Nouvelle crise de la vache Foll
La crise des éleveurs bovins est l’occasion d’observer en plein jour une multitude de fausses croyances et de dysfonctionnements profonds de ce pays qui fut pourtant celui des Lumières. Juste pour donner une idée, que ce soit le protectionnisme, le non-respect du droit, la politique agricole, l’endettement, le rôle du marché, celui de la distribution ou la protection du territoire, aucun de ces thèmes gravitant autour de la crise de ces derniers jours n’est l’objet d’une position saine de la part des politiciens et autres gouvernants. Et c’est bien parce que tout est géré en dépit du bon sens qu’on en arrive à ces soulèvements à répétitions qu’on observe depuis des années chez les paysans.
Donnons juste un exemple de la mauvaise foi politique. Dans LeFigaro, Périco Légasse demande : « Comment un éleveur peut-il accepter de vendre sa viande 3,98€ et de la retrouver à 14,50€ sur les étals des grandes surfaces? Qui se goinfre au passage? ». Il vise bien sûr la grande distribution. Mais c’est oublier la part qui dans une telle somme tombe en réalité dans les poches de l’état, qui se garde bien de proposer de baisser son appétit et préfère appeler à l’effort des consommateurs.
Sur 14,50€, il y a déjà 2,90 de TVA, restent 7,62€. En imaginant que la distribution prenne 15% de marge, ce qui est bien plus qu’en réalité, il reste 6,48€ de coûts, dont les salaires forment la plus grosse part, disons 6€. Quand on se rappelle que 50% des salaires finit en taxes et cotisations, on arrive au total à environ 6€, soit 40% du prix, qui sont dus à l’ogre étatique. On se trompe de cible.
Mais ce qui est le plus grave dans cette crise, c’est l’infantilisation de la société dont elle témoigne. Tout d’abord, à force d’interventions répétées, on a mis depuis des années les agriculteurs en situation de dépendance. Mais inversement, ceux-ci ne savent plus se prendre par la main, assumer leur destin et leur situation et au moindre pépin, ils bloquent sans vergogne leurs concitoyens.
Il est profondément choquant que le pouvoir réagisse à la moindre once de chantage de telle ou telle catégorie socio-professionnelle. Mais il est tout autant scandaleux que ces mêmes catégories socio-professionnelles prennent le pays en otage pour le moindre bobo, tels des ados n’affrontant pas leurs propres erreurs. Car il faut le dire, les éleveurs se sont mis tous seuls dans cette situation.
Ils nous disent lors des reportages qu’ils n’ont pas le choix, qu’ils ne peuvent pas faire autrement que de saccager pour être écoutés. Cela est bien sûr absolument faux, ils ont le choix d’assumer. Qui peut être assez sot pour s’endetter à vie pour monter une exploitation dans un domaine où par nature même aucun revenu ne peut être garanti ? S’endetter pour acheter 1 ou 2 vaches, d’accord, le risque est limité. Mais s’endetter pour en acheter 20, 30 ou 50, il faut être inconscient, prêts d’état ou pas.
Se faire entendre ? Depuis quand le rôle de l’état est-il de venir à l’aide des entrepreneurs qui ne savent pas prendre les bonnes décisions ?
stephane G