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« Vive nos compatriotes martiniquais et guadeloupéens » Francois Heilbronn

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A l’heure, où un horrible personnage, raciste, négationniste et antisémite, Henry de Lesquen, patron de Radio Courtoisie, ose nier l’appartenance française de nos glorieux et fidèles compatriotes de Martinique et de Guadeloupe, je voudrais rappeler la mémoire d’un de nos grands hommes politiques qui fut Président du Sénat pendant plus de 21 ans : GASTON MONNERVILLE.
Gaston Monnerville que j’ai eu l’honneur et le bonheur de connaître était né en Guyane en 1897 d’une famille d’origine martiniquaise. Brillant avocat, député de Guyane, héros de la Résistance, Président du Sénat (à quelques mois près, il aurait été Président de la République par intérim), il a été de tous les combats pour la République.
Je pense à lui et à tous mes compatriotes des Antilles insultés par ce vil personnage. Les Martiniquais et Les Guadeloupéens sont Français depuis au moins 1674 là où les Savoyards et les Niçois ne le devinrent que 200 ans plus tard en 1860. Alors qui est le plus Français à ce jeu là !!
Je remercie Gilles Clavreul toujours vigilant de poursuivre Lesquen en justice.
Et comme disait Lamartine « Je suis de la couleur de ceux que l’on persécute »
Et pour encore saluer, le courage, la solidarité et la vision de Gaston Monnerville, permettez moi de partager avec vous ce texte visionnaire de juin 1933 contre le régime nazi et les premières persécutions antisémites. Et visionnaire, Monnerville sait qu’un génocide est en préparation et rappelle le souvenir d’un des premiers génocides du XXème siècle commis contre les populations noires Hereros, dans l’actuelle Namibie alors colonie allemande.
« LE DRAME JUIF
ALLOCUTION DE M. Gaston MONNERVILLE,
Député de la Guyane
(Discours prononcé le 21 juin 1933, au Trocadéro)
« Mesdames, Messieurs,
Le drame qui angoisse nos frères de race juive n’a pas son écho seulement dans leur coeur.
Chacun de nous se sent atteint au meilleur de son intelligence et de sa sensibilité, lorsqu’il assiste au spectacle d’un gouvernement qui renie ce qui fait la beauté d’une nation civilisée ; je veux dire : le souci d’être juste, la volonté d’être bon envers tous les membres de la famille humaine, quelle qu’en soit la religion, la couleur ou la race.
Me tournant vers les persécutés d’Allemagne, je leur apporte mon fraternel salut et je leur dis :
Nous, les Fils de la Race Noire, nous ressentons profondément votre détresse. Nous sommes avec vous dans vos souffrances et dans vos tristesses Elles provoquent en nous des résonances que ne peuvent pas saisir pleinement ceux à qui n’a jamais été ravie la liberté. S’il est vrai que l’hérédité est la mémoire des races, croyez que nous n’avons pas perdu le souvenir des souffrances de la nôtre. Et c’est ce qui, en dehors même du plan supérieur de la solidarité des hommes, nous rapproche davantage de vous et nous détermine à nous associer à votre protestation.
Nous sommes à vos côtés et vous nous trouverez toujours à vos côtés, chaque fois qu’il s’agira de lutter contre une mesure ou contre un régime qui tendrait à détruire la justice entre les hommes, ou à abolir leur liberté. Nous nous indignons avec vous ; nous protestons avec vous, de toute la force de notre idéalisme, devant les actes de l’obscurantisme hitlérien. Le Racisme allemand, expression suprême d’une mentalité antisociale qui nous reporte aux anciens âges, ne saurait trouver une audience favorable dans un pays comme la France « nourrie des idées générales du monde ».
Elle la trouvera moins encore auprès de nous, fils lointains ou immédiats de cette Afrique, qui a été si malheureuse au cours des siècles. C’est que nous ne nous rappelons jamais sans une émotion poignante les effets du préjugé de race qui a marqué le passage de l’Allemagne en Afrique.
Souvenez-vous ! Une guerre d’extermination, froidement voulue, implacablement menée contre les Herreros, dans l’ouest Africain ; 40.000 Herreros massacrés !
L’Administration continua l’oeuvre de l’armée. Les indigènes survivants se virent privés de tout droit. Parqués dans des camps spéciaux, ils subirent les plus bas traitements. Leur disparition totale fut la conséquence de cette politique. Il n’y eut plus que des Allemands dans le Sud-Ouest Africain.
« Toujours quelques crimes précèdent les grands crimes ».
Il y avait dans les massacres africains des promesses qui sont aujourd’hui tenues, hélas ! Il y avait en eux l’annonce des assassinats hitlériens. Si bien que l’on peut voir dans le martyr des Africains allemands une préfiguration parfaite de l’actuel martyre des Juifs allemands.
Le cycle terrible tend vers son point de perfection ; le racisme donne sa pleine mesure. Il ne vous surprendra pas que nous suivions avec une attention particulière le développement de son évolution, si humiliante pour la raison humaine. Il ne vous surprendra pas que notre inquiétude s’avive, au moment même où nous apprenons qu’à la Conférence de Londres, l’Allemagne hitlérienne demande le retour au Reich de ses anciennes colonies.
Vous concevez, vous les victimes du racisme allemand, combien grande est notre anxiété, combien s’aiguise notre vigilance, à cette annonce. L’attitude de l’Allemagne actuelle vis-à-vis des minorités, l’hostilité violente qu’elle manifeste contre ceux qui ne sont pas Aryens, nous dictent notre conduite. Nous devons veiller à ce qu’elle n’obtienne pas la tutelle des populations africaines. La tâche, si belle et si noble, de guider des hommes vers une évolution sociale meilleure ne doit être dévolue qu’aux nations qui ont conscience de leur devoir humain. Le racisme allemand les ignore, ou les méprise. Faisons tout pour l’empêcher d’étendre son action néfaste à l’Afrique Noire. Luttons pour en circonscrire les effets désastreux. Menons cette lutte avec sérénité, certes, mais une sérénité qui ne doit exclure ni l’ardeur, ni la fermeté. Il y faudra sans doute quelque courage. Pour aboutir, qu’il nous suffise de nous inspirer du principe qui a été le guide essentiel de l’homme qu’on a eu raison de tant louer ce soir ; de l’abbé Grégoire, ce coeur « nourri du lait de l’humaine tendresse, dont les oeuvres, les actes et la vie même en furent une constante, une magnifique illustration : IL N’Y A PAS DE VERTU SANS COURAGE. »
Gaston MONNERVILLE

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