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L’identité numérique, l’heure des choix ! Par Geneviève Bouché

Chacun de nous a une signature biologique qui se retrouve dans les traces ADN que nous laissons sur notre passage dans « la vraie vie ».

Sur le Net, nous laissons des traces et les géants du numérique (les GAFAM des USA et les BATX de la Chine) en sont friands : elles leur permettent de nous connaître et de nous reconnaître et finalement potentiellement de nous manipuler. Car les GAFAM et les BATX sont en réalité des armes d’influence massive, dont nous mesurons aujourd’hui les dangers.

Le Net devient un lieu de vie. Certains sont repoussés (fracture numérique) d’autres sont aimantés (addiction). Quoi qu’il en soit, les acteurs de nos vies sociales et économiques l’ont adopté et nous l’imposent. Tous ont besoin de nous connaître et de nous reconnaître afin de ne pas nous demander inlassablement les généralités qui nous caractérisent et définissent notre profil.

D’ailleurs, nous sommes las de rentrer des identifiants et de remplir des formulaires.

Également, nous ne pouvons plus nous contenter du « Net californien » ouvert à la libre expression tant responsable qu’irresponsable.

Les monnaies deviennent inexorablement numériques. La préparation de cette mutation renforce la nécessité de clarifier l’identité numérique.

Enfin, nous remplissons de plus en plus d’actes citoyens et nous avons besoin d’être certains de ne pas être usurpés. Parmi ces actes citoyens, il y a les paiements. Les monnaies deviennent numériques, pour les utiliser, nous devons avoir confiance dans le système qui nous identifie des acteurs de chaque transaction.

La France s’est penchée sur le problème des identifiants dès les années 80 en raison des besoins révélés par le minitel qui sont à peu près les mêmes que sur le Net.

À cette époque, les résistants qui avaient connu la dernière guerre étaient très perturbés par ces questions car, s’ils avaient pu jouer un rôle déterminant dans le dénouement de la guerre, c’était parce que les fichiers de la nation n’étaient pas parfaitement « carrés » (entre les registres des mairies et ceux des églises), ce qui leur a permis de créer des identités factices. Ceci est à l’origine de la création de la CNIL, dont on peut saluer l’infatigable travail de réflexion.

Mais à présent, les besoins sont très pressants. Alors, chaque zone géopolitique révèle son orientation.

  • Les USA considèrent que chaque individu doit être maître de ses données. Il doit pouvoir les stocker dans un classeur et il doit définir pour chaque transaction ce qu’un serveur peut piocher dans le classeur. Mais surtout, ces classeurs doivent être gérés par des entreprises privées. Nous avons tout lieu d’être méfiant vis-à-vis de cette approche car nous connaissons la capacité de nos amis américains pour faire émerger différents gestionnaires de classeurs puis de les concentrer pour obtenir un acteur « to big to fale ».
  • La Chine poursuit le développement de sa notation sociale dont l’objet est de donner des bonus et des malus aux citoyens selon leurs bonnes et leurs mauvaises actions. Ceci semble insoutenable pour un Européen et effectivement, ce choix, pourtant cohérent avec la pensée confucianiste de nos amis asiatiques, les instruments qui permettent de développer la notation sociale s’avère infantilisante. De ce fait, elle entrave les mécanismes de vicariancesimplexité avec lesquels les individus font évoluer leur environnement.

Dans ce cadre-là, les données personnelles sont centralisées et strictement gérées par les autorités.

  • L’Europe se dirige vers un modèle hybride, inspiré pour une part par le modèle X-road en fonctionnement en Estonie depuis une quinzaine d’années. Les données citoyennes sont gérées dans des communs numériques mais sous le contrôle des individus eux-mêmes. Ils peuvent / doivent changer leurs données eux-mêmes mais ils ont également connaissance des requêtes qui sont faites sur leurs données : qui et à quelles fins.

Cette manière de faire est réalisée en mode décentralisée dans des blockchains neutres, opérées par des acteurs de type association mais sous contrôle hautement démocratique.

Le modèle Européen est plus complexe à mettre en œuvre, mais il semble celui qui convient le mieux à la pensée humaniste de ce territoire.

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