question de la transmission est cruciale pour faire nation. On doit s’inscrire dans un récit national, dans une histoire et c’est en sachant d’où nous venons que nous saurons où nous allons. Je veux restaurer notre envie de transmettre de génération en génération. Je fais partie de ceux qui voient la succession comme le fruit du travail d’une vie déjà surtaxée tout au long des âges. » Dans sa boîte à idées : la défiscalisation des droits de succession jusqu’à 200000 euros par enfant et les donations de son vivant de 100000 euros tous les six ans, et non plus tous les quinze ans.

Les ténors des LR comme M. Ciotti ou Mme Pécresse en phase avec le RN sur les questions migratoires et fiscales, les barons du centre comme M. Delahaye en ligne lui aussi avec le RN concernant les autoroutes… les points d’accord entre toutes les sensibilités de la droite éclatent désormais au grand jour. Inutile pour crier au copier-coller, l’important est ailleurs : l’électorat de droite doit savoir qu’une vision commune est possible contre le pouvoir en place et contre l’extrême-gauche.

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