Les triades chinoises, ces mystérieuses sociétés
La notion de triade, forgée dans les années 1980-1990 a été une des grilles de lecture préférentielles de la mondialisation et de ses territoires. Conçue à l’échelle étatique et correspondant à une logique centre-périphérie, elle qualifiait les trois pôles qui dominaient alors l’économie mondiale : États-Unis, Europe de l’Ouest, Japon. Le terme fut créé en 1985 par l’économiste Ken’ichi Ohmae par analogie avec les mafias chinoises. Reflétant l’idée d’une domination occulte, il avait pour but de décrire l’émergence de stratégies globales de firmes multinationales qui se focalisaient alors principalement sur les États-Unis, le Japon et l’Europe. Ces pays formaient dès 1985 un marché homogène qui produisait et absorbait plus des trois quarts des produits à haute densité technologique. La triade dominait alors politiquement, économiquement et culturellement le monde, et contrôlait les organisations internationales, tel le FMI, alors qu’elle ne représentait que 15 % de la population mondiale en 1990.
Cependant le bonheur, prospérité et longévité… Les voeux traditionnels résonnent chaque Nouvel An dans les quartiers chinois de la capitale. Les rues du 13e arrondissement et celles de Belleville sursautent sous le staccato des pétards « mitraillette ». Une antique tradition… Comme les triades. Au XVIIe siècle, les moines bouddhistes du Fujian refusent de se plier à l’autorité – et aux taxes – des nouveaux maîtres, les empereurs mandchous. Ils s’organisent en une société secrète : la première triade. La prise du contrôle de Hongkong par les Britanniques, en 1842, marque le début de leur ascension : exploités par les autorités anglaises qui interdisent les syndicats, les travailleurs locaux se regroupent en s’appuyant sur les structures clandestines imaginées dans le Fujian. Très vite, ces organisations de l’ombre vendent leurs services de protection et leurs talents d’intermédiaires entre le territoire anglais et la « métropole ». De la grande crise sociale de 1967 émergent les quatre entités qui aujourd’hui encore contrôlent l’essentiel des trafics : Sun Yee On, 14 K, Wo Shing Wo et Luen.
Ainsi, elles ont essaimé en Asie du Sud-Est, Amérique du Nord et Australie. En Europe, la France est une destination intéressante. De par les liens coloniaux qui unissaient l’Indochine et son importante communauté chinoise, et du fait de la présence d’une nombreuse population d’origine chinoise, originaire de la ville de Wenzhou, qui permet de peser sur les familles restées à Paris, et d’organiser une émigration systématique des enfants du pays vers l’Hexagone. Les bases d’une organisation mafieuse…