LIBER, revenu universel et autres chimères…
Il est malheureux qu’en France, même certains « libéraux » auto-proclamés raisonnent comme la Gôche, notamment du point de vue économique, contribuant ainsi à la fois aux chimères gauchistes et surtout à l’incompréhension collective de ce qui constitue vraiment le libéralisme et ses idées.
Parmi les thèmes qui animent le débat depuis quelques mois, on trouve l’idée d’un « LIBER », terme fort maladroit entrant dans la grande famille des « revenus universels » et autres « allocation » ou « revenu de base » – il y a beaucoup de concepts et termes différents pour une même bêtise. (*)
On trouve deux grandes familles. La première est simple. Elle consiste à octroyer chaque mois à chaque citoyen la même somme forfaitaire, inconditionnelle et identique, d’où le qualificatif de « universel » pour ce « revenu ». La seconde famille est un cas particulier. Elle propose de supprimer toutes les formes « sociales » de l’impôt (par exemple, CSG et charges salariales) et de les remplacer, là encore, inconditionnellement et universellement, par un « revenu » au montant « équivalent ».
Peu importent en réalité les variantes, tous les « LIBER » posent in fine les mêmes trois problèmes : un problème de gouvernance, un problème moral et d’incitation, puis un problème de financement.
Le problème de gouvernance tient au « qui décide ? » Qui décide du montant du « revenu » ? Selon quels critères et qui décide desdits critères ? Est-ce un montant donnant lieu à referendum ou au contraire sujet à un décret révisé sans claire périodicité ? Quel lien entre inflation et ce montant ? On comprend vite le nombre de questions qui se posent. Et surtout qu’une approche véritablement libérale impliquerait que les décisions soient individuelles, ce qui est incompatible avec le concept.
Vient ensuite les nombreux problèmes d’ordre moral, du domaine du « qui touche ? » Qui touche le revenu et surtout pourquoi ? Est-il juste que tout le monde reçoive une même manne ? Si tout le monde touche, qui risque ne plus vouloir travailler et se contenter dudit revenu ? Et si on touche sans travailler, qui sera motivé pour travailler ? On voit vite l’injustice égalitaire pointer son nez.
Enfin, il y a un sérieux problème de financement, c’est le critique « qui paye ? » On rencontre bien des formules, toutes anti-libérales. Le plus souvent, c’est par l’impôt, ce qui n’est pas imaginable pour un libéral et qui de plus impose une forme de redistribution forcément injuste et arbitraire.
Mais certains économiquement irréfléchis ont été jusqu’à imaginer que la création monétaire ex nihilo pouvait régler le problème de l’imposition. Alors que créer de la monnaie, c’est augmenter la masse monétaire sans augmenter la richesse, donc accroître l’inflation et les prix et donc en bout de chaîne appauvrir iniquement tout le monde, à commencer par les plus pauvres ou les plus économes.
Je ne fais ici qu’un tour rapide des problèmes majeurs de tout revenu universel ; bien des textes existent qui démontent en profondeur ce type de chimères gauchisantes. Mais le simple bon sens suffit à s’en convaincre : comment peut-on imaginer que mettre une population sous perfusion pourrait la rendre plus libre ? Sauf à ne pas avoir compris que la liberté vient de la disparition de la contrainte, de la coercition, c’est-à-dire la disparition de l’étatisme. De là à constater que les inventeurs du concept de « LIBER » ne comprennent rien à ce qu’est la liberté, je franchis le pas…
S.G
(*) Louis Rouanet a écrit pour l’Institut Coppet un article pertinent bien plus approfondi concernant le revenu universel : http://www.institutcoppet.org/2015/06/15/les-dangers-du-revenu-universel