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Croatie : selon les conclusions d’un nouveau rapport, les langues minoritaires sont largement utilisées dans l’enseignement, mais trop peu dans l’administration publique et la radiodiffusion

Strasbourg, 27.05.2024 – Dans un rapport publié aujourd’hui, le Comité d’experts de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires félicite la Croatie pour son engagement en faveur des minorités nationales. Le pays continue, en effet, de protéger et de promouvoir les langues minoritaires et permet leur utilisation dans des domaines tels que l’éducation, la justice, l’administration, les médias ou la vie culturelle. Cependant, le rapport souligne aussi qu’il reste beaucoup à faire pour étendre leur utilisation.

La Charte, qui est entrée en vigueur en Croatie en 1998, couvre à des degrés divers les langues minoritaires telles que le tchèque, le hongrois, l’italien, le ruthène, le serbe, le slovaque et l’ukrainien, ainsi que le roumain boyash, l’allemand, l’istro-roumain et le slovène.

Toutes les langues minoritaires, à l’exception de l’istro-roumain, sont désormais présentes dans l’enseignement selon l’un des trois modèles applicables : enseignement dispensé dans la langue minoritaire, enseignement bilingue ou enseignement de la langue minoritaire avec l’histoire et la culture qui y sont associées. Toutefois, on observe pour certaines langues minoritaires une discontinuité entre les différents niveaux d’enseignement. Il est important que, dans la pratique, un nombre suffisant d’heures soit consacré à l’enseignement de la langue minoritaire avec l’histoire et la culture dont elle est l’expression. Le lancement récent de cours de roumain boyash est, selon le rapport, une « tendance positive » qui doit être renforcée. Néanmoins, les autorités croates devraient engager une « action plus déterminée » pour assurer l’enseignement de l’istro-roumain qui est, selon le rapport, « sérieusement menacé », et le promouvoir.

À l’exception de l’italien, les langues minoritaires ne sont présentes que de manière limitée dans l’administration. Selon les experts, le seuil d’un tiers requis pour un usage officiel à égalité est trop élevé. Le rapport indique également que la possibilité qu’ont les autorités locales et régionales « d’introduire volontairement » l’usage officiel d’une langue minoritaire n’est pas suffisamment encouragée ni mise en œuvre. En outre, même lorsque le seuil d’un tiers est atteint, rien ne garantit l’application pratique immédiate de l’usage officiel à égalité d’une langue minoritaire. En ce qui concerne les panneaux toponymiques, le rapport souligne que les communes utilisent rarement l’alphabet cyrillique pour le serbe. Le rapport rappelle que les autorités croates devraient veiller à la mise en œuvre de la Charte dans tous les territoires dans lesquels les locuteurs d’une langue minoritaire sont traditionnellement présents en nombre suffisant, indépendamment des seuils fixés, et faciliter l’utilisation des langues minoritaires dans la pratique.

L’utilisation des langues minoritaires dans la radiodiffusion publique est également souhaitée. Certaines antennes du radiodiffuseur public et plusieurs stations locales ou régionales assurent une présence des langues minoritaires à la radio, mais cela n’est pas le cas à la télévision.

Le rapport inclut la liste suivante des recommandations « prioritaires » transmises au Comité des Ministres :

  • prendre des mesures résolues pour promouvoir la sensibilisation et la tolérance à l’égard des langues minoritaires et des cultures qu’elles représentent en tant que parties intégrantes du patrimoine culturel de la Croatie, à la fois dans le programme d’enseignement général à tous les niveaux d’enseignement et dans les médias, et en renforçant leur visibilité dans l’espace public ;
  • prendre les mesures nécessaires pour introduire l’usage officiel à égalité des langues minoritaires, indépendamment du seuil, et veiller à ce que chaque langue minoritaire couverte par la Charte soit en usage officiel à égalité dans au moins une collectivité locale ;
  • garantir l’utilisation des langues minoritaires dans la pratique au niveau des antennes locales des administrations de l’État, des autorités des comtés et des autorités locales ;
  • développer l’utilisation des langues minoritaires dans l’enseignement de manière à assurer, pour chaque langue, la continuité de l’enseignement du niveau préscolaire jusqu’au niveau secondaire ;
  • assurer pour toutes les langues minoritaires la diffusion régulière et à une fréquence convenable sur les chaînes publiques de radio et de télévision d’émissions d’une durée suffisante.

Le septième rapport d’évaluation du Comité d’experts de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires se fonde sur les informations communiquées par des sources gouvernementales et non gouvernementales, notamment celles obtenues lors de la visite en Croatie que le Comité a effectuée en octobre 2023. Il reflète la situation des langues minoritaires observable au moment de cette visite.

Le rapport d’évaluation a été publié avec les commentaires des autorités croates. Un résumé du rapport est disponible en croate. 

La Charte européenne des langues régionales ou minoritaires et la Croatie 

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La Charte européenne des langues régionales ou minoritairesest la convention du Conseil de l’Europe qui vise à protéger et à promouvoir les langues régionales ou minoritaires traditionnelles des États parties et à permettre aux locuteurs de ces langues de les utiliser dans la vie publique et privée. Sa mise en œuvre fait l’objet d’un suivi assuré par un comité d’experts indépendants. Ayant pris effet au 1er mars 1998, le traité est maintenant en vigueur dans 25 États.

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