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Les syndicats agricoles tombent dans la mafia ?

Les syndicats ne sont pas à leur place, spécialement la FNSEA. Le 3 mars, Xavier Beulin sur Radio Classique osait s’exprimer ainsi sur le dossier laitier : « On a aussi des discussions aujourd’hui avec nos partenaires de la filière, nos coopératives, nos industriels, les grands distributeurs, la restauration à domicile. Il faut aussi que tous ces acteurs comprennent qu’on [ne] peut pas spéculer comme ça à la baisse sur le prix des produits alimentaires et donc forcément sur le prix des produits agricoles. »

Soyons clair, tout d’abord. Ce monsieur a bien de droit de dire ce qu’il veut, en tant qu’individu. En tant que syndicaliste cependant, je prends ses dires comme l’expression de la doctrine qu’il croit pouvoir faire avancer comme légitime au nom des membres de son syndicat. Et à ce titre, Xavier Beulin mérite qu’on lui rappelle les bases de la vie en société et de l’économie, outre des claques.

Dans cet extrait, Beulin se prend non plus pour le représentant des agriculteurs, mais comme le grand médiateur économique entre producteurs et clients, le parfait mafieux qui souhaite maîtriser toute la filière, il le dit, pour que les lois économiques du marché ne viennent plus contrarier les plans de ses pauvres chéris à qui nous devrions notre survie alimentaire et donc notre servilité.

Il ose poser de façon très explicite que les produits alimentaires ne peuvent pas subir le marché, la « spéculation » – implicitement, on comprend que selon lui, ce serait la morale qui l’interdirait. Et de parrain il se poserait ainsi comme le sauveur du paysan et du consommateur réunis. Balivernes.

Autrement dit, il refuse la mise en concurrence des agriculteurs, il refuse leur concurrence envers les producteurs étrangers. A quel titre svp et en quoi cette exigence serait-elle morale ? Sous prétexte de nous nourrir, les agriculteurs pourraient-ils ainsi exiger les prix que bon leur semble, et nous imposer demain par exemple un litre de lait à 10 euros ? Voilà en effet une belle moralité. Ridicule.

Il ose, osons nous-mêmes en retour. Le problème des agriculteurs est précisément de refuser la réalité économique qui protège in fine le consommateur, toujours. Refuser la concurrence, c’est refuser d’entendre qu’ils doivent s’adapter, qu’ils doivent être plus performants, qu’ils doivent changer de métier, qu’ils doivent faire mieux et plus avec moins. Comme tout le monde, en fait.

La voilà la belle moralité de M.Beulin : il refuse que les agriculteurs soient des gens comme tous les autres. Tous ceux qui travaillent se lèvent en devant faire mieux, chaque jour. Mais pas Xavier Beulin.

S.Geyres

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