WEF: What ‘E Fuck? Par Stephane Geyres
Le WEF est le World Economic Forum, le Forum Economique Mondial en Français, le fameux « machin » qui réunit tant de pontes chaque année à Davos pour réfléchir sans nous à notre futur.
Parmi les divers documents que le WEF publie annuellement, on compte le « Global Risks Report », qui pour 2016 en est à sa 11ème édition. Ce rapport prétend exposer les grands risques menaçant notre monde, telle la crise de l’eau, ainsi que leur évolution par rapport aux années passées. La synthèse est présentée sous la forme d’un graphique – ci-contre – où les différents risques figurent selon leur gravité potentielle et leur vraisemblance dans les circonstances actuelles.
Ainsi cette année, les deux risques les plus forts pesant sur nos têtes sont selon le WEF : Failure of climate-change mitigation and adaptation (Echec de la réduction du changement climatique et de notre adaptation) et Large-scale involuntary migration (Migration de masse non souhaitée).
Ce qui est intéressant à la lecture de la liste de 29 risques figurant sur le graphique et détaillés par le rapport, c’est en premier leur éloignement de risques majeurs tels qu’on les imagine vraiment : très peu sont des risques très concrets tels que la famine ou quelque épidémie mondiale. Ensuite, et je commencerai par cette analyse, pour la plupart on peut affirmer qu’ils sont le reflet de l’étatisme mondial et dont le WEF est lui-même un promoteur. Libéral le WEF ? Laissez-moi rigoler.
Mais voyons cette liste de « risques » et pour les premiers, demandons-nous ce qu’ils cachent :
Asset bubble in a major economy: Bulle financière dans une grande économie : La théorie de l’école autrichienne d’économie (EAE) nous apprend qu’il ne peut y avoir de bulle sans interférence étatique dans la monnaie et intervention dans l’économie en général. C’est donc un risque de source étatique.
Deflation in a major economy: Déflation dans une économie majeure : L’EAE nous explique que la déflation est un phénomène naturel qui est l’expression de notre enrichissement par capitalisation et par progrès technologique. Autrement dit, ce n’est pas du tout un risque, mais un objectif mondial.
Failure of a major financial mechanism or institution: Faillite d’un mécanisme ou d’une institution financière : Le WEF craint bien sûr le risque financier systémique suite à une faillite bancaire par exemple ; on pense à une réplique de la crise de 2008. Mais ne porter l’attention que sur une seule faillite, c’est en faire un sujet minuscule. Le monde devrait pouvoir ne pas se soucier de la moindre faillite, fût-elle bancaire. A nouveau, c’est l’étatisme financier mondial qui a créé ce faux risque.
Failure/shortfall of critical infrastructure: Faillite ou manque d’infrastructure critique : Noter qu’on ne sait pas vraiment ici ce qu’on entend par infrastructure critique – c’est cependant détaillé dans le rapport. Globalement, l’analyse est la même que pour le précédent : une faillite, tout comme le manque de services, est un phénomène naturel et intemporel ; cela fait des siècles que le monde vit avec de tels risques et a appris à les gérer grâce au libre marché. Imaginer qu’on puisse en arriver à un point où une seule faillite ou le défaut d’une seule infrastructure pourrait mettre le monde à risque en dit long sur la fragilité du système et sur la vision qu’a le WEF des risques de notre monde.
Fiscal crises in key economies: Crises fiscales au sein d’économies importantes : Ici, c’est le concept même de crise fiscale qui est amusant. En gros, on considère qu’il est tout à fait crédible que beaucoup dans ce gens refusent de payer leurs impôts, ou plus d’impôts, alors que le vrai risque pour le monde en la matière tient au contraire à l’existence même de la pression fiscale étatique.
High structural unemployment or underemployment: Fort chômage ou sous-emploi structurels : Ici encore, l’EAE nous enseigne que le chômage n’est jamais un phénomène naturel, mais au contraire toujours le produit de politiques protectionnistes en faveur des salariés en place : SMIC, droit du travail hyper-protecteur rendant le licenciement impraticable, statut de fonctionnaire et assimilés.
Illicit trade (e.g. illicit financial flow, tax evasion, human trafficking, organized crime, etc.): Commerce illicite ou frauduleux (évasion fiscal, crime organisé, trafic humain, flux financiers, etc.) : Un des plus comiques que ce concept d’échange illicite ou frauduleux. Voilà par définition une construction sans réalité dans une société libre où le libre échange est à la base de la société. Retenir ainsi l’évasion fiscale comme une source de risque montre à quel point ces chers (très chers) experts du WEF ont perdu le sens commun, ceux-là mêmes qui très probablement vivent dans quelque paradis fiscal.
Severe energy price shock (increase or decrease): Choc sévère sur les prix de l’énergie (hausse ou baisse) : Vous avez bien lu, une baisse des prix de l’énergie pourrait bien être un risque majeur. Autrement dit, il est dangereux que plus de monde puisse un jour payer moins cher son énergie.
Unmanageable inflation: Inflation incontrôlée : Exemple classique pour finir, l’EAE nous apprend tout d’abord que l’inflation ne peut exister que comme conséquence de la manipulation monétaire par les états ou leurs banques centrales ; ce risque est donc 100% étatique. De plus, imaginer une inflation incontrôlée, c’est avouer l’inflation contrôlée donc volontaire, c’est donc avouer qu’on pense sain de faire en sorte que les bas de laine du monde entier perdent un peu de leur valeur chaque jour.
Mais arrêtons-nous là. On aura compris. Ces risques n’en sont pas. Ils ne sont que l’expression de la vue complètement biaisée qu’ont de la vie et de la société les « grands » de ce drôle de monde.
Il est assez extraordinaire de constater qu’à part les crises de l’eau – et encore, il s’agit là d’un risque aux dimensions très politiques – le WEF ne s’intéresse à aucun des grands risque intemporels de l’humanité : famine, maladies et épidémies, guerres ou encore misère généralisée. Et pour un libéral, les autres grands phénomènes, les grandes causes des dysfonctionnements politiques et sociaux qui sont en réalité les véritables enjeux à la base de la plupart de ces risques imaginés de toutes pièces.
On se prend ainsi à rêver d’un WEF qui publierai un Global Risk Report 2017 centré autour de risques comme la généralisation de la démocratie, l’impérialisme américain, le développement de l’emprise des religions, la régression du respect et de la protection du droit de propriété individuelle, le manque d’indépendance et de neutralité croissants d’Internet, le recul du libre marché, un peu partout l’accroissement des textes de loi, l’endettement exponentiel des pays, le développement de la propriété intellectuelle et ses brevets, ou encore le recul du droit naturel au profit du droit positif.