Dans quoi s’est engagé Xavier Bertrand : état des lieux de la région Nord-Pas de Calais-Picardie
Après une lutte musclée avec Marine Le Pen, Xavier Bertrand a remporté les régionales dans le Nord-Pas de Calais-Picardie avec 57,77% des suffrages, contre 42,23% pour son adversaire. Il a ensuite annoncé renoncer à la primaire à droite pour se concentrer sur son nouveau mandat de président de la région. Voici donc un petit aperçu de l’état des lieux et des problèmes qu’il devra surmonter.
Le chômage, une des préoccupations locales majeures
Le Nord-Pas de Calais est une ancienne région minière. Autrefois, l’exploitation des mines de charbon y était en effet une des principales activités économiques. Elle a débuté à Anzin, près de Valenciennes au XVIIIème siècle. Aujourd’hui, le paysage reste marqué par ce passé comme au bassin minier du Nord-Pas de Calais qui est d’ailleurs inscrit au patrimoine de l’Unesco. Le déclin dans la région commence dès 1960 et s’accompagnera de fermetures successives de fosses et d’une vague de grèves. Le dernier puits de mine sera fermé le 21 décembre 1990, mettant ainsi fin à plus de 150 ans d’exploitation de la houille. Sur la période 1950-1960, la région entre dans une phase de reconversion économique pour survivre à la suppression progressive de près de 220 000 emplois miniers sur 30 ans. Pour autant, la politique mise en œuvre ne suffit pas. Le chômage régional affiche des niveaux plus élevés que la moyenne nationale. En cause, plusieurs facteurs. D’abord, il y a un manque d’encadrement sur le plan administratif, même s’il commence à être rattrapé. Ensuite, la région connait un solde migratoire négatif des retraités. Certains pourraient sourire en s’exclamant que les migrants nouvellement arrivés devraient combler ce « trou ». Toutefois, notons que les retraités les plus aisés partent plus au sud, ce qui entraîne des pertes conséquentes de revenus. A l’heure actuelle, une économie de rente viagère s’est mise en place mais reste malheureusement fragile. On note également une hausse quasi constante du chômage alors que paradoxalement de nouveaux postes sont créés. Ceci s’explique par des emplois qui ne profitent pas aux habitants locaux doublés par le phénomène de mobilité géographique des actifs. Sur ce domaine, Xavier Bertrand a annoncé des mesures plus qu’attractives pour redonner un emploi à 60 000 personnes en mettant en place un dispositif « proche emploi ». Reste à voir ce qui se passera en pratique…
Les employeurs potentiels
Dans la région, un certain nombre d’entreprises s’en sortent du fait de leur proximité avec plusieurs grandes capitales européennes : Bruxelles, Paris, Londres. Toutefois, ce constat n’est valable que pour des grosses sociétés. Ailleurs, les conditions de survie ne sont pas très favorables et on note régulièrement des liquidations judiciaires et des petites entreprises en mauvaise santé financière. Le problème s’étant aussi pour les commerces. A Maubeuge par exemple, une grave crise touche les commerçants, plusieurs boutiques étant contraintes de mettre la clé sous la porte. Ainsi Pain Mabuse, Orange, EDF et un cabinet d’esthétique ont fermé. Des exemples parmi tant d’autres. A contrario, d’autres villes comme Valenciennes profitent d’un commerce florissant. Une inégalité s’est donc clairement installée sur place. Plusieurs grosses entreprises sont toutefois implantées dans la région comme Areva (Jeumont), Roquettes Frères (Lestrem), Toyota Motor Manufacturing France (Onnaing), Tereos France (Origny Sainte Benoite) ou encore Volkswagen Group France (Villers-Cotterêts).
Désenclaver certaines régions
Les transports sont cruciaux pour de nombreux habitants dépendant de ce moyen de locomotion pour aller travailler. Dans la région, les trains connaissent des retards récurrents, un problème que Xavier Bertrand devrait théoriquement résoudre avec ses transports « triple A » : A l’heure, Assis, Averti. Sur son programme, il indique en effet vouloir « des trains à l’heure, des passagers assis dans les trains, des passagers avertis en cas de retard ». Il a lui-même reconnu que les services proposés dans la région Nord-Pas de Calais-Picardie n’étaient pas satisfaisants. Promis depuis longtemps, le projet de réaménager la RN2 en 2×2 voies devrait enfin être mis sur pieds. La RN49 reliant Valenciennes à la Belgique fait également partie des promesses du nouveau président de la région. Il faut dire que la mise en 2×2 voies du tronçon est attendue depuis bien longtemps. Elle favoriserait, comme les autres aménagements, le développement économique en facilitant la circulation et en désenclavant des zones peu attractives car mal desservies. Autre point à noter : les autoroutes de la métropole lilloise et du bassin minier connaissent une saturation flagrante qui nécessite de repenser les axes routiers. Encore une fois, Xavier Bertrand s’est engagé sur ce point. Il faut donc espérer que des solutions concrètes se mettent rapidement en place.
Sécurité
Comme partout, des quartiers sont marqués par des violences. Il faut dire que le taux de chômage élevé pour les jeunes (y compris ceux qui ont des diplômes universitaires) conduit ces derniers à passer une partie de leur temps dans la rue. On pourra aussi relever une hausse de l’insécurité dans les moyens de transport. C’est d’ailleurs ce qui a motivé le candidat vainqueur aux régionales pour proposer d’installer des dispositifs de télésurveillance et d’engager du personnel dédié à assurer la sécurité des voyageurs notamment dans les bus le soir.
Globalement, le nouveau président de la région doit donc s’attaquer à deux problèmes majeurs du Nord-Pas de Calais-Picardie : le chômage et le désenclavement des villes. En effet, en apportant une solution à ces deux points, d’autres aspects négatifs pourraient se régler par eux-mêmes. A titre d’exemple, créer du travail pour les jeunes induira nécessairement une baisse des violences constatées.
A.G