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Jeux Olympiques 2024 : Paris peut-elle vraiment gérer un tel événement ?

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Mercredi 16 septembre, le Comité International Olympique (CIO) a annoncé que cinq villes sont officiellement candidates pour organiser les Jeux Olympiques d’été 2024 : Los Angeles, Paris, Rome, Budapest et Hambourg. Si les deux premières apparaissent comme favorites, Paris a-t-elle vraiment l’envergure pour assurer un tel évènement ?

 

Des concurrentes loin d’être imbattables

Pour ces 33ème Jeux d’été, Paris doit donc faire face à quatre rivales. Elle a deux ans pour se montrer suffisamment convaincante pour être élue « ville hôte » en septembre 2017 au Pérou. Ses tentatives pour les éditions 1992, 2008 et 2012 ont toutes échouées mais cette fois-ci sera peut-être la bonne. Financièrement, on pourrait d’abord écarter Rome qui dispose de peu de moyens. La capitale, actuellement éclaboussée par un scandale de corruption, n’a pas vraiment non plus une très bonne image. L’enquête policière, qui a été ouverte il y a déjà plus d’un an, a été baptisée « Mafia Capitale », ce qui en dit long sur elle. En novembre dernier, on pouvait d’ailleurs lire dans le quotidien 20 Minutes que trente-sept accusés ont été jugés pour des actes mafieux à Rome. L’ancien maire, Gianni Alemanno, faisait lui aussi partie des accusés. On compte également son successeur, le maire de Rome Ignazio Marino, qui a présenté sa démission en octobre dernier. Il était également au cœur d’un scandale de notes de frais correspondant essentiellement à des frais de restaurants situés aux alentours de son domicile pendant des jours fériés ou des week-ends. On voit donc assez mal comment la capitale italienne pourrait redorer son image et se présenter en organisatrice idéale des JO d’été. Budapest, de son côté, ne présente que peu d’expérience dans l’organisation d’évènements sportifs mondiaux, ce qui ne jouera pas en sa faveur. Deuxième point faible, et pas des moindres, la capitale hongroise manque d’infrastructures. Pourtant, elle mise sur un projet « faisable et rentable »en adéquation avec les vœux d’économies du CIO. Rien n’est donc perdu pour Budapest. Hambourg, quant à elle, n’est pas une capitale. Elle ne bénéficie donc pas du même prestige que ses concurrentes. L’Allemagne, qui avait choisi de présenter cette ville plutôt que Berlin en espérant avoir un meilleur soutien de la population locale, vient toutefois de se heurter le 29 novembre dernier à un « non » suite au référendum organisé dans la ville. 51,7% des votes sont en effet contre l’organisation des JO d’été à Hambourg. A priori, la ville ne représentera pas non plus une grande menace pour Paris.

Vers un duel Paris vs Los Angeles ?

Les premiers éléments en notre possession nous poussent donc à croire que deux villes pourraient vraiment s’affronter : Paris et Los Angeles. D’un point de vue budget, c’est la capitale française qui s’impose avec un montant de 6,2 milliards d’euros contre 5,6 milliards annoncés pour Los Angeles. Rome prend la troisième place avec 4 milliards d’euros et Budapest finit dernière avec 2,4 milliards d’euros. Hambourg n’a quant à elle pas révélé son budget. Notons que Los Angeles remplace Boston, qui a finalement retiré brutalement sa candidature en juillet. La ville américaine présente un certain avantage puisqu’elle a accueilli les JO d’été à deux reprises : en 1932 et 1984. Ces derniers jeux s’étaient d’ailleurs ouverts par une cérémonie somptueuse dans le Coliseum et avaient permis de dégager des bénéfices. « Los Angeles a montré par le passé qu’elle avait l’expérience pour réussir l’organisation de JO et qu’elle savait organiser des événements de dimension mondiale », a déclaré Scott Blackmun, directeur général de l’USOC. A priori, la ville viserait déjà des recettes atteignant 4,8 milliards de dollars et peut compter sur des infrastructures à la hauteur des évènements avec le Coliseum mais aussi le Staples Center, le Dodger Stadium ou encore le Rose Bowl. Du côté des habitants, aucune opposition marquée à l’horizon. Daniel Durbin, spécialiste du sport à l’université de Californie du Sud, précise même que « les habitants de Los Angeles sont beaucoup plus à l’aise que les autres avec l’idée d’une invasion médiatique pendant les Jeux » car ils ont l’habitude des tournages de films, des célébrités,… Pas vraiment rassurant pour la France…

