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Le nord du Mali : les milices islamistes à la conquête

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Revendiqué par les « hommes bleus », le nord du Mali est peuplé principalement de populations subsahariennes. Une zone enclavée, longtemps négligée avant d’être favorisée par une politique de décentralisation dans les années 90. Une terre où les identités sont en conflit persistant.

Ils sont aujourd’hui au moins 1,5 million, répartis entre cinq pays: Niger (800 000), Mali (500 000), Libye, Algérie et Burkina-Faso (de 30 000 à 50 000). Les Touaregs, d’origine berbère, sont l’un des derniers peuples sahariens pratiquant l’élevage nomade. Pendant des siècles, ils ont aussi régné, avec les Maures, sur le commerce caravanier transsaharien

 L’embrasement et l’occupation du nord du Mali

Ces « vétérans » ont joué un rôle crucial dans les événements tragiques au début de 2012. Revenus lourdement armés dans le nord du Mali, après l’effondrement du régime de Kadhafi, des centaines de combattants aguerris ont fait basculer le rapport de force vis à vis de Bamako. De plus, des unités d’élite touareg de l’armée malienne, formées par les Américains et les Français, ont déserté pour rejoindre la rébellion relancée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), en janvier 2012.

Pour chasser les militaires maliens, ce mouvement séparatiste, « laïc », s’est tout d’abord rapproché de son rival, Ansar ed-Dine, groupe islamiste majoritairement touareg, allié à Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). Le 6 avril 2012, le MNLA proclame unilatéralement l’indépendance de l’Azawad, territoire qui recouvre les deux tiers nord du pays. Une annonce aussitôt rejetée par la communauté internationale. Et, rapidement, le MNLA se fait dépasser, puis chasser des villes de Kidal, Tombouctou et Gao par les groupes islamistes: Ansar ed-Dine, Aqmi et le Mouvement pour l’Unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).

Depuis, ces trois mouvements appliquent la charia et terrorisent les populations locales. Le MNLA, lui, a renoncé à ses ambitions d’indépendance, pour tenter de revenir dans le futur jeu des négociations. Il a même proposé ses services aux forces de l’opération Serval, pour combattre les djihadistes sur leur terrain, dans le grand nord du Mali. En vain, pour le moment. Quant à la frange modérée d’Ansar ed-Ddine, elle vient d’annoncer sa scission avec Iyad ag Ghali, pour créer le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), qui affirme désormais rejeter « toute forme d’extrémisme et de terrorisme » et « s’engage à les combattre ».

La décentralisation de l’Etat malien

Le nord du Mali ainsi que la majeure partie de l’arrière-pays souffrent d’une lacune en matière d’infrastructures, en comparaison avec les grands axes du sud du pays. Ce déséquilibre est dû au poids démographique du Sud, à l’importance économique de sa culture cotonnière d’exportation et à une politique post-coloniale de désenclavement du Mali par le sud avec le goudronnage des axes routiers liant Bamako aux grands ports ouest-africains.

Le délaissement économique du nord du Mali est ressenti par tous les peuples qui y habitent. Face à l’hypercentralisme de l’Etat malien, à la grogne des populations septentrionales et aux revendications touareg, le gouvernement malien a mis en œuvre une ambitieuse réforme de décentralisation dans les années 1990. Trois niveaux de collectivités territoriales ont été créés (Communes, Cercles, Régions). De nombreux services de l’Etat se sont installés dans les villes régionales et ont contribué au développement local du pays. Dès lors, de nombreuses ONG et agences gouvernementales (dont la coopération suisse) négocient une importante partie de leur aide directement avec ces collectivités décentralisées sans passer par Bamako.

Avec les Régions de Tombouctou, de Gao et de Kidal, le nord du Mali a été favorisé, eu égard à sa faible démographie. En 2012, cette décentralisation se vit à travers le troisième mandat de ses représentants démocratiquement élus. Malgré sa jeunesse, son implantation auprès des populations locales s’accroît. Une nouvelle réforme de cette décentralisation réfléchit sur la mise en place de la Région de Ménaka. Suite au Pacte national de 1992, de nombreux anciens rebelles touareg ont pu intégrer l’armée, la police et la gendarmerie et de nombreux Touareg ont depuis occupé des postes importants au sein de l’Etat malien. Malgré un résultat mitigé, la IIIe République du Mali a travaillé pour le développement du nord du Mali et l’intégration des Touareg en son sein depuis 1991.

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