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Le secteur de la santé jouera-t-il, comme attendu, son rôle défensif en 2024 ?

Par Rudi Van den Eynde, Head of Thematic Global Equity et Antoine Hamoir, CFA, Senior Fund Manager / Senior Equity Analyst Health Care & Consumer chez Candriam

2023 : un secteur décevant, qui a perdu son souffle

Le secteur de la santé est traditionnellement considéré comme défensif et caractérisé par une croissance séquentielle et régulière. Pourtant, il a déçu en 2023, alors que le monde était confronté à de nombreux vents contraires, inflation, ralentissement économique, guerre. Il y a plusieurs raisons à cela :

  • La forte concentration des investisseurs sur l’IA et la technologie en général au cours de l’année, qui a fait de l’ombre à la plupart des autres secteurs.
  • La sous-performance généralisée des petites et moyennes capitalisations, qui a durement touché le secteur des biotechnologies innovantes.
  • Enfin, le déstockage opéré par les clients des entreprises des sciences de la vie (fabrication de produits biologiques, recherche biomédicale), qui a également touché certaines entreprises ; l’environnement post-pandémique a pénalisé les entreprises qui avaient connu des hausses de leurs ventes grâce à leur exposition directe ou indirecte aux vaccins, et qui sont maintenant confrontées à des comparaisons difficile

Comment se présente l’année 2024 ?

De nombreux vents contraires sont en train de s’affaiblir : la base de comparaison de la pandémie de covid devient plus favorable en 2024, et de nombreuses entreprises du secteur des sciences de la vie signalent une stabilisation dans le déstockage de leurs clients et une reprise des commandes. 

En outre, la sous-performance due au contexte macroéconomique rend attractifs les niveaux actuels de valorisation. Le ratio cours/bénéfice du sous-secteur pharmaceutique, à un niveau de 15, est inférieur à sa moyenne à long terme[1] et indique une sous-valorisation.  Cela est particulièrement intéressant si l’on considère que les fondamentaux du secteur, tels que l’innovation, sont intacts.  Les secteurs de la biotechnologie et de la santé ont notamment fait preuve d’une très forte innovation, comme en témoigne l’augmentation constante du nombre de médicaments en cours de développement. De 5 995 en 2001, ce chiffre est passé à 21 292 en 2023. Ainsi, pour la seule année 2023, la FDA (Food and Drug Administration) a approuvé au moins 60 nouveaux médicaments, une augmentation significative par rapport aux 39 à 53 approbations des quatre années précédentes (dernières données au 8 décembre 2023)[2].

D’autres bonnes nouvelles rendent le diagnostic plus favorable :

  • La répression par le gouvernement chinois de la corruption dans l’écosystème hospitalier a eu un impact négatif sur certaines entreprises exposées à la Chine, car les hôpitaux ont gelé et limité toutes les commandes de nouveaux équipements et même de consommables, pendant le temps de l’enquête. Là encore, cet impact négatif devrait redevenir un facteur favorable (rattrapage des commandes) d’ici le début de 2024.
  • Un gros point positif est lié à notre scénario économique (du moins pour le secteur de la santé) : les signes d’un ralentissement sont déjà visibles dans de nombreuses régions, comme la Chine et certains pays européens, mais nous nous attendons également à ce que l’économie américaine passe à un rythme plus lent en 2024, les taux d’intérêt élevés continuant de peser sur l’économie. L’inflation est déjà en train de ralentir et nous nous attendons à ce que cette « normalisation » se poursuive, ouvrant le spectre d’une baisse des taux de la FED en 2024 avec des taux à long terme également en baisse. La combinaison d’une croissance plus lente et de taux plus bas est un mix macro très intéressant pour le secteur de la santé, dont l’activité est beaucoup moins dépendante de la conjoncture que d’autres secteurs – la demande de soins est la même quelles que soient les conditions économiques. La baisse des taux favorisera le sentiment des investisseurs à l’égard des sociétés de biotechnologie innovantes mais non encore rentables.

