
Belgique : Le parti d’extrême droite rend les armes
Le président du Parti Populaire, Mischaël Modrikamen, quittera dans les semaines qui viennent la présidence du parti qu’il a fondé. Il renoncera aussi à toute activité politique en Belgique.
Il examinera d’ici là, avec les autres responsables, si le mouvement peut se poursuivre sous une autre forme, le cas échéant en s’unissant à d’autres formations politiques, pour éviter la dispersion des voix à droite. Si les conditions d’un tel redéploiement ne devaient pas être réunies, le Parti Populaire sera alors dissout au plus tard pour la rentrée de septembre.
Voici la retranscription du message vidéo diffusé par notre Président.
« Chers Amis,
Je tiens à remercier les 113.000 électeurs francophones, wallons et bruxellois, qui nous ont accordé leur vote et nous ont fait confiance lors de cette élection. Je tiens à remercier nos militants qui ont fait preuve d’un dévouement extraordinaire pour faire connaître nos idées.
Malgré nos efforts, le Parti Populaire n’a pas obtenu d’élu. Le système est verrouillé. Comme l’a déclaré Reynders hier, et il faut le prendre à la lettre, tout a été mis en œuvre pour empêcher l’émergence de « forces d’extrême droite », entendez par là en Wallonie, toute ce qui est à droite du centre mou MR
La Wallonie et Bruxelles ont pourtant besoin d’une autre politique. Les partis traditionnels sont discrédités et les vainqueurs des dernières élections, ECOLO et le PTB, n’apporteront aucune solution Trop de citoyens ont la mémoire courte quant à leur incompétence passée ou quant aux ravages du communisme partout où il a sévi.
Si je voulais un langage de vérité et un vrai volontarisme dans l’action, j’ai toujours veillé à ne pas faire de vaines et illusoires promesses aux citoyens, intenables économiquement. J’ai aussi appelé à l’unité et à la jonction des forces ceux qui voulaient mener une action similaire à notre combat, en vain. La division des forces et leur arrogance leur ont aussi infligé un échec cuisant.
Comme dans toute formation politique, des erreurs ont été commises. Mais nous avons surtout été confrontés à une situation inédite et intolérable dans une démocratie, qui n’existe qu’en Belgique francophone, à savoir le boycott médiatique d’une formation qui a des élus parlementaires. 7 partis francophones étaient représentés au parlement sortant, 7 partis francophones ont déposé des listes à l’Europe, et seuls 6 partis étaient systématiquement invités aux débats télévisés, à l’exclusion du Parti Populaire. Je n’ai plus participé à un débat sur RTL depuis 2010 et sur la RTBF depuis 2015 !
Je me suis tourné vers la Justice qui a décrété que nous n’avions aucun dommage à ne pas passer dans les médias. Je suis retourné en référé et la justice m’a répondu qu’ils étaient sans juridiction, c’est-à-dire sans pouvoir, pour contraindre la RTBF et RTL à respecter le pluralisme, et ce en raison d’une obscure décision de la CEDH de 2011.
Je me refuse donc à cautionner plus avant ce qui est un simulacre de démocratie, une situation où les dés sont systématiquement pipés.
J’ai pris la décision de renoncer à toute activité politique.
Voici 10 ans, j’ai mis entre parenthèse ma carrière d’avocat. Mon seul et unique objectif était de rénover la pratique politique, sans langue de bois ni extrémisme. Durant ces dix années, j’ai souvent sacrifié l’attention que je devais à mes proches, à mes enfants, pour me consacrer aux autres, jours et nuits. Nous avons subi quatre perquisitions et toute une série de basses manœuvres parfois orchestrées au plus haut niveau. J’ai travaillé comme leader de notre parti et comme conseiller juridique, sans jamais réclamer un euro de salaire pour le travail accompli.
Je sais que nombre de nos membres et militants se sentiront orphelins du Parti Populaire, car à bien des égards, nous formions une grande famille, même s’il y avait çà et là, comme dans toute organisation humaine, des brebis galeuses. Je vous réunirai une dernière fois dans quelques semaines pour une ultime rencontre fraternelle.
Yasmine et moi avons fait, durant toutes ces années d’engagement en politique, un bout de chemin avec des hommes et des femmes, des gens simples mais si pleins de bon sens et d’humanité, qui nous auront touchés et marqués au plus profond de notre être. Ils se reconnaîtront.
J’espère de tout cœur que d’autres prendront le relais de ce combat. Pour cela, il faut faire place nette et laisser émerger de nouvelles structures et de nouveaux leaders.
Je serai toujours en pensée avec vous tous et vous nous manquerez ».