Légaliser le cannabis, ça peut rapporter gros – en termes économiques, mais pas seulement
C’est en Amérique que l’on retrouve des Etats ayant déjà légalisé le cannabis : une partie du Canada, 10 Etats américains ou encore l’Uruguay. En France, le débat semblait inexistant, mais un rapport tout récent souligne les multiples avantages d’une telle réforme.
On parle évidemment de légalisation du cannabis récréatif, puisque la réglementation concernant le cannabis médical est plus tolérante dans bien des pays.
Le rapport du CAE est sorti la semaine dernière, et a déjà suscité des réactions, dont une tribune en faveur de la légalisation signée par 70 personnalités publiés dans l’Obs. Et s’il fait parler, c’est que l’avis émis par les économistes est tranché : il y aurait plus de sens économiquement à autoriser la vente de cannabis, que de continuer de lutter. Les politiques répressives sont jugées inefficaces. « Il y a plus de personnes en France qui ont essayé au moins une fois du cannabis que n’importe où ailleurs en Europe. » assure l’un des auteurs. Inefficaces donc, mais aussi très couteuses : ce sont 568 millions d’euros qui sont engloutis chaque année dans la lutte contre le cannabis.
La solution est donc à trouver du côté de la légalisation. En prenant les conséquences économiques de la légalisation partielle aux Etats-Unis ou au Canada appliquées aux spécificités de l’économie française, le rapport estime que la légalisation pourrait rapporter plus de deux milliards d’euros de rentrées fiscales, sans compter les emplois créés, de l’ordre de 40 000 à 80 000.
Reste à trouver le prix. Deux manières s’opposent : laisser le marché fixer le prix de vente ou établir un monopole d’Etat.
Le Colorado a choisi la première option et les auteurs du rapport ont noté que cette libre concurrence avait entraîne une « (quasi) éradication du trafic ». Avec pour inconvénient que le prix suit la loi de la demande et qu’il peut s’effondrer, ce qui aurait alors un effet incitateur à la consommation, contraire à l’esprit initial.
Une piste possible serait que l’État casse les prix, dans un premier temps, pour couper l’herbe sous le pied du crime organisé et détruire le marché noir, puis les relève par la suite pour éviter « une explosion de la demande ».
Quant aux 2 milliards d’euros de recettes fiscales, les économistes du CAE préconisent que ceux-ci soient fléchés vers la lutte anti-drogue, spécifiquement pour contrer les effets pervers de la légalisation : les trafiquants, qui n’auraient plus de revenus, pourraient vendre davantage de drogues dures, plus dangereuses. Autrement dit, une politique plus répressive est attendue, surtout envers les « têtes de trafic » qui profiteraient quasiment à eux seuls des remontées de l’argent du trafic. Autrement dit, l’argument qui consistait à dire que le trafic faisait vivre des quartiers entiers est complètement remis en cause par ce rapport. Le Conseil d’Analyse Economique, qui a commandé ce rapport, travaille auprès du Premier ministre et du gouvernement. Un rapport à lire de toute urgence.
Cédric Leboussi
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