REFUGIES : « Notre impératif, discernement et humanité » Nathalie GRIESBECK
J’observe que certains élus, français et européens, perdent pieds dans la crise des réfugiés à laquelle l’Europe est aujourd’hui confrontée. Nous devons prendre conscience de notre responsabilité historique et, de tous bords, avoir le courage de faire preuve d’humanité et d’agir sur les causes. Tous les flux de population ne sont pas animés par une seule et même cause. J’en appelle donc au discernement de chacun pour reconnaitre, dans la situation des réfugiés qui fuient la guerre un appel à l’urgence qui n’a rien de comparable avec la précarité économique que d’autres migrants veulent quitter.
Cette distinction est reconnue par le droit international et le statut de réfugié est précisément et juridiquement défini. Elle nous engage à agir avec humanité, pour apporter l’aide à ceux qui sont menacés par la barbarie ; de même que nous devons agir avec fermeté sur les causes, et notamment sur la situation dramatique de la Syrie. Nous sommes à ce titre solidaires des frappes aériennes contre Daech lancées aujourd’hui même par la France, et conscients qu’il ne s’agit que d’une étape. En Europe, nous nous sommes donnés les moyens de résoudre, entre 2007 et 2009, une crise financière sans précédent. Aujourd’hui, nous devons nous donner les mêmes moyens pour traiter cette crise humanitaire et sécuritaire avec vigueur.
Il est essentiel aujourd’hui d’aider financièrement le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations unies à accomplir sa mission et de consolider les hot‐spots. Mais aussi de raisonner sur nos frontières européennes, et de comprendre qu’aucune solution purement nationale n’est viable ; plus que jamais l’Europe peut et doit être la solution car les Etats européens doivent s’allier pour faire face. Nos priorités doivent être clairement affirmées : x Débloquer les moyens financiers au niveau européen pour assumer nos responsabilités historiques dans l’accueil des réfugiés qui fuient la guerre, x Renforcer les dispositifs européens « hot‐spots » et le contrôle de nos frontières communes extérieures ; x Combattre les causes profondes de cette situation dramatique. J’oppose cette feuille de route pragmatique aux propos extrémistes qui n’apportent aucune solution et à ceux qui s’en rendent complices par des éclats médiatiques, en Europe et jusque dans notre propre région.