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  Loi immigration : Et les livreurs ubérisés…par Viencent Edin  

Cachez ces esclaves sans-papiers que nous ne saurions pas voir, mais demandez-leur de livrer les burgers avant.

Cet après-midi la commission mixte paritaire va se réunir et durcir le texte de loi rejeté la semaine dernière pour donner des gages aux droites. Assurément, donc, le cas des livreurs sans-papiers ne sera pas abordé dans les possibilités de régularisation des métiers en tension. Ces nouveaux forçats sont pourtant emblématiques du déraillement économique contemporain.

Comme souvent avec le numérique, pour attirer les gogos, les livreurs étaient décemment payés à l’origine et peu à peu le dumping social s’est étendu rendant le boulot inacceptable pour les Français. De livreurs payés au-delà du SMIC, parfois bien au-delà, avec une population d’étudiants et de sportifs, nous sommes passés à des semi-esclaves, payés 3 euros de l’heure, et dont les estimations disent qu’ils sont majoritairement sans-papiers en situation irrégulière, avec un pic de l’ordre de 70 à 80 % à Paris.

Habitant Paris, une zone très richement dotée en restaurants, je vois des grappes de livreurs attendre devant les échoppes que leurs téléphones sonnent. Le fait d’être en règle n’est pas visible, mais je me borne à constater qu’il n’y a jamais un blanc parmi les livreurs et que leur maîtrise de notre langue est très imparfaite, l’État français étant très défaillant dans sa politique d’accueil. Ce secret de polichinelle ne dérange pas le MEDEF, la CPME et autres organisations patronales, qui n’envoient pas d’injonction à UberEats, Deliveroo et autres margoulins qui, non contents de frauder le fisc, sont parfaitement au courant que leur outil de travail est contourné.

Des salopards vendent leur compte à des sans-papiers et la misère ambiante augmente les prix : il faut désormais 150 euros par semaine (c’était 100 il y a quelques années.), 600 euros par mois, pour pouvoir louer un compte à quelqu’un en règle. 600 euros… Et donc les damnés pédalent à en mourir pour gagner un peu plus de 1000 euros en pédalant bien plus de 40 heures et il leur en restera peut-être 500… Tout le monde le sait, personne ne se mobilise pour les régulariser ce qui ferait rentrer de l’argent dans les caisses de l’état, dans les organismes paritaires via l’URSSAF.

En somme : des fraudeurs fiscaux ferment les yeux sur des pratiques esclavagistes sur des sans-papiers qui servent les plus favorisés qui ont la flemme de cuisiner ou de sortir faire des courses. Et on appelle ça le progrès qui crée de l’emploi libérateur… La prochaine fois que vous commandez une livraison, dites-vous que ça pourrait être votre enfant qui pédale à en mourir, littéralement, grillant les feux rouges pour gagner des chimériques poignées de seconde, cliquez sur « annuler la commande » et signalez à votre député.e qu’il faut punir les entreprises coupables.

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