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« POUR RETROUVER LA CONFIANCE DES PEUPLES,L’EUROPE DOIT SE REFORMER » Marielle DE SARNEZ

 

 

Au lendemain d’élections italiennes dont le résultat a réjoui les plus europhobes et inquiété les plus europhiles, il nous faut regarder les choses en face : une proposition politique se développe affirmant qu’il est possible pour les pays européens de choisir à nouveau l’aggravation volontaire des déficits. Cela a été à la fois la campagne Berlusconi et la campagne Grillo. Si nous appelons les choses par leur nom, cette proposition est pour les pays très endettés une impasse, puisqu’elle conduit à l’explosion des taux d’intérêt. C’est aussi et spécialement vrai pour la France où l’on entend à nouveau des discours de cet ordre.

Nous sommes le seul pays dont le déficit dit « primaire », avant charge de la dette, atteint un niveau proche à lui seul des 3% du PIB. Nous ne pouvons plus soutenir aujourd’hui une dépense publique, quasiment la plus haute d’Europe, 57% de notre PIB, qui pèse sur notre Etat, le rendant souvent inefficace, crée avec l’empilement de nos collectivités locales un maquis incompréhensible, bien loin des préoccupations de nos concitoyens, et ne garantit ni la pérennité ni la qualité de notre système de protection sociale.

C’est à ces déséquilibres qu’il faut s’attaquer, bien plus vigoureusement qu’on ne l’a fait depuis une décennie, car c’est la seule façon de protéger demain notre modèle social, de libérer créativité et initiatives, de soutenir la production, d’accompagner durablement nos PME. La France doit se réformer, pour retrouver de la croissance, se donner des marges de manœuvre, et offrir à nos compatriotes des perspectives d’avenir.

Cette même question vaut pour l’Europe. Pour retrouver la confiance des peuples, l’Europe doit se réformer. Elle doit devenir plus démocratique. Les citoyens ont le sentiment que l’Europe agit sans eux, et même contre eux. Ils ignorent les méandres qui conduisent à la prise de décision. Méconnaissent la complexité du « triangle institutionnel ». Ne se retrouvent pas dans les dirigeants de l’Union, dont ils ignorent d’ailleurs les noms et les visages. Et considèrent le plus souvent que les décisions sont prises par une sorte de « Troïka » dont ils ne savent rien. Ceci doit cesser. L’Europe doit sortir de l’anonymat. Avec des dirigeants élus. Et des Etats membres assumant publiquement leurs positions, s’impliquant dans un destin collectif, et s’appropriant les choix européens.

Elle doit devenir plus solidaire. On le voit dans la crise de la dette souveraine, ce qui a le plus manqué, c’est l’esprit de solidarité. Les efforts de discipline budgétaire consentis par les peuples doivent aller de pair avec la création d’instruments de solidarité effective, tels que la mutualisation de la dette, la création d’euro-obligations, la création d’une ressource propre pour son budget, l’harmonisation fiscale et sociale, et une meilleure péréquation.

Elle doit devenir plus efficace. Et retrouver une capacité à décider. Qui ne voit que nous aurions grandement besoin d’une implication commune et coordonnée dans le domaine de la recherche, d’investissements collectifs dans les infrastructures de transports, de stratégie cohérente en matière d’énergie ? Qui ne voit que nous avons besoin de mener, tous ensemble, une politique énergique et volontariste d’industrialisation ? On peut le faire en mutualisant une part des budgets nationaux consacrée à l’investissement. On peut le faire aussi en faisant appel à l’épargne européenne. Il s’agit simplement de le vouloir.

Marielle De Sarnez

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