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Tracking : Qui n’a rien à craindre n’a rien à cacher

Stephane Geyres est consultant et auteur d’ Éclairs de Liberté


J’ai moi-même longtemps cru, comme beaucoup de monde j’imagine, que lorsqu’on n’a rien à cacher, on n’a rien à craindre à voir ses actes ou données personnelles partagés ou visibles du public, sur les réseaux sociaux par exemple. J’étais encore naïf, comme beaucoup.
Depuis, j’ai compris que c’est l’inverse qui est vrai, à savoir que c’est quand on n’a rien à craindre qu’on n’a plus rien à cacher. L’importance de la nuance est précisément que dans le pays où nous vivons, et hélas ce n’est pas le seul, on nous affirme qu’il n’y a rien à craindre, de ceux qui nous observent. Or rien n’est moins faux. Et cela ne va pas en s’arrangeant.
Nous connaissons tous, plus ou moins, le concept d’omni-surveillance attaché à Big Brother et à l’œuvre de George Orwell, 1984. La Chine a depuis quelques années réellement pris la voie de Big Brother, avec son système de surveillance de ses citoyens couplé à une sorte d’indice de bon comportement, ou de bonne utilité sociale. Les Chinois sont donc d’ores et déjà sortis de la fiction, ils ont déjà plongé dans l’horreur. Or tout laisse à penser que les socialistes pré-communistes au pouvoir chez nous aient l’ambition de suivre l’Empire du Milieu.
Plusieurs faits pris dans l’actualité récente poussent à le penser. Chez nous tout d’abord, début avril, Mounir Mahjoubi croit malin de nous vendre le traçage numérique comme solution partielle à la crise du Covid-19 et de le justifier parce que son « objectif » serait de « sauver des vies ». (voir image 1) Je vois au moins quatre problème dans cette idée.
Le plus important selon moi, c’est que nous avons là affaire à une réflexion typique de tout socialisme ou étatisme, sous la forme d’une logique où la fin justifierait les moyens. Un socialiste ou étatiste se garde bien, voire est incapable de baser sa réflexion sur des principes moraux solides et indéfectibles, tel que « tu ne voleras point » ou « tu ne tueras point ». C’est comme pour les riches, on leur reproche de voler les pauvres, à tort, mais en réponse on se permet de les voler via des taxes. Ici, le principe que le pouvoir envisage de violer, c’est bien sûr celui de la protection de la vie privée, fût-elle numérique.

De plus, outre qu’à aucun moment ce triste sire n’envisage une autre option, où par exemple ce seraient les familles ou les communautés qui organiseraient librement leur propre surveillance, il se garde bien de préciser quand et comment on sortirait de ce tracking forcé mis en place à la sauvage. Il est toujours facile pour le pouvoir de rogner la liberté, il est bien plus rare et difficile de le pousser à nous la rendre.
Car quelle confiance peut-on avoir en ceux qui nous surveilleraient ainsi ? Aucune, bien sûr. Je prendrai un simple indice. Une directive européenne encore récente, dite « RGPD » (ou « GDPR » en anglais) est mise en avant par les bureaucrates pour, dit-on, forcer les entreprises à se soucier de la protection des données personnelles de leurs clients. On aurait espéré que ce sinistre esprit y aurait pensé et aurait au moins fait mine d’annoncer la prise en compte de cette directive, par exemple en acceptant que chacun de nous puisse refuser d’être fiché et surveillé par son système. Pris ainsi entre liberté et efficacité, un homme de principe aurait privilégié la liberté. Pas ce sinistre étatiste typique.
Autre fait d’actualité récent, le pouvoir claque 4 millions d’euros pour acheter pas moins de 650 drones de différents types qui serviront à notre surveillance physique cette fois. (voir image 2) Quel est donc le but d’une telle Armada ? Est-ce pour nous filmer, à notre insu, comme il est fait en Chine ? Qu’est-ce qui nous prouve que ces équipements ne seront destinés qu’à une observation gentillette des citoyens digne des Bisounours et qu’elle n’évoluera en aucune façon vers un système de traçage parfaitement arbitraire ?

Une des questions majeures qu’un tel achat pose, et dont je m’étonne toujours que les journalistes soient à ce point aveugles et incapables de poser, tient à la surveillance que les citoyens eux-mêmes auront envers ces systèmes. Si nous sommes, comme on nous l’affirme, en démocratie, et que celle-ci est vraiment le « pouvoir du peuple par le peuple », j’aimerais qu’on m’explique comment il est prévu que le peuple puisse garder la main sur l’usage qui sera fait de ces monstres de surveillance. Quand on voit que pour les simples radars nous flashant en bord de route, il n’est pas possible de contester leur simple principe, encore moins la hausse de leur nombre, je ne peux que me persuader que ces 650 engins ne sont rien d’autre que le premier pas de l’évolution chinoise de notre état policier.
Pour finir, même s’il s’agit d’un événement plus international, je souhaite évoquer Bill Gates et son rêve de suivi de chacun de nous par crainte de pandémie et de contamination. (voir image 3) Ce foldingue, qui n’est qu’un bureaucrate masqué puisque tout son succès a reposé sur les monopoles que les états lui ont accordés, ose ouvertement proposer un Big Brother mondial selon de parfaits arguments utilitaristes privés de toute morale.
Peut-être est-il temps de prendre conscience que c’est toujours des états et de leurs prophètes ou profiteurs, tel Bill Gates, qu’il faut avoir peur, qu’il faut craindre et dont il faut tout cacher. Un virus, même la pire pandémie, ne fait que passer, il ne fera de victimes que ponctuelles. Un état devenu Big Brother en fera plus encore sans doute que ce que le XXe siècle nous a déjà montré comme échelle possible dans l’horreur arbitraire et génocidiaire.
 
« Les deux objectifs du Parti sont de conquérir toute la surface de la terre et d’éteindre une fois pour toutes possibilité d’une pensée indépendante. Il y a donc deux grands problèmes que le Parti s’attache à résoudre. L’un est comment découvrir contre sa volonté ce qu’un autre être humain pense, et l’autre est comment tuer plusieurs centaines de millions de gens en quelques secondes sans avertissement préalable. » – George Orwell, 1984

Comments

  • Anonyme
    avril 24, 2020

    4.5

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