Non, Über ne s’envolera pas ?
Dans son édition du jeudi 10 décembre 2015, Les Echos Entreprises & Marchés faisaient leur une sur le titre suivant : « L’Aviation civile française prête à couper les ailes du coavionnage ». Autrement dit, la DGAC a assez de temps à perdre pour de préoccuper de fermer un marché libre alors qu’il doit être plus que naissant et marginal. Mais viiite, un espace de liberté, il faut le fermer avant qu’il s’étende.
Imaginez pourtant. Certains « privilégiés » possèdent un petit avion personnel. Quel scandale, c’est sûr. Le concept de coavionnage consiste pour eux à faire comme pour le covoiturage, c’est-à-dire à proposer à des inconnus de profiter de leurs vols et de leurs sièges libres contre une contribution.
Donc c’est une manière simple, pratique et peu onéreuse de prendre l’avion, sur des trajets peu fréquentés et de manière souvent conviviale. L’avion taxi, l’avion démocratisé, en quelque sorte.
Mais nous sommes en France, la liberté ne peut donc pas prendre sa juste place dans un tel cas. Rendez-vous compte ! Tout d’abord, cela fait concurrence « déloyale » aux compagnies aériennes, mais aussi au train, aux bus et aux taxis ! Peut-être même au métro et au vélib ! De plus, en pleine COP21, cela encourage un transport très polluant à forte empreinte carbone ! Surtout, il y a une question évidente de sécurité ! Comment peut-on faire confiance aux pilotes privés ?
Et j’en oublie sûrement. Tous ces arguments sont soit des mensonges, soit des théories incohérentes. Seule la liberté est cohérente. Comme ce sont les mêmes arguments principaux que dans le cas des conflits des taxis, des bus ou des VTC cette semaine, tentons de leur tordre le cou.
La concurrence n’est jamais déloyale, parce qu’elle est simplement partout. Tout et tout le monde est constamment en concurrence avec tout et tout le monde, simplement parce que la concurrence, c’est chacun de nous qui la fait quand on décide d’acheter un pain plutôt qu’un magazine, un vélo plutôt qu’une moto, un coavionnage plutôt que des vacances à la mer. La concurrence, c’est la vie.
Plus important, la concurrence est liée à l’innovation, comme dans cette idée de coavionnage. Si la concurrence est interdite, c’est aussi l’innovation qui l’est. Avec à la clé la promesse d’une société à l’avenir morne et fait de déclin. Si l’innovation est indispensable, alors la libre concurrence l’est aussi.
La pollution est un argument ridicule, puisque justement, un avion plein pollue moins per capita qu’un avion aux sièges vides. Quant à la sécurité, qu’on m’explique comment un pilote formé et ayant sa licence pourrait devenir dangereux lorsqu’il accueille des passagers – alors que sur la route, la question n’est jamais posée. Mais peut-être que bientôt il nous faudra des permis de covoiturage ?
Cette manifestation imbécile de la DGAC envers le coavionnage n’est qu’une anecdote comparée aux enjeux de ce pays, ce qui la rend d’ailleurs d’autant ridicule. Mais elle exprime bien le caractère liberticide, conservateur, rigidifiant, totalitaire de la force publique et des mentalités au pouvoir. A quand un Über pour le coavionnage qui vienne chahuter tous ces stupides démons déjà dépassés ?
S.G