Libye : qui est Seïf al-Islam,fils de Mouammar Kadhafi?
Le fils de Mouammar Kadhafi, Seïf Al-Islam Kadhafi, s’est présenté à la présidentielle libyenne alors qu’il est toujours recherché pour « crimes contre l’humanité »
Saïf al-Islam Kadhafi est né le 25 juin 1972 à Tripoli dans le complexe fortifié de Bab al-Azizia, est un homme politique libyen. Il est le second fils de Mouammar Kadhafi, dirigeant de l’ex-Jamahiriya arabe libyenne, et le premier enfant issu du mariage de ce dernier avec sa seconde épouse Safia Farkash. Son prénom signifie, en arabe, « le glaive de l’islam .
Biographie de Saïf al-Islam Kadhafi
En 1995, Saïf al-Islam Kadhafi obtient un diplôme d’architecte de l’université de Tripoli, ce qui lui vaut le surnom d’« ingénieur Saïf ». Dans les années 1990, son « tuteur » pour les affaires d’États est Moussa Koussa, chef des services de renseignement de son pays. Parti en Europe compléter sa formation, il obtient à Vienne un diplôme d’économie et management (MBA) de l’école autrichienne IMADEC. En parallèle, il prend la tête de la Fondation internationale Kadhafi pour la charité et le développement, créée en 1998 et gère à ce titre diverses situations diplomatiques. À l’été 2000, il montre la bonne volonté du régime libyen en versant la rançon de 25 millions dollars demandée aux Philippines par le groupe Abou Sayyaf pour libérer six otages occidentaux.
Saïf al-Islam Kadhafi offre alors un visage jugé « dynamique », ou « moderne et avenant », au régime de la Jamahiriya arabe libyenne, éprouvé par des années d’embargo économique et d’isolement politique. Il multiplie les rencontres avec les milieux politiques, financiers et diplomatiques occidentaux, où il est longtemps considéré comme un interlocuteur valable pour qui voudrait traiter avec la Libye, mais pas directement avec Mouammar Kadhafi. Il se montre progressivement critique envers le régime de son père, dont il préconise l’évolution vers la démocratie. Outre les activités caritatives de sa Fondation, Saïf al-Islam Kadhafi patronne également des initiatives culturelles : en 2002, la Fondation Kadhafi organise à Londres une exposition d’art libyen, comportant plusieurs de ses propres tableaux.
À la tête de sa Fondation, Saïf al-Islam Kadhafi mène des négociations délicates pour résoudre certaines des crises provoquées par son père. En 2004, il négocie avec plusieurs pays occidentaux l’accord d’indemnisation des victimes de deux attentats ayant impliqué la Libye, celui de Lockerbie contre un Boeing 747 de la Pan Am en 1988, et celui ayant conduit à l’explosion du vol 772 d’UTA au-dessus du Niger en 1989. En 2007, il est chargé du dossier de l’affaire des infirmières bulgares. À cette occasion, il déclare en août 2007 que le règlement du dossier s’est fait en contrepartie d’un contrat d’armement avec la France et du retour en Libye de Abdelbaset al-Megrahi, détenu au Royaume-Uni
Anglophone, germanophone et parlant un peu le français, Saïf al-Islam Kadhafi est reçu dans les chancelleries comme un « ministre des affaires étrangères bis »
Un candidat toujours recherché par la CPI
Revenu au pays après une décennie d’absence, il entend se présenter à la prochaine élection présidentielle libyenne.
La situation de Seif al-Islam Kadhafi à la CPI n’a pas changé. D’après la notice publiée en 2011, il est toujours recherché« , a déclaré Fadi Abdallah, un porte-parole de la CPI à la chaîne Libya al-Ahrar. Pour Wolfram Lacher, expert sur la Libye de l’institut allemand SWP, la candidature de Seif Al-Islam « déposée en dépit des mandats d’arrêt de la CPI (…) ne va faire que compliquer encore plus le processus électoral ».
Dans les rues de Tripoli, les habitants sont également inquiets face à cette candidature et craignent un retour en arrière. Cette candidature est « sans doute acceptable pour certaines personnes », reconnaît, Ramzi Douess, un Tripolitain d’une trentaine d’années, « Mais va-t-il accepter la Libye telle qu’elle est aujourd’hui ou nous ramènera-t-il en arrière ?«