La fièvre devrait dépasser les 40 degrés pour la catégorie des médicaments GLP-1

L’obésité, un problème de santé mondial, touchait plus de 40%[3] des adultes américains en 2020 et en touchera potentiellement 50 % d’ici 2035. Les conséquences de cette maladie sont graves et entraînent des dépenses de santé importantes. L’histoire des médicaments contre l’obésité a été marquée par des problèmes de sécurité sanitaire et des retraits du marché, ce qui a contribué au développement d’un certain scepticisme à l’égard des options thérapeutiques – quant à elles, les approches centrées sur les modifications de mode de vie s’avèrent souvent insuffisantes pour obtenir une perte de poids pérenne. Les options thérapeutiques initiales se sont heurtées à des effets hors cible, à une faible spécificité des récepteurs, à une activation de dopamine de remplacement entraînant une dépendance, et à des effets secondaires affectant le comportement.

Après 100 ans d’échecs, l’approbation d’une nouvelle classe de médicaments ciblant le glucagon-like peptide-1 (GLP-1) marque un changement de paradigme, et offre pour la première fois des traitements raisonnablement tolérables et efficaces pour la perte de poids, après avoir prouvé leur utilité en tant que médicaments contre le diabète. Le remboursement, motivé par des données encourageantes sur les comorbidités, gagne le soutien des débiteurs commerciaux et gouvernementaux. L’accent mis sur la sécurité et les critères d’évaluation tangibles, tels que les événements cardiovasculaires et la mortalité, façonne le paysage clinique et réglementaire, les thérapies à base de GLP-1 ayant jusqu’à présent fait la preuve de leur efficacité.

Le secteur pourrait être confronté à des infections persistantes 

Certains segments ont toutefois souffert, les investisseurs craignant que les dispositifs cardiovasculaires ou les implants orthopédiques ne fassent l’objet d’une baisse de la demande à mesure que la santé de la population s’améliore. D’après notre analyse, les médicaments GLP-1 sont efficaces et constituent une avancée majeure dans le traitement de l’obésité. En même temps, le déclin des entreprises de technologie médicale nous semble exagéré, car les problèmes cardiovasculaires, entre autres, ont des étiologies multiples et sont également le résultat de décennies de surpoids. Nous considérons donc qu’il s’agit d’une opportunité d’achat pour les entreprises MedTech concernées. En outre, les patients très obèses ne peuvent pas bénéficier de certaines interventions chirurgicales spécifiques et le passage à un indice de masse corporelle (IMC) plus bas pourrait permettre à ces patients de bénéficier d’une hanche artificielle par exemple, de sorte que l’impact du GLP-1 peut également avoir des effets positifs pour les entreprises de technologie médicale. L’examen des détails de l’essai de Novo Nordisk montre que les bénéfices en termes de santé étaient moins prononcés pour les patients américains, pour des raisons qui manquent encore de clarté mais qui peuvent être liées à un IMC de base très élevé au moment de l’entrée dans l’étude – ici encore, l’hypothèse selon laquelle les maladies cardiovasculaires et d’autres pourraient être vaincues, comme le suggère le parcours de certaines valeurs, semble exagérée.

À propos de Candriam

Candriam, qui signifie « Conviction AND Responsibility IAsset Management », est un gestionnaire d’actifs européen multi-spécialiste. Pionnier et leader dans le domaine des investissements durables depuis 1996, Candriam gère environ 139 milliards d’euros d’actifs et s’appuie sur une équipe de plus de 600 professionnels. La société dispose de centres de gestion à Luxembourg, Bruxelles, Paris et Londres et ses responsables de clientèle couvrent plus de 20 pays dans toute l’Europe continentale, au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Moyen-Orient. Candriam propose des solutions d’investissement dans plusieurs domaines clés : obligations, actions, stratégies à performance absolue et allocation d’actifs, avec une gamme large et innovante de stratégies ESG couvrant toutes ces classes d’actifs.

New York Life Investmentsse classe parmi les principaux gestionnaires d’actifs mondiaux[ix].

Plus d’informations sur : www.candriam.com

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