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Interview de Charles Beigbeder: « Notre démarche est de nourrir ces partis qui perdent plus leur temps en manœuvres politiciennes qu’à réfléchir sur le fond »

Charles Beigbeder, entrepreneur et conseiller d’arrondissement de Paris, revient sur la scène politique avec « L’Avant-Garde ». Cette organisation est un réseau participatif d’actions politiques. 12 propositions sont déjà programmées. Leur souhait est de peser auprès des candidats issus des partis de la droite et de l’extrême-droite pour que le sursaut qu’ils appellent de leurs vœux se réalise en 2017. Démonstration parfois contradictoire.

Monsieur, Beigbeder êtes-vous un homme en colère ? Contre la politique menée actuellement par la gauche et peut-être même par la droite ? D’après vos différentes tribunes, vous semblez être très conservateur, limite réactionnaire

Oui, il y a de quoi quand même, on ne peut pas dire que ça aille bien en France.  Les Français n’ont plus confiance. On collectionne les résultats catastrophiques en matière économique et sociale avec un chômage très élevé alors qu’en Allemagne, en Angleterre, dans des pays comparables il est deux fois inférieur. Et pourtant je pense que l’on a toutes les ressources au niveau économique pour s’en sortir. Mais, il y a tellement longtemps que les réformes ne sont pas faites que maintenant on le paie très cher.  En plus, sur des sujets plus importants qui touchent à l’être, on a une vraie déconstruction qui nous fait perdre depuis plusieurs décennies  la famille et l’école qui se font très sévèrement attaquer.

On ne peut pas se satisfaire de cela. La France va mal et plus généralement les Français doutent de leur pays, sont souvent dans l’auto-flagellation. Ceci contribue à ce qu’il n’y ait pas de confiance en l’avenir et sans confiance, il ne peut y avoir de croissance, ni de progrès. J’étais de bonne humeur, mais d’accord je suis en colère ! La France est un peu comme un enfant gâté, on a tout pour nous. Les Allemands disaient « Heureux comme Dieu en France »… Parce que l’on a certainement manqué de courage au niveau du gouvernement depuis 30, 40 ans, on a gâché nos talents et nos capacités et on a beaucoup de difficultés et de valeurs dans notre beau pays de France.

C’est la raison pour laquelle vous avez monté le think tank « Avant-Garde » ? Quelle est sa mission ?

Oui, absolument. C’est plus un réseau participatif ; un mouvement politique qui a pour but de nourrir les grands candidats à l’élection présidentielle et participer donc au débat d’idées et d’imposer un certain nombre de ces réformes indispensables que la France attend. L’Avant-Garde a pour but de faire du lobbying sur les réformes urgentissimes à mener.

Comment allez-vous vous y prendre ?

On a déjà dressé les 12 grandes orientations sur lesquelles on souhaite peser. On dialogue avec les grands candidats qui vont se positionner lors de cette alternance en 2016 et 2017, puisqu’il y aura les primaires en 2016 et la bataille présidentielle en 2017.

Quels sont les grands candidats ?

Il y a de grands candidats dans le camp des Républicains. On ne sait pas encore qui seront les grands candidats, mais on a quand même une petite idée : Juppé, Sarkozy, Le Maire, Fillon. Nous les rencontrons, nous leur exposons nos idées et lorsque cela va se  préciser en 2016, nous essaierons d’imposer le corpus. Nous faisons cette démarche avec l’autre grand parti de la droite, le Front national. Et le ou la candidate qui sera le plus à même de reprendre nos orientations, nous le soutiendrons dans l’espoir que cela lui permettra d’être élu. Nous demandons à celui ou celle qui reprend nos idées dans son programme présidentiel de permettre d’avoir un certain nombre de nos représentants à l’Assemblée nationale. Cela veut dire des investitures dans des circonscriptions où nous pouvons être élus  parce que nous avons aussi des personnes sur le terrain en région. Et de sorte que l’on puisse avoir un groupe Avant-Garde à l’Assemblée nationale qui veillera à ce que les orientations que nous aurons imposées soient bien mises en œuvre dans des projets de lois qui devront être pris très rapidement après l’élection.

Vous défendez des idées assez conservatrices. Vous êtes prêts à vous rapprocher des candidats frontistes. Vous sentez-vous  décomplexé ?

