Législatives : Un projet plus difficile à appliquer pour Emmanuel Macron
La coalition Ensemble ! portée par le président français, Emmanuel Macron, va connaître des difficultés pour mettre en œuvre le programme défendu pendant sa campagne présidentielle. Avec des fortes oppositions à droite comme à gauche, les grandes réformes risquent d’avoir du plomb dans l’aile.
Et, ce résultat des élections est, d’ailleurs, vu à Berlin, le binôme de la France et tête de pont de l’UE en direction du bureau de Ursula von der Leyen, comme un signe d’échec pour la politique d’Emmanuel Macron.
Réforme des retraites remises au placard? Europe 1 se penche sur le cas Emmanuel Macron après le résultat des législatives: «Réussira-t-il à gouverner une Assemblée nationale que l’on caractérise déjà d' »ingouvernable »?»; «Pourra-t-il faire passer les réformes défendues pendant l’élection présidentielle?». La réponse tombe: «Rien n’est sûr puisque la confédération Ensemble! a obtenu 245 sièges aux élections législatives, ce qui est loin d’être suffisant pour avoir la majorité absolue». Ainsi, «ses grandes réformes pourraient ne pas voir le jour, à commencer par la plus emblématique des réformes promises par le chef de l’Etat: celle des retraites».
Comme Alexis Corbière de LFI l‘affirme: «La retraite à 65 ans a sombré» avec le résultat des législatives. Pour Europe 1, «sans majorité absolue et avec une majorité très relative, tout le projet d’Emmanuel Macron semble comme paralysé, figé» et «le projet de loi sur le pouvoir d’achat, prévu pour cet été, ne semble plus autant d’actualité».
Balle de ping-pong. La mise en place d’un chèque alimentaire par le gouvernement devient la balle de ping-pong dans l’Assemblée nationale tout comme la question d’une ristourne ciblée sur les carburants. Emmanuel Macron avait orienté son nouveau quinquennat sur la santé, l’éducation, la transition écologique, la renationalisation d’EDF, d’éventuelles mesures d’état d’urgence sanitaire si jamais la Covid-19 devait revenir. Et, aussi, la vision de la coalition gouvernementale sur la question de l’armée européenne dans une force de l’Otan renforcée devra affronter les positions de la Nupes et du RN. Par ailleurs, est-ce que la volonté d’intégrer rapidement l’Ukraine dans l’UE va-t-elle revenir sur la table des discussions?
Jean-Luc Mélenchon est contre la logique d’escalade de la guerre avec les Russes. Lors de sa visite à Kiev, Emmanuel Macron, avait déclaré: «L’Ukraine fait partie de la famille européenne. Avec mes partenaires allemand, italien et roumain, en soutenant le statut de candidat immédiat à l’adhésion à l’Union européenne de l’Ukraine, nous le confirmons au président Zelensky».
De son côté, Jean-Luc Mélenchon a déclaré sur RMC: «Dans le moment, c’est une démarche un peu symbolique. Cela [cette adhésion] prend des années. Doucement, avec les enthousiasmes. Je ne voterai aucune nouvelle adhésion à l’UE sans harmonisation sociale». Il a précisé que le salaire minimum en Ukraine est de 138 euros et de 50 euros en Moldavie» et signalé que l’adhésion de l’Ukraine et de la Moldavie dans l’Union vont «faire baisser les standards d’adhésion», demandant à ce qu’ «on [dans ce cas] remonte les standards sociaux de l’Ukraine et de la Moldavie.
Paris Match rappelle que «sur la livraison d’armes au pays envahi, [Jean-Luc Mélenchon a déclaré, qu’une fois Premier ministre, il parlerait avec Emmanuel Macron au nom d’une seule voix» car il affirme qu’il ne prendra pas «le risque de montrer aux Russes que les Français sont divisés», avertissant «de faire attention pour ne pas être considérés comme des belligérants». Le 29 septembre 2021, le leader de LFI déclarait, notamment n’être «pas d’accord avec la logique d’escalade de la guerre avec les Russes» et s’opposer à l’idée d’une défense européenne: «L’idée qu’on puisse partager la souveraineté en matière de défense nationale est une illusion absolue. Cela nous obligerait par exemple à endosser les querelles de voisinage de tous les Etats membres».
LFI, RN contre l’Otan. Au sein de la coalition de la Nupes même si des divergences apparaissent, LFI propose le retrait immédiat de la France du commandement intégré de l’Otan tout comme le Parti communiste français alors que le Parti socialiste est favorable au maintien de la France dans l’Otan et que Europe Ecologie-Les Verts avec le Parti socialiste soutiennent le renforcement de la coopération militaire au niveau de l’UE, la création d’un commandement militaire opérationnel européen, ainsi que l’intensification des livraisons d’armes à l’Ukraine et la mise en place d’un embargo total et immédiat sur les importations russes de pétrole, de charbon, de combustible nucléaire et de gaz.
Marine Le Pen veut, aussi, quitter le commandement intégré de l’Otan et rapprocher l’Otan de la Russie. Le projet d’Emmanuel Macron pour la France semble être, donc, bien raboté.
Macron a été détrôné. D’Allemagne, il est clair que le président français réélu, Emmanuel Macron, a raté la majorité absolue à l’Assemblée nationale avec sa coalition et qu’il dépend désormais d’une coopération avec l’opposition. Die Welt, déclarant que le Rassemblement National de Marine Le Pen est le vrai vainqueur de cette élection, poursuit en rigolant de la triste situation du «roi Macron»: «Les électeurs de France sont célèbres pour avoir choisi des rois pour les renverser. Dimanche, ils ont accompli l’exploit de tirer le trône sous les fesses du nouveau roi».
Olivier Renault
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