Notre-dame-de-Paris: Où en est la restauration de Notre Dame ?
« Nous rebâtirons la cathédrale plus belle encore et je veux que ce soit achevé d’ici cinq années. Nous le pouvons et là aussi nous nous mobiliserons
« . Le discours volontariste du président Emmanuel Macron a résonné dans nos cœurs meurtris au lendemain de l’incendie de Notre Dame. En ajoutant :« Nous sommes ce peuple de bâtisseurs, nous avons tant à reconstruire« , le président proclamait l’ enthousiasme nécessaire qui transcende dans un projet commun les clivages d’une France aujourd’hui déchirée. Il a hissé nos espoirs à la hauteur de notre émotion. Cette annonce du Président de la République est de caractère volontariste. Car l’esthétique a peu à voir en cette affaire. Le chef de l’État est dans son rôle politique.
Techniquement on construit un stade de 50 000 personnes en deux ans, on peut donc restaurer une toiture en cinq ans…
Le délai de cinq ans fixé par Emmanuel Macron est possible à atteindre, seulement s’il n’y a pas de contraintes administratives. Où en est la restauration de Notre Dame ?
La question se pose donc non sur la matérialité d’une œuvre à restaurer ce que nous saurons très bien refaire mais sur notre capacité à perpétuer un prodige incorruptible. C’est un défi, une formidable gageure qui va puiser aux sources de notre vitalité nationale et spirituelle ; nos artisans, nos compagnons du devoir sont des artisans du beau car l’art est d’abord un métier, un savoir-faire. Mais l’espérance dont nous parle le président réside dans cette confiance dans les ressources du génie français, «peuple de bâtisseurs» qui saura inventer par-delà l’habileté du métier.
Ce qui pourrait être possible cependant, c’est que dans 5 ans Notre-Dame puisse être ré-ouverte au public, avec une nouvelle couverture, si le matériau de la nouvelle charpente choisi permet une mise en œuvre rapide, tel que le fer, le béton ou autre. Mais elle sera dans ce cas, toujours en restauration et le chantier, en cours.
A ce jour, on sait que la charpente, le toit et le flèche ont été ravagés par les flammes et des éléments se sont effondrés, perforant ainsi deux voûtes à la croisée du transept et dans la nef. Il était fatal que la flèche tombe, c’est une véritable cheminée. En tombant elle a perforé la charpente mais sans fragiliser les structures En revanche on est passé à côté de la catastrophe quand le feu s’est déclaré dans la tour nord car si le beffroi avait cédé, les cloches se seraient écrasées et la tour sud à son tour aurait été fragilisée. Toute la façade aurait été déstabilisée. Actuellement les arcs boutants poussent à vide on les soutient avec des étais. Dans le même temps le plomb de la toiture a fondu et son poids doit être compensé : cela fait beaucoup de paramètres à régler.
L’intérieur de la nef a donc souffert de cet effondrement et surtout a été soumis aux très hautes températures dues à l’incendie, mais aussi a des quantités très importantes d’eau. Les deux facteurs combinés ont soumis la pierre à rude épreuve.
Les murs et la structure de la cathédrale tiennent, mais ayant été soumis a des conditions extrêmes, ils sont fragilisés. Les restes de bois calcinés et l’eau qui a été utilisée pour éteindre l’incendie ont ajouté du poids sur les voûtes. Le CNRS pointe aussi du doigt un danger peut-être encore plus grand qui est celui de la résistance au vent de l’édifice. Elle serait actuellement amoindri de 60% en ne pouvant supporter que des vents inférieurs à 90 km/h contrairement à 220 km/h auparavant.
Pour le moment, de nombreuses interventions ont été effectuées pour limiter les dégâts et préserver ce qui peut l’être. Tout d’abord le trésor a pu être mis en lieu sûr durant l’incendie et les tableaux qui étaient dans la nef ont pu être enlevés et transportés au Louvre afin d’être restaurés. L’ensemble des vitraux qui eux, n’ont pas été détruits par l’incendie ont été déposés et vont subir eux aussi une restauration pour les débarrasser de la suie
Au niveau des structures, plusieurs opérations ont été effectuées : tout d’abord, des filets de sécurité ont été posés sur les pignons et les roses pour prévenir tout risque de chutes d’éléments, de nombreux gravats et morceaux de poutres calcinés ont été enlevés à l’aide de robots afin de soulager les voûtes de leur poids et permettre l’écoulement de l’eau qui stagnait, etc. Enfin, la cathédrale a été munie d’une bâche qui repose actuellement sur une structure provisoire de poutres en treillis métallique, faute de charpente. Cette bâche est une solution d’urgence et est provisoire en attendant un toit parapluie
Inutile de dire que nous avons donc évité le pire
Si Notre-Dame cristallise notre incurable nostalgie, elle nous offre aussi un refuge à notre espérance .
Sandrine de La Houssière
Anonyme
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