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L’armée américaine aux prises avec une vague de suicides Par Alexandre Lemoine

L’université Brown a publié un rapport stipulant que 30.177 militaires et vétérans américains s’étaient suicidés ces 20 dernières années. À titre de comparaison: 7.052 soldats ont été tués dans les opérations américaines depuis le 11 septembre 2001. 

L’armée américaine fait face à une véritable épidémie de suicides. 176 soldats se sont suicidés en 2021. Un record depuis 1938. Selon le Pentagone, le taux de suicide grandit dans toutes les armes depuis 2015. 

Ce problème préoccupe sérieusement le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, qui a évoqué ce sujet lors de sa visite à la base d’Eielson en Alaska l’an dernier. C’est dans cette base que les militaires américains mettent le plus souvent fin à leurs jours. 

D’après le quotidien USA Today, au premier semestre 2021, parmi les 11.500 militaires stationnés en Alaska, 6 suicides ont eu lieu. Le même nombre que pour toute l’année 2020. Ce chiffre reflète le tableau d’ensemble. En 2018, 326 suicides ont été recensés dans toutes les forces armées américaines, contre 350 en 2019 et 385 en 2020. En comparaison avec environ 160 suicides par an en 2009-2010, cette double hausse de pertes hors combat en dix ans témoigne d’une profonde crise morale au sein des forces américaines. 

Tracy Latz, psychiatre avec 35 ans d’expérience, estime que l’une des principales raisons est le « sentiment d’absence de but ». « Les vétérans rapportaient qu’ils sentaient que l’État utilisait leurs camarades comme des pions et ne voyaient aucun sens à leurs actes. » 

Les forces spéciales ont été également affectées par les suicides. Le New York Times a publié une étude sur les suicides au sein des forces spéciales organisée à la demande du Commandement des opérations spéciales (SOCOM) par l’Association américaine de suicidologie. 

117 suicides ont été recensés entre 2007 et 2015 dans les forces des opérations spéciales, mais ce nombre a considérablement augmenté ces dernières années. Le général Joseph Votel, qui commandait le SOCOM d’août 2014 à mars 2016, a noté dans une interview au NYT que les cas de suicide parmi ses soldats pouvaient être liés à « la pression sociale et la pression du commandement ». Mais le quotidien n’est pas de cet avis et écrit que la raison pourrait être l’accent sur l’intensité élevée des opérations au détriment d’un « commandement compétent, de la discipline et de la subordination ». 

La jeunesse américaine ne veut pas s’engager dans l’armée. Le 20 juillet, le chef adjoint d’état-major de l’armée de terre, le général Joseph Martin, a stupéfait les congressistes américains en annonçant qu’en l’absence de suffisamment de recrues l’armée américaine devrait être réduite à son minimum depuis 1940. 

Le Pentagone comptait initialement augmenter le nombre des forces terrestres jusqu’à 485.000 hommes d’ici 2023, mais il est clair à présent que l’armée devra être réduite à 445.000 militaires. Selon le général, l’armée manquera d’au moins 7.000 soldats pour mener les opérations actuelles. 

Seulement 23% des jeunes américains sont aptes au service militaire. Les autres sont inaptes à cause de l’obésité, de maladies, de la toxicomanie ou d’un casier judiciaire. Parmi ceux qui sont aptes, seulement 9% souhaitent s’enrôler. 57% des jeunes américains ont tout simplement peur de servir. Ils sont convaincus qu’après le service ils auront forcément des problèmes psychologiques et physiques. D’où la hausse du nombre de suicides, car il est difficile de rompre le contrat et il est insoutenable de servir. 

Au vu d’un manque de personnel, le Pentagone a réduit les exigences envers les recrues et ne complète ses unités qu’à 90%. Il est désormais possible de s’engager même sans un brevet des collèges. Des camps spéciaux sont créés pour les recrues où des personnes obèses et mentalement déficientes seront préparées au service militaire. 

L’une des raisons de la hausse du nombre de suicides est la mutilation psychologique par l’introduction de ce qu’on appelle des théories progressistes. Le sénateur républicain Josh Hawley s’indigne que les soldats américains accordent davantage d’attention à l’étude de la « théorie raciale critique » qu’à la formation militaire. Le sénateur a exigé du chef d’état-major des armées Mark Milley de « cesser d’utiliser les forces armées comme une géante expérience sociale ». 

Pendant ce temps, le mécontentement grandit dans les rangs de l’armée. Sur les messageries secrètes des unités d’élite, les combattants d’active et à la retraite des forces spéciales s’expriment de manière négative au sujet des autorités américaines. Le chef du contrespionnage militaire américain Harry Reid a déclaré que ces messageries secrètes feraient l’objet d’une sérieuse enquête.

Alexandre Lemoine

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