Il y a trois grands partis en France. Il y en a un qui est au pouvoir actuellement. Ensuite, il y en a deux autres. C’est auprès de ces partis qu’il faut peser. L’élection présidentielle est l’occasion de connaître un vrai débat d’idées et nous nourrissons les deux partis d’alternance sans exclusive. Oui, en effet il faut raisonner comme cela. Il faut arrêter de penser qu’il y a 30% d’électorat qui n’existe pas. En clair, on nourrit la future candidature du Front national. On nourrit les candidats des primaires du parti Les Républicains, puis le candidat qui l’aura remportée. Et puis, on essaie d’imposer nos idées et encore une fois, celui ou celle avec qui cela se passera le mieux, on le soutiendra, sans état d’âme. Cela va tellement mal que l’on ne peut pas se permettre de ne pas travailler, de ne pas dialoguer avec des personnes qui représentent 30% de l’électorat.

Vous me  dites que le problème date depuis 30 ans, voire plus. La Droite a majoritairement gouverné dans ce pays. La Gauche a également gouverné par alternance. Vous vous  dites réseau participatif, laboratoire d’idées pour une France meilleure, mais apparemment vous axez votre action sur la politique conservatrice, donc de Droite, voire la frange extrême-droite. Pourquoi ne pas aller voir la Gauche, voire vous mettre au-dessus des partis politiques ?

 

Vous avez raison. Il ne faut pas se positionner par rapport à la Droite ou la Gauche. Mais bon… Les sujets sur lesquels on souhaite peser tournent autour de l’éducation, de l’immigration, de la fiscalité par exemple. Ce sont des sujets qui dépassent les clivages partisans. Et en même temps, il y a trois grands partis. Celui qui est au pouvoir à échoué. Il faut dialoguer avec les deux autres.

Mais l’UMP a échoué aussi juste avant… 

 

Ah, mais c’est sûr ! Mais à ce moment-là, on fait quoi ? Il n’est pas possible sous la Ve République de créer un parti qui peut prendre le pouvoir comme cela , en un an ou deux ! Par pragmatisme, nous souhaitons peser auprès des grands partis et des candidats qui seront issus de ces partis pour que le sursaut que nous appelons de nos vœux se réalise en 2017. Là on a les idées très claires. C’est du bon sens. Nous demandons l’abrogation de la loi Taubira. C’est une condition  sine qua non parce que nous pensons que c’est une déconstruction et une atteinte à la famille traditionnelle et ceci est non négociable pour nous. Ensuite, il y a 12 grandes orientations.

Je vais juste en citer trois qui sont importantes et plus particulièrement pour moi. D’abord l’éducation, parce que ce n’est pas possible de ne rien faire face au drame des 20% d’enfants qui arrivent en 6ème qui savent à peine lire et écrire. On comprend bien que c’est porteur des drames que nous vivons dans les zones urbaines sensibles. Il faut absolument mettre fin au collège unique. Il faut décentraliser et donner plus d’autonomie aux établissements, faire confiance aux parents d’élèves et aux enseignants. Pour cela, nous recommandons les chèques éducation pour que chacun puisse choisir le collège de son choix et permettre ainsi à des écoles hors-contrat de se développer. Deuxième grand axe : l’immigration. Il faut faire une pause.

Il y a eu trop de flux migratoires pendant 40 ans et on ne sait plus intégrer, ni assimiler. Tout le monde est d’accord là-dessus, Droite-Gauche confondues. Les personnes issues de l’immigration sont les premiers à le dire.  Il est donc temps de remettre les choses en ordre, de faire une pause. Ce qui signifie qu’il faudra sortir de Schengen et renégocier avec l’Union européenne la possibilité de pouvoir revenir à un nombre très limité pendant un certain nombre d’années. Et puis troisièmement, plus au niveau économique et social, et en tant qu’entrepreneur, on a un niveau de prélèvements obligatoires qui est complètement aberrant par rapport aux autres pays avec lesquels nous sommes en concurrence. Il faut une grande réforme. On a d’ailleurs des débats au sein de L’Avant-Garde et nous n’avons pas encore complètement arrêté notre position. Je soutiens l’impôt proportionnel, c’est-à-dire supprimer toutes les niches fiscales ; ce qui rapporterait beaucoup d’argent et augmenterait les recettes pour que l’on ait un seul prélèvement qui soit de 15% sur tous les revenus quels qu’ils soient.

Vous faisiez partie de l’UMP jusqu’aux élections municipales. Ensuite, vous vous êtes positionné comme un dissident et avez monté le parti « Paris libéré », qui est actuellement en sommeil. Que vous inspire la création du Parti Les Républicains et le retour tonitruant de Nicolas Sarkozy sur la scène politique ? Il semble que les affaires qui l’ont éclaboussé dont celle de Bygmalion ne soient qu’un vaste souvenir pour les militants et la Droite ?

