Les sociétés multiculturelles ont-elles un avenir ? Par Stephane Geyres
Depuis mai 68 et de plus en plus, il est à la mode d’être tolérant et accueillant, et 50 ans plus tard, un peu partout dans les pays occidentaux, on se demande souvent dans le métro ou ailleurs si on habite bien encore dans son propre pays… Plus encore, la culture locale a laissé le pas et ne va plus de soi.
Avec la démocratisation des voyages et la simplification des télécommunications, allons-nous vers une – ou des – sociétés où toutes les cultures seront de plus en plus à la fois entremêlées et disjointes, où tout serait comme si plusieurs pays – à l’ancienne mode – évoluaient dans un seul ?
Il sera toujours impossible de prévoir l’avenir et je ne prétends pas lire dans une boule de cristal. On peut cependant imaginer divers scénarios, selon la lecture qu’on a de l’évolution de la société. Un décroissant imaginerait sans doute quelque crise qui ne me viendrait même pas à l’idée. Pour ma part, je reste convaincu que la démocratie et son socialisme vont très bientôt à leur perte et que les « empires » occidentaux vont peu à peu éclater, comme l’URSS le fit il y a une trentaine d’années.
Laissant la place à de petits territoires rénovés, libres ou du moins plus libres, peut-être au point pour certains d’être très proches de l’idéal libertarien, comme le Liberland par exemple, un premier phénomène va immanquablement jouer. Les habitants de ces petits pays auront repris le pouvoir de décider de leur vie et notamment de choisir les membres de leur communauté, selon les critères de leur choix. Cela va forcément pousser les personnes d’origine étrangère à une alternative : partir ou se fondre, se faire accepter, si ce n’est pas déjà fait. Et c’est là la question que je crois intéressante.
Car on peut alors imaginer une infinité de situations. Il y aura ces Sénégalais, noirs parmi des blancs, qui seront déjà parfaitement chez eux, porteur d’une autre culture tout en respectant la liberté et le droit de leur nouvelle ville. Il y aura ces blancs restés adolescents qui se feront chassés de partout. Il y aura des villes blanches, des villes noires, des villes cosmopolitaines. Peu importe, si le droit et la liberté se trouve y être respecté et si chaque communauté trouve in fine son équilibre relationnel.
La question n’est pas tant celle de la culture que celle du droit. Car si les sociétés multiculturelles font question aujourd’hui, c’est parce que le droit de base de chacun n’y est pas respecté, plus que par haine ou que sais-je. Un immigrant quel qu’il soit ne doit pas chercher à imposer ses traditions et sa lecture du droit à ceux qui l’accueille – pourvu que le pays qui l’accueille le respecte de même. C’est aussi simple que ça, le problème du multiculturalisme. Ce n’est pas un problème de culture en fait.
L’avenir des sociétés issues de la période démocratique occidentale, s’il repose sur la liberté comme je l’espère et l’appelle de mes vœux, sera aussi multiculturel, peut-être même encore plus. Mais il ne sera pas celui de ces traditions qui, de tous bords, même catholique, qui ne respectent pas le droit.