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Pervers et narcissique ou pervers narcissique

ralph

PSYCHO – Cette expression, ce diagnostic, cet autodiagnostic, fait mouche en ce moment. Pas une seule personne abandonnée, bafouée, quittée, ou juste ponctuellement oubliée, ne peut s’empêcher de brandir haut et fort le drapeau de victime d’un pervers narcissique (homme ou femme) comme on brandirait un drapeau blanc sur un navire pour exprimer sa bienveillance en pénétrant, sourire aux lèvres, en territoire ennemi.

Cette « immunité diplomatique » que confère la victimisation contre celui ou celle qui vous a trahi pour diverses raisons, invoquant fièrement l’article  »pervers narcissique », est phénoménale. Cette prédiction, ce fantasme à le qualifier, à le diagnostiquer comme tel, absout les fautes, mais surtout semble délivrer le dépositaire de sa propre responsabilité.

Ce terme que les profanes, que les néophytes, utilisent à tort et à travers, s’est trouvé un petit cousin avec le terme de « bipolaire »:  »il ou elle n’a pas voulu accéder à ma demande alors que (je crois), il me l’avait promis. Cela me montre bien qu’il ou elle est réellement bipolaire ».

La pilule est passée, nos propres croyances ne sont même plus écornées si une justification ou un diagnostic sauvage est désormais posé. Ce couple que forme dans les esprits ce Pervers narcissique sauce bipolaire, enivre et dégage de toutes responsabilités, et par extension de toutes culpabilité(s), les victimes de ruptures.

Ce processus a pour vocation de fixer l’angoisse et la colère d’un échec sur l’autre et de justifier à son entourage et à soi, combien la situation est à son avantage pour avoir officiellement « quitté », alors qu’on a été abandonné par une personne désireuse d’une séparation. La justification de sa nouvelle situation se trouve aujourd’hui en deux mots, en deux notions, il ne relève plus que de ces deux expressions utilisées en dehors de tout contexte médical, dans un  »complexe médical  ».

Projeter la faute sur l’autre, comme on demanderait à une personne de garder une grenade défensive le temps d’aller se laver les mains sans se demander si cette dernière n’est pas déjà dégoupillée, illustre l’absence totale et complète de responsabilités de ses dires et de ses actes.
Cette situation nouvelle qui consiste à cesser de se mettre en cause dans sa propre vie, a pour effet de dégringoler de  »la montagne de la responsabilité » de ses propres choix, de sa propre vie pour tenter d’échapper à l’existence.

Quand les conséquences sont lourdes de conséquences.

Cette méthodologie de protection, d’auto protection « on ne m’a pas quitté, je me suis soustrait d’un PN (pervers Narcissique, NDLR) ou d’une personne bipolaire », victimise à souhait celui qui prononce cette phrase « magique » et appelle la bienveillance de l’entourage.

Malheureusement tout blason, toute médaille a son revers. En effet, si cette fuite en avant résout ou explique un acte dans lequel on ne veut, on ne souhaite prendre aucune responsabilité, la résultante sera de développer une angoisse, qui deviendra de plus en plus forte. Les moments de conscience conduiront son auteur à avoir des crises d’angoisse, des attaques de panique.

Cet état qui se décrit par une sensation où l’on ressent des palpitations, une gêne respiratoire, des sueurs froides dignes d’un film d’Alfred Hitchcock de « vertigo », de vertiges, est une abominable impression de « mort imminente », insoutenable et d’autant plus intolérable.
Chaque rupture, chaque deuil doit être analysé. Il n’y a plus assez de tapis pour cacher toutes les poussières du cœur, pour y dissimuler toute la souffrance que nous, sujets, ne voulons plus assumer et prendre à notre compte dans une démarche qui consiste à analyser la situation avec le risque de découvrir que sa part de responsabilité peut éventuellement exister.

Une faillite du couple est par définition un coup de canif dans un contrat écrit ou un contrat moral. Un canif n’est pas qu’un objet phallique, c’est aussi un objet tranchant qui fait mal et qui devient encore plus douloureux, nous le préférons plutôt que d’accepter de reconnaître sa légitime souffrance dans l’univers de ses « croyances ».

Il existe de vrais pervers narcissique, hommes ou femmes. Des personnes sont diagnostiquées bipolaires par le corps médical tous les jours. Mais il y a des tribunaux pour les sentences, la justice des hommes. Il y a des professionnels de santé pour des diagnostics.

En outre, pour diminuer votre sentiment de culpabilité et gagner en qualité de vie, gagnez en responsabilité, vous vous devez bien ça.

Rodolphe Oppenheimer

Comments

  • Alban
    octobre 22, 2015

    Analyse claire et objective d’une situation de victimisation conduisant, dans toute rupture,à qualifier l’autre, bien souvent abusivement, de pervers narcissique.
    Cette publication d’un psychanalyste expérimenté a le mérite de relativiserle problème.
    Les pervers narcissiques sont nombreux mais ils sont loin d’avoir envahi la planète. La terre a deux pôles mais peu d’humains sont bipolaires ou borderline.
    Attention, il est fréquent de croire voir chez l’autre les défauts qui nous caractérisent.

  • Leroux France
    octobre 26, 2015

    Oui c’est tout à fait important de rappeler combien ce terme est galvaudé et combien on peut aussi l’utiliser afin de se déresponsabiliser soi-même, néanmoins je ne suis pas d’accord quant à votre analyse dél’environnement de la  » victime » car vous semblez oublier que le pervers est réellement si doué dans son domaine qu’il parvient parfaitement à produire un discours qui rallie tout le monde a sa cause….hé oui car la  » victime  » quant à elle est absolument en choc et ne maîtrise pas son discours qui embarrasse tant les autres…même odieux , le pervers  » maitrise » son verbe , ce qui n’est pas le cas de sa victime…peut être que la fameuse victime tente dans sa victimisation du premier temps de la rupture, de faire  » reconnaître » sa douleur, le choc qu’elle subit et que ce temps demanderait qu’autrui puisse mesurer combien quand on n’est pas pervers – narcissique , ce que raconte la proie déchue est absolument pas crédible,in- croyable tant il n.y a qu’un pervers pour  » jouer »‘le discours et la similitude de l’autre, n’importe quel autre…
    Malheureusement avoir vécu une relation de telle sorte ne permet jamais d’etre cru !!!
    Et quelques fois dans les conséquences à long terme de cette pseudo- relation qui n’en était pas une, s’ajoute le constat amère que d’une façon générale les humains même bien pensants sont lâches car  » entendre et croire  » l’autre demanderait d’accepter sa propre impuissance à l’aider…ce qui , franchement demande un travail sur soi que bien peu veulent entreprendrent ….

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