MAKE OUR DELOCALISATION GREAT AGAIN
Dès qu’il s’agit de CO2, il y a « une vérité qui dérange » pour reprendre le titre du célèbre documentaire américain sorti en 2006 au sujet du changement climatique : la délocalisation des émissions.
En effet, depuis que les Conférence des Parties (COP) existent, les engagements ne portent que sur les émissions territoriale de CO2 : on compte le CO2 qui est émis depuis le territoire français et on s’assure que ces émissions baissent pour être sûr d’être beau sur la photo et de pouvoir s’auto-proclamer modèle à suivre en la matière avec des émissions de CO2 en baisse de 20% de 1995 à 2015.
Sauf que le compte de fée se transforme assez vite en cauchemar si l’on s’intéresse plutôt à la consommation territoriale de CO2, c’est à dire que l’on prend aussi en compte les émissions de CO2 de nos importations, qui ont augmenté de 87% de 1995 à 2015.
Évolution des composantes intérieures et extérieures de l’empreinte carbone de la demande finale intérieure en France (en millions de tonnes équivalent CO2)
Source : AIE ; FAO ; Citepa ; Douanes ; Eurostat ; Insee. Traitements : SDES, 2017
Et là, c’est la première grosse désillusion : notre consommation territoriale de CO2 a augmenté de 11% de 1995 à 2015. Mais comment est-ce possible?
Tout simplement en délocalisant nos usines, l’un des outils les plus efficaces pour faire baisser ses émissions territoriales de CO2 quand on n’a pas de charbon (à remplacer par du gaz naturel comme l’ont fait les Etats-Unis ou le Royaume-Uni).
Mais comme vous préférez voir le verre à moitié plein, vous me direz que nous avons cependant connu notre « pic CO2 » aux alentours de 2010 et que depuis notre consommation de CO2 semble diminuer.
Sauf que le cauchemar continue car notre consommation de CO2 est repartie à la hausse l’année du succès interplanétaire de la COP21, et qu’avec nos 1,9% de croissance prévue par l’INSEE pour 2017, il y a peu de chance que la courbe ne s’inverse cette année, qui devrait donc être la 3ème année consécutive de hausse de notre consommation territoriale de CO2.
Évolution des composantes intérieures et extérieures de l’empreinte carbone de la demande finale intérieure en France (en millions de tonnes équivalent CO2)
Sources : AIE ; Citepa ; Douanes ; Eurostat ; Insee. Traitements : SDES, 2017
Au lieu de donner des leçons climatiques à la planète entière, la France serait bien inspirée de montrer l’exemple en arrêtant de signer à tour de bras des traités de libre-échange après avoir pris le soin d’enfiler son plus joli costume de pompier-pyromane.