La société sans cash…et vous Par Bill Bonner
Plusieurs pays — dont le Danemark, la Suède et la Norvège — sont déjà passés à la suppression quasi-totale du cash.
D’autres, comme la France, ont interdit les transactions en espèces supérieures à certaines sommes. Il y a même des plans au plus haut du gouvernement de l’Inde — qui est l’une des sociétés les plus dépendantes au cash dans le monde — visant à décourager l’utilisation des espèces.
Parallèlement, des économistes et commentateurs de l’establishment — notamment les économistes de Harvard Larry Summers et Kenneth Rogoff, l’économiste en chef de la Citibank Willem Buiter, Andy Haldane à la Banque d’Angleterre et Martin Wolf du Financial Times — se sont déclarés en faveur d’une économie sans cash.
Comme nous l’avons récemment rapporté, Summers affirme qu’il est « temps de tuer le billet de 100 $ ».
Selon le New York Times, « supprimer les billets à haute dénomination pourrait aider à lutter contre le crime ».
Aujourd’hui, nous creusons un peu ce tas de fumier pour tenter de découvrir ce qu’il cache. Quelle surprise ! Voilà le Deep State — malodorant, méphitique et malfaisant.
Quelques questions valant la peine d’être posées
D’abord, débarrassons-nous — comme nous le ferions d’une couche sale tenue à bout de bras — de la notion qu’éliminer les « gros billets » permettrait d’une manière ou d’une autre de « lutter contre le crime ».
Si l’on se base sur le dollar, quelqu’un qui voudrait payer 100 000 $ en espèces aujourd’hui aurait besoin d’une pile de billets de 100 $ haute d’un peu plus de 10cm.
Maintenant, imaginons que le billet de 100 $ n’est plus disponible. Le dealer de drogue dit-il à son client, « là, nous n’allons pas pouvoir faire affaire. Transporter de grosses quantités de cash, ça m’ennuie » ?
Le sous-traitant de la défense qui a donné rendez-vous à un membre du Comité gouvernemental sur les services armés dans le parking souterrain du Pentagone lui dit-il : « désolé, je ne peux pas vous donner l’argent, ça ne rentrait pas dans l’enveloppe » ?
La prostituée dit-elle à son souteneur : « je ne travaille pas pour des billets de 20 » ?
Ne vous inquiétez pas pour les criminels. En Argentine, l’épine dorsale de l’économie est le billet de 100 pesos — qui vaut environ 6 $ seulement.
Nous avons une propriété en Argentine. Nous avons vu comment ça fonctionne. Les gens utilisent des billets de 100 pesos pour tout — qu’il s’agisse d’acheter le journal du matin ou de vendre un appartement à un million de dollars. Ils les transportent dans des sacs en papier (pour ne pas attirer l’attention des voleurs). Ils les entassent dans des coffres-forts. Des piles débordent de leurs poches et sont posées sur les comptoirs des changeurs au marché noir.
Malcommode ?
Oui.
Permettant de lutter contre le crime ?
Vous voulez rire ?
Les vendeurs de drogue, les prostituées, les tueurs à gage, les terroristes, les blanchisseurs d’argent : ils sont déjà poursuivis comme des criminels et menacés d’amende, de prison ou de mort.
Le côté peu pratique des billets à petite dénomination va-t-il les arrêter ?
Oubliez ça. Ils passeront à de plus petits billets, aux devises étrangères, au Bitcoin, à l’or ou à quelque chose d’autre. Bloquez l’utilisation d’une devise maniable et pratique… ils innoveront.
Une « taxe » sur l’épargne
Qu’en est-il de l’idée selon laquelle l’interdiction du cash aidera l’économie ?
Lorsque le cash sera plus difficile à obtenir, les banques centrales auront moins de mal à imposer un taux d’intérêt négatif sur vos dépôts bancaires.
Sans la possibilité de conserver votre épargne sous forme de devise physique, vous n’aurez pas d’autre choix que garder votre argent en dépôt dans votre banque… et payer pour épargner.
Sauf qu’un taux d’intérêt négatif n’est qu’une taxe supplémentaire… qui vous est imposée par les employés du cartel bancaire et qui n’a pas besoin d’être approuvée par un vote au niveau politique.
Avec un taux négatif d’1%, vous perdez 10 euros sur 1 000 euros économisés. Cela revient à une « taxe sur l’épargne » de 1%.
Mais attendez… Normalement, augmenter les impôts n’encourage pas les gens à dépenser. Au contraire, ça les pousse à fermer leur porte-monnaie, non à l’ouvrir.
Quand on vous prend votre argent, vous en avez moins (une lapalissade). Vous devez réduire vos dépenses. Si vous économisez pour votre retraite, une taxe sur votre épargne signifie que vous allez devoir épargner plus (et dépenser moins) sur ce que vous gagnez.
Il n’y a aucune preuve, dans les annales de l’histoire, qu’on ait aidé une économie en prenant l’argent des gens. L’idée est si absurde qu’elle ne peut que venir d’un économiste, d’un énarque… ou d’une canaille.
Mais pour la comprendre pleinement… il faut remonter des centaines d’années.
A suivre !
Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit
Né en 1948, Bill Bonner est le fondateur d’AGORA, le plus large réseau d’entreprises indépendantes de presse spécialisée au monde.
En 1978, depuis sa ville natale, Baltimore (Maryland, Etats-Unis), Bill Bonner a voulu développer un « marché » (« Agora » en grec) des idées. Pas de l’information homogénéisée telle que les médias grand public relayent sur nos écrans et journaux, mais une source d’idées diverses avec des opinions et des avis originaux, alternatifs et surtout utiles. Bill a à cœur d’aider les lecteurs à mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent, et à agir en conséquence. Que ce soit en matière de géopolitique, de macro-économie ou tout simplement dans le domaine de l’épargne, Bill incite ses lecteurs à cultiver un esprit vif et anticonformiste.
Bill a également co-écrit des livres qui ont tous figuré dans la liste des best-sellers du New York Times et du Wall Street Journal : L’inéluctable faillite de l’économie américaine (2004), L’Empire des dettes. À l’aube d’une crise économique épique (2006) et Le Nouvel Empire des dettes. Grandeur et décadence d’une bulle financière épique (2010).