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ANALYSE DE MARC FIORENTINO DU DERNIER SOMMET DE L’UE

Le sommet européen aurait pu aboutir sur des premières étapes d’accord sur une stratégie pro « croissance ». Il s’agissait certes de petits pas avec des mesures encore limitées, mais l’Allemagne était prête à des concessions. Au lieu de cela la France a choisi la confrontation frontale en évoquant les euro obligations , le sujet le plus sensible pour l’Allemagne. La France joue avec le feu.

Le sommet européen n’a pas rassuré les marchés
On peut le dire… Le sommet d’hier a été un bide total. On n’a, pour une fois, même pas fait semblant d’arriver à un consensus factice avec des sourires qui le sont encore plus. La faute à la Grèce, pourrait on dire. Rien ne peut se décider dans la zone euro tant que les Grecs n’auront pas décidé le 17 Juin s’ils veulent ou non rester dans la zone euro. Mais je pense que l’échec du sommet d’hier vient surtout de l’officialisation de la rupture de l’axe Berlin-Paris. Un axe qui a été la clé de voûte de la zone euro depuis deux ans, un axe qui a permis de colmater les brèches à chaque crise. Il n’y a plus de consensus franco allemand ; au contraire, il y a une véritable rupture et pour les investisseurs c’est un sujet d’inquiétude majeur.

L’évocation des euro obligations a provoqué des fortes crispations
Je pense que la France a fait une erreur majeure. Et que sa stratégie qui est peut être destinée aux électeurs Français ou aux pays en difficulté de la zone euro est une stratégie à haut risque. On peut faire évoluer l’Allemagne, on peut l’amener à évoluer. Et l’Allemagne a beaucoup évolué depuis quelques années en acceptant notamment que la Banque Centrale Européenne joue un rôle majeur pour soutenir par les banques les pays en difficulté. Mais on ne fait pas bouger l’Allemagne en l’affrontant frontalement, publiquement, sur le sujet qui est peut être aujourd’hui le plus sensible en Allemagne, les euro obligations. Pour l’Allemagne les euro obligations, ce sont des emprunts garantis par l’Allemagne qui vont permettre aux mauvais élèves de l’Europe d’arrêter de faire des efforts. L’Allemagne était prête hier, elle l’avait dit, à un compromis, sur la Banque Européenne d’investissement, sur des obligations européennes dédiées au financement de projets d’infrastructures, mais la France joue avec le feu.

La France n’est certes pas seule dans sa démarche
Mais elle est soutenue par des pays qui n’ont aucun moyen d’imposer quoi que ce soit dans la zone euro. Entre un pays comme l’Allemagne qui emprunte à deux ans de l’argent à zéro pour cent et des pays qui sont sur la corde raide, et la France en fait partie, vers qui pensez vous que le pouvoir au sein de la zone euro penche. On aurait pu avoir un sommet qui n’aurait pas tout réglé certes mais qui aurait fait avancer les choses. Au lieu de cela, la France a allumé un deuxième incendie avec les euro obligations après l’incendie des élections Grecques. La France et la Grèce jouent avec le feu, probablement pour des raisons électorales. Du coup, on va vivre au bord du gouffre jusqu’au 17 Juin et le prochain sommet européen. On a manqué une occasion. C’est dommage.

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