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Un doigt de hauteur face au droit d’auteur

Je tombe ce matin sur un article s’inquiétant de l’avenir de Wikipedia alors qu’une « nouvelle loi création, architecture, patrimoine » « vient d’être adoptée par le Parlement français. » L’objet de ce texte serait de « protéger la propriété d’artistes et garantir la liberté de création » (lien ci-dessous).

Autrement dit, nous avons affaire à une dérive de plus du concept de droit à l’image, lié au copyright appliqué aux photographies. L’auteur de l’article en question croit avoir posé la bonne question sous cette forme : « Faut-il autoriser l’exploitation commerciale de photographies représentant une œuvre d’art présente dans l’espace public ? Un sujet épineux, tant les enjeux en présence sont nombreux et les intérêts divergents. » Ce n’est pas une question d’enjeux ni d’intérêts, mais de droit et de logique.

Revenons tout d’abord sur le droit d’auteur. Certains, dont les randiens, soutiennent par erreur le contraire, pourtant le sujet est clos chez les libéraux : le droit d’auteur, sous toute forme, est sans fondement et ne peut être évoqué au sein d’une société libre. La littérature abonde sur le sujet, on lira par exemple l’excellent Stephan Kinsella, qui en général développe deux idées simples :

  1. a) Le droit de propriété n’existe et n’a de sens que pour les objets matériels. Son rôle est de donner une base juridique préventive aux conflits venant du souhait ou besoin d’utiliser les ressources. Cela ne peut s’appliquer aux idées et autres biens intangibles pour lesquels ces conflits sont sans réalité.
  2. b) La copie des idées et œuvres de l’esprit est à la base de toute civilisation. Dans un monde de plein copyright, nos ancêtres n’auraient pas eu le droit de copier le premier homme qui prit une pierre pour casser une noix. La diffusion des savoirs est au cœur du développement de notre prospérité.

On comprend donc qu’en général, l’idée même de légiférer dans le domaine de l’intangible est à la fois absurde et réductrice de liberté et de prospérité, rien de moins. Et non, il n’y a pas d’exception. Ici cependant, le problème est plutôt de prendre le prétexte du copyright pour traiter un sujet plus subtil, mais tout aussi fallacieux, celui du droit à l’image. Simplement : il n’y a pas de droit à l’image.

Ce faux concept s’inspire du copyright : dans l’intangible, on applique un droit conçu pour le monde matériel. Pire, on prétend faire payer autrui pour toute copie, même involontaire ou fortuite, hors de tout contrat. C’est l’autre trait du droit d’auteur qui le bannit du champ de la liberté : il suppose un état coercitif jouant le rôle du collecteur de ces « droits » forcés sur le « contrefacteur » présumé.

Mais le droit d’image va plus loin dans l’erreur de logique, qu’on retrouve s’agissant de réputation. A qui appartient ma réputation, mon image ? A vous ou à moi ? La clé se trouve une fois qu’on se rend compte que la seule question qui compte repose sur l’action, car c’est à ce niveau qu’on peut… agir donc être jugé pour ses actes. Dès lors, cela devient : qui fait mon image ? Tout le monde, sauf moi.

L’auteur de l’article a raison de nous alerter. Une fois de plus, cette société impose un faux concept qui permettra aux hommes de l’état de pousser toujours plus loin les mauvaises raisons de nous exploiter, nous contraindre et nous taxer. Imaginez un monde où il ne sera plus possible de même regarder un homme politique sans qu’il puisse nous faire enfermer. C’est cela, le droit à l’image.

Stephane Geyres

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