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Les femmes au cœur du dialogue entre pays d’Asie centrale

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Le Kazakhstan a organisé, le 19 juin dernier, la 4e édition du Dialogue des femmes d’Asie centrale, une plateforme informelle réunissant des femmes parlementaires et des représentants des pouvoirs publics de toute la région.  

Organisée à l’initiative du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et ONU Femmes, le « Dialogue des femmes d’Asie centrale » a été mis en place en décembre 2020. En 2021, il est présidé par l’Ouzbékistan, puis par le Turkménistan l’année suivante. 

Le thème de la conférence de cette année, qui s’est tenue à Astana, portait sur le rôle des femmes dans le développement des innovations et des technologies. L’occasion de rappeler à quel point ces dernières peuvent être un tremplin important vers l’égalité homme — femme en Asie centrale. 

Les femmes à l’avant-garde du changement 

« Nous pensons que cette plateforme peut nous aider à résoudre des problèmes communs et à améliorer la qualité de vie des femmes et de nos familles, en particulier face aux défis mondiaux et régionaux », a indiqué lors de la cérémonie d’ouverture Aida Balayeva, présidente de la Commission nationale pour les affaires féminines, la famille et la politique démographique auprès du président de la République kazakhe. Elle a surtout mis l’accent sur l’intégration des femmes des pays d’Asie centrale dans les cercles d’affaires, universitaires et scientifiques.  

Dans la région, un peu plus de 60 millions de femmes n’ont pas accès à l’internet mobile et sont donc plus susceptibles de rater des opportunités d’emploi et de développement économique de manière générale. Yerlan Koshanov, président de la chambre basse du Parlement kazakh, a lui aussi souligné l’importance d’encourager les femmes à « participer activement au développement des technologies de l’information et de communication », tout en faisant attention à ne pas céder à la « perception stéréotypée selon laquelle il ne s’agit pas d’un travail pour les femmes ». 

Un constat qui confirme divers rapports et recommandations émis par l’Organisation des Nations unies (ONU) selon lesquels, sans la participation des femmes dans les domaines de la science et de la technologie, ces secteurs ne peuvent atteindre que « la moitié de leur potentiel ». Un rappel énoncé par Tanzila Narbayeva, présidente du Sénat ouzbek. À l’échelle de la planète, trois milliards de personnes — dont une majorité de femmes et de filles — n’ont pas accès à internet. 

Un premier bilan prometteur pour la région 

Cette quatrième édition du Dialogue des femmes d’Asie centrale a aussi permis de faire un premier bilan des mesures déjà prises par les différents pays de la région en matière d’égalité entre les genres. En Ouzbékistan, les premiers chiffres vont dans le bon sens : le nombre de femmes dans l’enseignement supérieur est passé de 110 000 en 2017 à 500 000 en 2023. Environ 1,5 million de femmes (sur 35 millions d’habitants) travaillent dans des domaines requérant un haut niveau de formation ou de connaissances. 

Bilan également positif pour le Kazakhstan, qui avait déjà présenté plusieurs statistiques encourageantes en mars dernier, à l’occasion de la 67e session de la Commission de la condition de la femme (CSW67), organisée à New York (États-Unis), au siège de l’ONU. À titre d’exemple, au sein de l’Astana Hub – l’incubateur de startup le plus important du pays -, la proportion de femmes parmi le personnel est de 61 %, dont 63 % à des postes de direction. « Plus de 30 % des étudiants en écoles d’informatique sont des femmes », a précisé, par ailleurs, le ministre du Développement numérique et de l’Innovation kazakh, Badgat Mussin. 

La république kazakhe a aussi mis en place des centres de développement de l’entrepreneuriat féminin, qui délivrent des consultations et des outils aux femmes pour établir leur entreprise ou les aider dans leur transition numérique. « Les centres de développement de l’entrepreneuriat féminin ont fourni un total de 26 386 services différents à 9 000 femmes », a précisé Nurgul Musabekova, coordinatrice de l’un de ces centres. « L’une des particularités de ce projet est de fournir des services en fonction des besoins des femmes elles-mêmes. Parmi les programmes de formation, les cours sur le marketing des médias sociaux et le commerce de marché ont été particulièrement demandés », a-t-elle ajouté.  

Même son de cloche au Tadjikistan, où Nilufar Murodova, présente à l’occasion du Dialogue des femmes d’Asie centrale, a pu présenter son projet social à but non lucratif intitulé iCode. « Notre projet, unique au Tadjikistan, aide à former des femmes et des filles sur des sujets tels que le développement iOS, Android et UI/UX », a expliqué l’entrepreneuse tadjike. Un stage rémunéré et une offre d’emploi sont par la suite proposés aux femmes formées par iCode.    

Des actions — parmi d’autres — qui ont été réalisées en partie grâce aux échanges permis lors du Dialogue des femmes d’Asie centrale.  

Le dialogue entre pays, acteur de l’égalité entre les genres 

Toutes les participantes étaient d’accord sur la nécessité de renforcer le dialogue entre les pays de la région pour œuvrer en faveur de l’égalité homme – femme et d’une meilleure intégration de ces dernières dans l’économie et la société civile. « Sur une période aussi courte dans les relations entre nos pays, nous sommes parvenus à une augmentation significative de la coopération régionale dans tous les domaines, y compris les questions d’égalité des sexes et le soutien aux femmes », s’est réjouie la présidente du Sénat de l’Ouzbékistan. 

De son côté, Aida Balayeva, qui est également chef de cabinet adjointe du président du Kazakhstan, a souligné la nécessité de « travailler ensemble » pour « lutter contre les fléaux sociaux que sont les violences domestiques, les mariages forcés, les grossesses précoces et la traite des êtres humains ». Les mariages forcés sont, en effet, malheureusement fréquents dans la région, notamment au Kirghizistan. Bien que la pratique soit illégale dans tous les pays d’Asie centrale, le bureau d’ONU-Femmes à Bishek estime qu’un mariage sur cinq se fait après un enlèvement au Kirghizistan, pays de la région où la coutume est la plus répandue. « L’Asie centrale est une région d’une immense diversité, d’une grande richesse culturelle et d’une grande importance historique. Pourtant, c’est aussi une région qui connaît des disparités uniques entre les hommes et les femmes », a abondé Elisa Fernandez, directrice régionale adjointe d’ONU Femmes Europe et Asie centrale, qui participait également à l’événement.  

Sur ce point comme sur les autres sujets abordés tout au long de la conférence, toutes les participantes se rejoignent sur le fait que le dialogue entre tous les pays de la région, la technologie ainsi qu’un meilleur accès à l’éducation pour les femmes et les filles constituaient une solution majeure pour combler le fossé entre les sexes et renforcer leur participation à la prise de décision. 

Ainsi, un plan d’action prévoyant l’organisation d’une conférence internationale sur les femmes, la paix et la sécurité a été adopté par les participants. Celle-ci devrait se tenir d’ici à l’année prochaine à Almaty, au Kazakhstan. 

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