Bilan 2023 sur l’insécurité en France
La « France Orange mécanique ». Les chiffres de la délinquance en 2023, publiés ce 31 janvier par le ministère de l’Intérieur, sont sans appel : la France connaît, année après année, une hausse de la majorité des crimes et délits. Un bilan désastreux pour Gérald Darmanin, en poste place Beauvau depuis plus de trois ans, qui préfère aujourd’hui passer sous silence l’augmentation de l’insécurité dans le pays.
Une agression sexuelle toutes les cinq minutes
Tous les indicateurs sont au rouge et la situation ne cesse de se dégrader. « Les hausses les plus fortes concernent les atteintes aux personnes », notent, d’emblée, les services du ministre de l’Intérieur. Ainsi, outre l’augmentation des coups et blessures volontaires (+7 %), les homicides passent la barre symbolique des 1.000 victimes (1010 en 2023) et les tentatives d’homicides, quant à elles, explosent (+13 %). Les violences sexuelles, grande cause de lutte du quinquennat, connaissent, elles aussi, une augmentation significative (+8 %), avec près de 94.900 faits signalés, soit une agression sexuelle toutes les cinq minutes. Si, comme le précise le ministère de l’Intérieur, la libération de la parole des victimes, encouragée par le mouvement MeeToo, peut expliquer en partie cette accélération, ces chiffres révèlent surtout une hausse objective et inquiétante du phénomène. À noter, par ailleurs, que ces données ne prennent en compte que les faits enregistrés par les forces de l’ordre et restent bien en deçà de la réalité.
À ces atteintes aux personnes s’ajoute une augmentation record des destructions et dégradations volontaires (+3 %). Sur la seule semaine du 27 juin au 3 juillet 2023, lors des émeutes urbaines qui ont secoué le pays après la mort de Nahel, les policiers ont constaté une explosion (+140 %) de ces dégradations. À cette période, les cambriolages de locaux industriels et commerciaux ont ainsi triplé et les outrages et violences à l’égard de personnes dépositaires de l’autorité publique ont été multipliés par deux. Sur l’année 2023, seuls les vols et violences dans les transports – à l’exception des violences sexuelles dans les transports -, les vols sans armes et le trafic de stupéfiant ont connu un très léger recul.
Autosatisfaction de Darmanin
Sur le profil des auteurs de ces crimes et délits, les forces de l’ordre notent qu’une grande majorité ont entre 15 et 24 ans. Fait notable : le bilan de la délinquance en 2023 laisse apparaître une surreprésentation des étrangers parmi les mis en cause. Ainsi, alors que les étrangers représentent 8 % de la population résidant en France, ils sont 17 % parmi les auteurs de crimes et délits. S’ils restent minoritaires, ils sont surreprésentés dans certaines catégories, notamment dans les cambriolages (38 %), les vols dans les voitures (40 %) et les violences dans les transports (53 %). Une surreprésentation liée, selon les services du ministère de l’Intérieur, à l’existence de filières criminelles exploitant les mineurs isolés.
Ce bilan désastreux n’a pas manqué d’être attaqué par les oppositions. Si, du côté des Républicains, on dénonce une violence qui « explose », au Rassemblement national, les élus pointent du doigt la responsabilité du ministre de l’Intérieur. Thomas Ménagé, député RN du Loiret, dénonce ainsi la « faillite de la politique sécuritaire de Gérald Darmanin, incapable de contenir et de combattre l’insécurité ». Marine Le Pen ajoute : « Gérald Darmanin doit vraiment arrêter ses discours d’autosatisfaction. » Car il est vrai que cette hausse continue de la délinquance enregistrée par les services de police apparaît bien éloignée des discours de félicitation personnelle tenus par Gérald Darmanin au cours de l’année. À plusieurs reprises en 2023, le ministre de l’Intérieur s’était ainsi réjoui sur ses réseaux sociaux d’une « baisse de la délinquance ». Récemment encore, le locataire de Beauvau se réjouissait de sonbilan en matière de lutte contre le trafic de drogue. Si le trafic de stupéfiants a bel et bien connu une sensible baisse en 2023 (-1 %), l’usage de stupéfiants continue d’augmenter (+4 %), tout comme les règlements de comptes (49 morts, seulement à Marseille, en 2023) et autres violences connexes au trafic de drogue. Au vu de ces chiffres, l’ensauvagement de la France n’est donc plus un « sentiment » mais bien une réalité.
