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CANCER DU SEIN- STRESS ET DOULEURS POST-OPERATOIRES, LES MASSAGES SONT UNE SOLUTION EFFICACE

 
cancer

Nombreuses sont les études scientifiques qui ont montré que les massages font partie des thérapies qui peuvent diminuer le stress. Mais devant un facteur de stress aussi important que celui de se battre contre un cancer, que peuvent-ils apporter vraiment ?

L’ablation de toute ou partie d’un sein fait partie du traitement de base de cancer du sein. Cette opération, le plus souvent vécue comme une véritable mutilation, a des conséquences psychologiques que l’on comprend bien mais aussi physiques comme une fatigue plus ou moins importante et des douleurs au niveau du bras.

Comment gérer au mieux les effets secondaires dus à l’ablation d’un sein?

Une équipe espagnole travaille sur le sujet depuis plusieurs années. Ces chercheurs ont mené des essais afin de mesurer de façon scientifique le bénéfice éventuel apporté par les massages à des patientes opérées pour un cancer du sein.

Tout d’abord ils ont montré qu’il existe une relation entre douleurs squelettiques, dépression, dégradation de l’image de soi et fatigue chez les femmes atteintes d’un cancer du sein dans la première année après le traitement.

155 femmes atteintes d’un cancer du sein et se plaignant de fatigue 6 mois après le début de leur traitement ont été incluses dans l’étude. Elles ont répondu à des questionnaires portant sur la qualité de vie, sur le niveau de leurs douleurs et sur l’état de leur moral (pour évaluer une dépression éventuelle).

Les chercheurs ont aussi mesuré leur capacité à réaliser certains exercices physiques et ont mesuré leur sensibilité musculaire à la douleur.

Il en ressort que les patientes présentant des niveaux de fatigue élevés sont aussi celles qui ont le plus de douleurs musculaires au niveau du cou et des épaules, le moins de mobilité au niveau des épaules et sur le plan psychologique une moins bonne image de soi et un état dépressif plus fréquent.

Cette étude montre que la fatigue chronique est multifactorielle chez ces patientes et qu’elle est associée à une dégradation de l’état physique et psychique qui se manifeste par des tensions musculaires douloureuses au niveau de l’articulation de l’épaule.

Une seconde expérience ² a montré que certaines hypersensibilités musculaires expliquaient les douleurs au niveau des vertèbres cervicales et des muscles du cou et des épaules que décrivent la plupart des femmes après une mastectomie (opération consistant à enlever tout ou partie d’un sein présentant une tumeur).

Ces points musculaires sensibles sont appelés points gâchettes. Il s’agit de « nœuds » musculaires où les fibres des muscles sont contractées en permanence et mal vascularisée. Ces contractions génèrent des douleurs à distance. . Les chercheurs espagnols ont montré que ces points étaient plus nombreux et que leur sensibilité était plus élevée chez les patientes opérées par rapport à un groupe témoin. Les points gâchettes activés chez ces patientes étaient localisés dans le pectoral (93%), au niveau du muscle sous-épineux (79%), et au niveau du trapèze supérieur (65%).

La présence de ces points douloureux était corrélée avec la sévérité des douleurs décrites au niveau du cou et des épaules.

La même équipe andalouse a ensuite montré qu’il était possible d’améliorer par un programme comprenant des exercices et des massages spécifiques l’état des patientes sur le plan de l’humeur mais aussi de la fatigue³ &sup4;

Dans un essai clinique randomisé, (incluant un groupe traité et un groupe témoin tirés au sort) ces patientes ont été soumises à un programme comprenant des exercices de stabilité de base, qui permettent de contrôler la position et le mouvement du tronc, suivis de séances de stretching, de relaxation et de massages dirigés contre les points gâchettes.

Le programme a duré 8 semaines à raison de 3 séances par semaine. Au terme de l’essai, une évaluation de la fatigue et l’humeur était réalisée avec un questionnaire spécifique validé dans d’autres études de ce genre. Immédiatement après le traitement et encore 6 mois plus tard la fatigue, l’humeur, la force musculaire étaient significativement et améliorées dans le groupe expérimental comparativement au groupe témoin.

Le nombre de points gâchettes activés et les douleurs du cou et de l’épaule étaient significativement diminuées.

Cette équipe n’est pas la seule à s’intéresser à ce sujet. Abordant la question sous un angle plus biochimique l’équipe allemande du Dr Listing et ses collaborateurs ont montré que les massages avaient une influence directe sur le taux d’hormones de stress chez des patientes atteintes d’un cancer du sein5.

Pendant 5 semaines un groupes a reçu 2 fois par semaine 30 minutes de massage rendant qu’un groupe contrôle était traités selon les standards habituels, sans massage additionnel.

Les femmes ayant bénéficiées d’un massage ont décrit avoir moins de stress, d’anxiété et de sentiment de peur. De même, leur taux de cortisol, une hormone de stress était abaissé de façon significative après les massages alors qu’il restait stable dans le groupe contrôle.

On sait aujourd’hui que le traitement du cancer doit s’accompagner d’une prise en charge psychologique et de nombreux programmes ont montré l’intérêt d’y adjoindre une prise en charge globale avec des conseils diététiques et la pratique d’une activité physique régulière.

Dans le cas du cancer du sein dont le traitement affecte la mobilité de l’épaule, on peut faire mieux. Les massages « myofasciaux » dirigés contre les points gâchettes activés permettent de retrouver une force et une mobilité normale mais diminuent aussi le stress et la fatigue de façon rapide et durable.

Un traitement deux en un en quelque sorte.

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