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Macron: «Reprendre le contrôle de notre destin énergétique»

Le président français, Emmanuel Macron, a enfin déterminé les perspectives de développement de l’énergie en France. S’exprimant à Belfort le 10 février 2022, un centre industriel dans l’est du pays, il a précisé que l’accent principal pour la période allant jusqu’en 2050 va concerner la question des centrales nucléaires. Selon lui, cela permettra de « reprendre le contrôle de notre destin énergétique ».

Emmanuel Macron a pris une décision stratégique en novembre de l’année dernière, lorsque, s’adressant à la nation depuis l’Elysée, il a annoncé: «Nous allons, pour la première fois depuis des décennies, relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays et continuer de développer les énergies renouvelables». Le président a, alors, mis en avant, pour justifier la relance du nucléaire, l’indépendance et la souveraineté énergétique française (la sécurité énergétique du pays) et européenne. Et maintenant, dans le cadre du plan d’investissement « France 2030 », le Président de la République a détaillé les orientations de la nouvelle politique énergétique de la France.

Outre le fait que les 56 réacteurs nucléaires actuels continueront leur service, de nouveaux apparaîtront. Il est question de six réacteurs de la nouvelle génération EPR-2. Leur construction débutera en 2028, et leur mise en service est prévue pour 2035. Au moins 50,5 milliards d’euros seront investis dans le projet. De plus, huit autres unités de ce type seront fournies et elles apparaîtront plus tard.

Par ailleurs, Emmanuel Macron a annoncé son intention d’investir 1 milliard d’euros dans le développement de petits réacteurs SMR modulaires d’une capacité de 50 à 500 MW. Leur avantage est la relative facilitée de fabrication, l’assemblage sur un convoyeur avec une livraison ultérieure sur le lieu d’exploitation.

Macron a également évoqué le Syndicat des énergies renouvelables (SER), dont la place dans le bilan énergétique de la France est encore faible. De plus, l’accent sera mis sur l’énergie solaire. De telles centrales, selon le président français, « s’intègrent mieux dans le paysage» par rapport aux éoliennes.

Le volume d’énergie reçu du soleil devrait être multiplié par 10 et du vent – deux fois, pour lequel 50 parcs éoliens offshore seront créés. Désormais, les centrales nucléaires génèrent plus de 70% de toute l’électricité consommée dans le pays (il est prévu que ce soit 80%). Au total, 56 réacteurs fonctionnent dans le pays. Le soleil représente jusqu’à 2 %, le vent – 8 %, le gaz et le charbon – jusqu’à 9 % de toute la production. Parallèlement, grâce aux grandes capacités des centrales nucléaires, la France produit plus d’électricité qu’elle n’en consomme, l’exportant vers l’Allemagne et l’Italie.

Seuls quatre pays peuvent construire eux-mêmes des centrales nucléaires – la Russie, les Etats-Unis, la Chine et la France. Bien sûr, il y a aussi des opposants aux centrales nucléaires dans le pays. En gros, c’est « vert ». Ainsi, l’un des détracteurs de l’énergie nucléaire, Yannick Jadot du parti des Verts et ancien directeur des campagnes de Greenpeace France, député européen depuis 2009 et candidat à l’élection présidentielle 2022, réagissant au discours de Macron, a écrit sur Twitter : «Le Président Macron enferme les Français·es pour un siècle dans le nucléaire. Ce n’est pas le choix que font les autres pays démocratiques ». Certes, peu de gens ont prêté attention aux critiques de l’homme politique, dont les chances dans la course présidentielle sont faibles

La France a annoncé des plans pour l’énergie nucléaire sans attendre la décision du Parlement européen et du Conseil de l’Europe qui étudient maintenant la possibilité de reconnaître les centrales nucléaires comme une production verte. Pour le principal ennemi de l’énergie nucléaire – l’Allemagne, une telle décision venant de Paris n’est guère une surprise. Les désaccords sur cette question entre les pays persistent depuis 2012. Paris -une fois de plus tout cela confirmé par Emmanuel Macron, a misé sur « l’atome pacifique», en Allemagne, où les «Grünen» contrôlent désormais non seulement les ministères concernés – économie, écologie, énergie, mais aussi le ministère des Affaires étrangères – ils sont en train d’éradiquer le nucléaire des projets. A la fin de l’année dernière, la moitié des six centrales nucléaires restantes étaient fermées, et d’ici la fin de 2022, le même sort attend les trois dernières. Outre la France, l’énergie nucléaire a d’autres partisans dans l’UE: la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie, la Pologne et la Slovénie. Parmi les Etats non membres, des centrales nucléaires continuent d’être construites au Royaume-Uni. La France tient un filon stratégique car elle l’un des quatre pays capables de construire indépendamment des centrales nucléaires avec la Russie, les Etats-Unis et la Chine. Et, elle va intéresser les pays situés en Europe qui souhaitent avoir des centrales nucléaires au grand dam de Berlin. 

Il est significatif que ce soient la Russie, les Etats-Unis et la Chine qui n’aient même jamais commencé à parler de retirer la production nucléaire de la balance énergétique. En France, il y a eu de telles conversations en 2015-2017, lors de la campagne présidentielle de l’actuel président français. Puis, il a promis de réduire la part de la production nucléaire dans le pays à 50 %. Mais, après la crise énergétique de 2021, il a changé son approche concernant les centrales nucléaires.

Le développement des centrales nucléaires a toujours été une question plus politique en raison des positions opposées sur la question entre l’Allemagne et la France. La décision de Paris n’affectera pas l’orientation paneuropéenne vers le développement des sources d’énergie renouvelables, estime, cependant les observateurs. 

La politique d’abandon de la production de carbone est calculée, comme le présente le Syndicat des énergies renouvelables, jusqu’en 2050 et elle sera mise en œuvre. Mais, la crise énergétique a montré la faiblesse des énergies renouvelables comme avec l’éolien et le solaire. Observateur Continental indiquait en février 2020 les mauvais résultats des éoliennes en Allemagne et ce qui faisait du rêve écologique un cauchemar. Dans un autre article du 12 décembre 2021 intitulé «Crise énergétique: les pays de l’UE vont avoir froid cet hiver», Observateur Continental précisait, de nouveau, l’échec de l’idéologie écologique car «les décisions menées et prises par les Grünen et la politique vantant l’emploi des énergies alternatives amènent les pays de l’UE dans une crise historique énergétique où les habitants ne pourront plus se chauffer correctement cet hiver». En fait, l’UE suit la voie du concept de «carré vert». Le concept implique la production d’énergie à partir de sources d’énergie renouvelables à partir de quatre sources: atomique, hydroélectrique, éolienne et solaire. Mais, en raison des spécificités du territoire de l’UE, il est difficile de compter sur l’hydroélectricité, ils veulent donc la remplacer par du gaz. 

Pierre Duval

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