« VERS LA LEGALISATION DE L’ESCROQUERIE A LA LOCATION » P.AUBIN
Le gouvernement lirait-il le « Journal Toulousain » ? Suite à ma chronique sur le logement (édition du 23 janvier) qui dénonçait la précarité des petits propriétaires face aux impayés de loyers, une annonce gouvernementale prétend « garantir » ceux-ci par la mise en place d’une assurance. Evidemment, loin de moi la prétention d’une telle portée, mais imaginons que ce soit le cas et que la solution qui découle de ma chronique soit celle envisagée : avançons que la ministre du logement sait peut-être lire, mais qu’entre lecture et compréhension, il y a au moins un hémisphère d’écart !
Le ministère du logement, avec le soutien de l’Elysée et de Matignon, voudrait ainsi créer une « garantie universelle des revenus locatifs » sous forme d’assurance pouvant être obligatoire. Tout d’abord, comme il existe déjà une assurance facultative pour couvrir ce risque, la seule innovation serait de rendre obligatoire cette assurance. Comme plusieurs pistes sont à l’étude, nous allons leur suggérer de définitivement abandonner celle-ci.
Tout d’abord, il est avancé que cette assurance serait payée par cette bonne poire de propriétaire. Une fois de plus, c’est ignorer totalement les mécanismes économiques : si un propriétaire ne peut pas répercuter les charges qu’il enregistre dans la formation du prix du loyer, cela équivaut à vendre à perte. Espérons que le gouvernement n’envisage pas de rendre obligatoire la vente à perte qui est par ailleurs interdite ? Une nouvelle tragédie pour la ministre se nouerait lors du passage de son texte au conseil constitutionnel.
Une autre solution suggérée est de mettre en place une taxe alimentant un fonds national d’assurance. Il paraît même qu’une taxe de 2% permettrait de couvrir les loyers impayés des locataires indélicats. Outre le fait qu’un tel taux est une nouvelle fois sorti des tableurs « excel » d’un ministère sans aucune analyse psychologique des répercussions, une telle mesure conduirait à l’accélération de loyers impayés. L’Etat légitimerait de nouvelles formes d’escroqueries à la location. Sans compter que la punition est à l’envers : ce sont les locataires vertueux qui paieront pour les malhonnêtes. Gageons que cette taxe ne resterait pas à 2%. De plus, madame la ministre, si la taxe sur le tabac est faite pour dissuader de fumer, que provoquera une taxe sur les locations ?
Osons affirmer que l’Etat, pardon, les hommes politiques, préfèrent ainsi le vice à la vertu : le coupable, c’est le propriétaire et la victime, le locataire. Dans ce monde de bisounours, il est ancré dans les esprits que s’occuper du locataire qui ne paye pas son loyer n’est pas très moral. Pourquoi en plus faire respecter un engagement contractuel envers un propriétaire ? Ne rêvons plus d’un Etat de droit, puisque le système d’assistanat sans devoir mis en place par l’Etat garantit la justice !
Car voyez-vous, faire travailler le système social sur de vrais dossiers de pauvreté, c’est impensable. Ces horribles petits propriétaires qui verraient leur dette payée en temps et en heure, cela aussi est impensable. Pourquoi régler les problèmes à la source ? Il est préférable de monter des usines à gaz législatives et administratives. En créant les conditions subversives, les élus entretiennent l’illusion que leur intervention grâce à leur pouvoir de nuisances, est indispensable à la société.
Retrouvez la suite dans http://www.lejournaltoulousain.fr