Franchement, je suis très choqué. La campagne de Nicolas Sarkozy a coûté 43 millions d’euros, on est 20 millions au dessus du plafond. C’est ahurissant cette situation. On serait en Suède ou au Royaume-Uni, ce serait totalement impossible. Je suis assez surpris de cela. La France a des mœurs bizarres vis-à-vis de son organisation politique. Je l’ai vécu personnellement, parce que j’espérais naïvement apporter mon énergie et mon expérience. On n’a pas voulu de cette liberté-là. Je devais soit m’arrêter, soit continuer dans l’indépendance, ce que j’ai fait. Et pour répondre à votre question sur Les Républicains. C’est l’UMP qui a un nouveau nom. Mais quand on regarde l’organigramme, rien ne change. Ce sont exactement les mêmes et on recommence. Il y en a qui sont là depuis des décennies et qui en sont à leur 6ème mandat de député. Ce n’est pas comme  cela que l’on va renouveler la classe politique, que l’on va l’oxygéner avec les personnes issues de la société civile. Il y a un désamour majeur entre le peuple et les élites politiques, et ce n’est pas comme cela  que l’on va l’améliorer.

Pourtant vous disiez que vous alliez faire des propositions au parti des Républicains. C’est un peu contradictoire : vous remettez en cause le fonctionnement même de ce parti et celui du système politique en France et pourtant les propositions que vous voudriez faire seront à destination des personnes qui ne changent pas…

 

C’est exact. Nous avons une classe politique qui ne se renouvelle pas. Malheureusement on a le scrutin majoritaire et pas la proportionnelle, donc toute une série de barrières infranchissables. Il faut faire avec les grands partis politiques qui existent, par pragmatisme. Sinon, on ne fait rien. Notre démarche est de nourrir ces partis qui perdent plus leur temps en manœuvres politiciennes qu’à réfléchir sur le fond. Ils sont demandeurs, très bien. On leur expose nos idées avec des arguments et parfois ils sont ravis. Tant mieux. Nous ne cherchons pas de responsabilités, sauf si on nous le demandait. Nous voulons que les réformes soient faites et on espère naïvement qu’ils finiront par entendre raison. Je comprends que ce soit un peu paradoxal. Par pragmatisme, on est obligé d’en arriver là.

On a envisagé un cas. Si vraiment les candidats rejetaient massivement tout ce que l’on proposait, ce qui peut arriver. Dans ce cas, on ne s’interdit pas de demander à l’un d’entre nous d’être candidat à l’élection présidentielle, de choisir quelqu’un proche de nos idées et de lui demander de se sacrifier. On sait tous que cela n’aura pas d’impact car le système électoral est ainsi fait que cette démarche solitaire ne fonctionnera pas. Il n’y aura pas de résultat.

 

Seriez-vous prêt à vous sacrifier ?

 

Moi, non ! (Eclats de rires) Je pense qu’il y a peut-être parmi les patriotes qui défendent notre civilisation et qui sont sur le terrain fréquemment, je ne vais pas citer de noms parce qu’évidemment après le pauvre … Il y a peut-être des personnes qui pourraient porter nos couleurs et rassembler.  Il est important qu’il y aitbeaucoup d’autres mouvements, initiatives qui défendent des idées proches des nôtres. Je pense qu’à un moment il faudra non pas fusionner les mouvements, mais s’unir et avoir une parole unique vis-à-vis des candidats des partis traditionnels. Si jamais ce dialogue ne fonctionne pas, il se peut que l’un des leaders de ce mouvement qui ne sera pas forcément celui de l’Avant-Garde, ait envie de se présenter si vraiment la démarche est vaine.

Comments

  • RAVAILLE Gérard
    juillet 17, 2015

    Personnellement , je suis d’accord avec Mr Charles BEIGREDR

     » Nous avons une classe politique qui ne se renouvelle pas – et c’est vrai ( Les Républicains c’est L’UMP un nouveau nom , » mais quand on regarde l’organigramme rien ne change c’est toujours les mêmes « la aussi il a raison , il faut reconnaître que nos élus s’accrochent jusqu’au bout à leurs fauteuil, mais beaucoup moins aux réelles difficultés des français .

    Le flût migratoires depuis plusieurs décennies , » et on ne sait plus intégrer ,ni assimilé , tout le monde est d’accord le dessus droite et gauche confondues , mais là c’est un autre gros problème .

    Je reste plus réservé ‘ dialogue avec les 3 candidats GR : UFF 34

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