Les atouts de Paris

La capitale des amoureux doit-elle pour autant s’avouer vaincue par sa rivale américaine ? Absolument pas. Et pour cause, Paris est le berceau de l’olympisme moderne. Selon un sondage Odoxa d’avril, 61% des sondés se disaient favorables à ce que les Jeux Olympiques de 2024 aient lieu à Paris. 79% déclaraient quant à eux vouloir que la capitale délocalise certaines épreuves dans différentes régions françaises. C’est ce qui devrait d’ailleurs se passer dans une faible mesure puisque l’institution autorise désormais les candidatures conjointes de deux villes. Or, Paris doit forcément organiser ses épreuves nautiques en dehors de la ville, faute d’avoir un plan d’eau de taille suffisante. La capitale compte donc sur le soutien de Marseille. Autre point positif : en avril, François Hollande avait rencontré le président du CIO Thomas Bach qui a exprimé un avis plutôt encourageant pour la France. « Nous sommes très heureux de voir que la France se mobilise et nous sommes sûrs que ce sera une candidature très forte », avait-il dit. On peut également compter sur l’histoire puisque cent ans se seront écoulés entre 1924, date des derniers jeux à Paris, et les potentiels nouveaux jeux de 2024 dans la capitale. Même si ce n’est pas un élément déterminant, ce fait pourrait tout de même influencer les votes de 2017. Face à Los Angeles qui cumule les expériences en termes de JO, choisir Paris pourrait permettre aussi de changer de décor et de rendre les JO d’autant plus attrayants. Au niveau budgétaire, les choses sont toutefois un peu plus difficiles. Le 25 septembre, la ville deParis avait officiellement lancé sa campagne d’appels aux dons pour financer l’organisation de ces évènements. Le 6 octobre, 217 299 euros avaient été récoltés, bien loin des besoins réels annoncés. Reste à voir comment elle s’en sortira à l’avenir.

L’impact des récents attentats

Dès novembre, des craintes se sont manifestées à la suite des attentats. Hors de question toutefois de remettre en cause la candidature de Paris, comme nous l’expliquait Le Parisien. Thomas Bach avait d’ailleurs affirmé que ces attaques meurtrières n’auraient aucune incidence sur la désignation qui aurait lieu en 2017. Le géopolitologue Pascal Boniface avait rappelé à cette occasion que la sécurité est un point essentiel dans l’organisation des JO. « Le poste sécurité est le plus important du cahier des charges. Depuis 2001, le CIO a parfaitement intégré le risque, il sait qu’un attentat peut se produire n’importe où et n’importe quand », avait-il déclaré. On rappellera également qu’un attentat avait fait deux morts pendant les JO d’Atlanta en 1996 et qu’en 2005, au lendemain de l’attribution des Jeux de 2012, Londres avait elle aussi connu des attaques terroristes. Le problème, bien qu’ayant atteint un cap particulièrement dramatique à Paris cette année d’abord en janvier puis en novembre, n’est donc pas nouveau et ne change en rien la qualité de la candidature de la France. Pourtant, il serait a priori intéressant de réaliser, comme cela a été fait dans d’autres villes rivales, un référendum francilien. En effet, si à l’échelle nationale les français se disent plutôt pour l’organisation des JO à Paris, rien ne dit que les principaux habitants intéressés, profondément choqués par les attentats, manifesteront beaucoup d’intérêt pour un évènement qui a priori pourrait représenter un risque élevé de nouvelles attaques terroristes. En toute logique, ce référendum ne devrait cependant pas être mis en place dans les prochains mois, la capitale étant encore bien trop émotionnellement marquée par le carnage dont elle a été victime. Mais visiblement, il ne devrait pas avoir lieu tout court puisque Paris s’y oppose. Etienne Thobois, directeur général de Paris-2024 a déclaré à ce sujet que les référendums précoces « ont toujours montré une mobilisation plus importante des opposants que des partisans ». Il n’a d’ailleurs pas tort. Rappelons qu’une grande partie des Hambourgeois étaient favorables aux JO lors du dernier sondage, ce qui n’a pas empêché l’obtention d’un « non » au référendum.

Il faudra attendre 2017 pour savoir qui des cinq villes sera choisie pour organiser les Jeux Olympiques d’été 2024. Cela dit, on suspecte pour le moment un duel franco-américain…

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