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Pouvoir d’achat : le prix des fruits et légumes a flambé

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Selon Familles rurales, le prix moyen des fruits et légumes a flambé de 11 % entre 2021 et 2022. L’association de défense des consommateurs a calculé que désormais, manger cinq fruits et légumes par jour représente entre 5 % et 16 % d’un SMIC pour une famille de quatre personnes

Juillet 2023 a vu une baisse notable des prix de certains fruits et légumes en France, grâce aux pluies dans le nord du pays. Les abricots ont connu une chute de 11% et les tomates de 25% par rapport à la même période de l’année précédente. Laurent Grandin, président d’Interfel, l’interprofession des fruits et légumes frais, a souligné que cette situation est d’autant plus frustrante que « les produits sont de bonne qualité », affirme-t-il à La Voix du Nord. Les régions densément peuplées comme les Hauts-de-France et l’Île-de-France ont particulièrement ressenti cet impact.

Face à une demande en baisse, les producteurs doivent chercher des alternatives pour écouler leurs stocks. Des fruits comme l’abricot, la reine-claude et la mirabelle trouvent des débouchés dans l’industrie agroalimentaire pour la confiture, explique Françoise Roch, la présidente de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF). En revanche, il n’y a pas de plan B pour le melon, la pêche ou la tomate, qui ne sont pas destinés à être transformés.

Perspectives automnales et hivernales rassurantes pour les fruits et légumes

Bien que la saison estivale présente un bilan plutôt morose pour certains produits, les perspectives pour l’automne et l’hiver sont optimistes. Françoise Roch affirme qu’il n’y aura pas de problème pour les produits de ces saisons, grâce à l’absence de gelées et à des précipitations suffisantes pour assurer de beaux calibres. Laurent Grandin partage cet avis, anticipant une meilleure récolte que l’an passé pour la pomme, la poire, le kiwi et la carotte.

La météo pluvieuse de l’été 2023 a clairement eu un impact direct sur la consommation de fruits et légumes en France, faisant chuter les prix. Si cette situation a posé un sérieux casse-tête aux producteurs, elle a également favorisé les consommateurs. Les perspectives pour les prochaines récoltes sont rassurantes, mais la météo des semaines à venir sera cruciale. Une collaboration étroite entre les producteurs et les industries agroalimentaires pourrait également contribuer à atténuer les effets de ces fluctuations saisonnières.

Le bio victime d’une désaffection des consommateurs

La situation est un peu différente du côté du bio. Les prix y augmentent moins vite. Deux raisons à cela. D’une part parce que les agriculteurs utilisent moins d’intrants dont les prix ont augmenté. Si l’association ne détaille pas ce point, il s’agit sans doute notamment des pesticides et engrais dont une grande partie était produite en Russie et en Ukraine.

 Les trois drames du bio selon la Cour des Comptes

Trop de labels

La deuxième grande explication au retard du bio sur ses objectifs, selon la Cour des Comptes, tient au défaut d’information du consommateur perdu face à la prolifération de labels. « Trop de labels tuent le label », répète Pierre Moscovici, premier président de la Cour.

« Les labels moins exigeants chassent les autres », ajoute-t-il, déplorant que « le ministère de l’Agriculture soutienne le label Haute valeur environnementale (HVE) à la même hauteur que le bio, alors qu’il offre beaucoup moins de garanties ».

Les Sages de la rue Cambon font plusieurs recommandations pour relancer le bio, parmi lesquelles, un effort « intense » de communication qui éclaire le choix des consommateurs. Et de rappeler que le bio interdit les pesticides, limite les engrais et la pollution de l’air ou de l’eau de ce fait, qu’il favorise le bien-être animal et préserve la bio-diversité.

Pas assez de suivi

La Cour des comptes préconise d’instaurer un système d’aides différenciées qui privilégie le bio sur le HVE par exemple ou de relever le niveau d’exigences à l’égard du HVE. « Il faut faire en sorte que les 9 milliards d’euros que l’agriculture française profitent le plus possible à la transition écologique », estime Pierre Moscovici.

La France, estime-t-il, doit avoir une double approche à la fois économique et écologique, ce qui doit conduire à « mieux rémunérer les services rendus à l’environnement par les agriculteurs ».

« Le rapport ne se veut pas exhaustif », a indiqué Pierre Moscovici. S’agissant de la responsabilité des prix dans le brusque retournement de marché, il a estimé que le « suivi des prix est tout à fait insuffisant. Il n’y a pas de données globales. Seulement quelques éclairages partiels ».

Pas assez d’aides

La France est d’abord loin d’avoir atteint ses objectifs de passer 15 % des surfaces agricoles en bio et 20 % de l’offre en restauration collective en 2022. Le pays compte 10 % de terres en bio. Quant à l’offre dans les cantines, elle plafonne entre 5 et 6 %. La France n’en est pas moins leader en Europe.

Pour la Cour des Comptes, cet échec tient à l’insuffisance des moyens consacrés au bio. « Malgré une réévaluation des aides à la production bio en 2015 favorisant les conversions, les enveloppes associées initialement à ces dispositifs se sont rapidement révélées insuffisantes » pour répondre à l’afflux d’agriculteurs candidats. « Cela a conduit les régions à plafonner les aides », dit la Cour des comptes.

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