Le président François Hollande s’est glorifié d’avoir « redressé » le pays, mais les déficits enflent. Par Gerard GELE
Lorsque François Hollande déclare le 8 mai dernier à France 2, après les cérémonies de l’Arc de triomphe, qu’il a « bien redressé le pays depuis quatre ans » et qu’il « fait en sorte qu’il y ait un certain nombre de redistributions », ses collègues européens, chefs d’État et chefs de gouvernement, ont tous un moment de stupeur. Ils viennent de comprendre que leur voisin français a déjà lancé sa campagne électorale pour sa réélection et que la France a encore choisi la solution de facilité en abandonnant toute rigueur budgétaire pour des raisons uniquement électorales. L’un de ses mauvais élèves est en train de devenir le pire de la classe européenne en continuant sans vergogne d’empiler les déficits. Pendant les trois dernières années, entre 2013 et 2015, ces derniers ont atteint 230 milliards d’euros, et ils vont allégrement dépasser les 300 milliards à la fin de 2016. Pour l’année en cours, on en est déjà à près de 5 milliards non financés alors que la « redistribution » ne fait officiellement que commencer…
En Espagne et en Italie, où les efforts se poursuivent pour limiter les dépenses et rénover le marché du travail, on rit jaune. En Grande-Bretagne, où l’on a retrouvé le plein emploi et des finances saines, on se moque ouvertement de la France : au lieu de recevoir des comédiens à Cannes sur le tapis du Palais des festivals, quand on déploie le tapis rouge à Londres, c’est pour recevoir des hordes d’expatriés français. En Allemagne, où l’on est passé d’un déficit public de 50 milliards en 2012 à un excédent de 12 milliards en 2015, on est totalement abattu par le laisser-aller du grand voisin français, qui non seulement donne un très mauvais exemple à l’ensemble de la communauté européenne, mais aussi, en jouant avec le feu, prend le risque d’enflammer toute l’Europe.
L’art de l’embrouille
Quand François Hollande – humour noir, cynisme ou béatitude inspirée – ajoute ce même 8 mai « Je veux que les Français soient fiers de leur pays […],se disent que nous avons fait des efforts pour être encore plus respectés, que nous avons une parole qui porte », toute l’Europe éclate de rire. « Une parole qui porte » ? Quelle parole ? Hollande s’était engagé lors de son élection à passer sous les 3 % de déficit en deux ans, puis il a forcé la main de ses voisins en leur imposant des délais supplémentaires qu’il n’est même pas capable d’assumer. « Être encore plus respectés » ? Vraiment ? Qui respecte encore la France en la matière ? Quant à être « fiers de leur pays », les Français, qui ont l’impression de naviguer en pleine tempête économique et sociale.
Pays obèse moqué par ses voisins
« Nous avons bien redressé le pays depuis quatre ans », nous a dit François Hollande, et on voit le résultat aujourd’hui : un pays obèse et en faillite, moqué par ses voisins.En Irlande, le « Taoiseach » (Premier ministre) Enda Kenny a, lui, vraiment redressé son pays. Après une faible croissance de 1,4 % en 2013, le PIB de l’Irlande a augmenté de 5,2 % en 2014 et vient de battre un record européen à + 7,8 % en 2015 et un record mondial avec son dernier trimestre 2015 en augmentation de 9,2 %. L’investissement privé s’est envolé de 13 % l’an dernier, la production industrielle a bondi de 60 % en cinq ans (+ 13,7 % sur la seule année 2015). Enfin, le taux de chômage est passé de 15 % en 2012 à 8,6 % actuellement, son taux le plus bas depuis la crise de 2008. Voilà ce qui s’appelle « inverser une courbe » !
Dans une note de BNP Paribas sur l’Irlande, on peut lire ceci : « Le récent développement de l’Irlande a été atteint grâce à une politique délibérée de promotion des entreprises de pointe destinées à l’exportation, en partie grâce à des offres séduisantes pour les investisseurs. » Tout est dit. Les Irlandais n’ont pas de politiciens à courte vue chez eux ni d’idéologues dans leurs ministères, seulement des pragmatiques qui ont un cerveau en état de marche, et c’est peu dire que les résultats sont là ! Des résultats dont ils peuvent être fiers. Ceux qui pensent que les dirigeants français sont des gens fiers et courageux se trompent. Ils sont seulement vaniteux et lâches. Non, Monsieur Hollande, vous n’avez pas redressé le pays, vous l’avez enfoncé. Ce sont les dirigeants irlandais qui sont fiers et courageux.