L´ACTE MANQUE DU PREMIER MINISTRE
M. Jean-Marc Ayrault, peu chanceux en ce moment, a finalement décidé, mercredi 18 décembre, de reporter sine die la réunion sur l’intégration prévue le 9 janvier 2014. Est-ce à dire que ce rapport contesté finira au pilon ?
Ne nous réjouissons pas trop vite pour deux raisons : a) selon Freud, les actes manqués sont révélateurs d’une pensée inconsciente, mais il est rare qu’un désir refoulé ne perce pas un jour. Dans le langage de Lacan, il s’agit seulement pour nos princes d’un « acte perturbé » ; b) le nombre de personnalités ayant participé à cette élucubration est un élément trop important pour ne pas prédire sa résurgence.
En effet, dans la presse de ce jour, le premier ministre rappelle le caractère collectif de cette œuvre : tous les ministres, dit-il. Au moins dix dans les faits, cinq commissions, 250 « experts » désignés justement par ses services, un président de la république informé. Comment, devant un tel nombre, croire que le volcan n’entrera pas de nouveau en éruption ?
D’autre part, l’immigration alimente aujourd’hui inexorablement les bataillons de ceux qui s’en prévaudront demain. Nous vivons le cauchemar de « l’apprenti sorcier » (Paul Dukas), filmé dans Fantasia (Walt Disney), où Mickey, sorcier, se bat contre des balais qu’il avait ensorcelés pour qu’ils portent des seaux d’eau à sa place.
Depuis de nombreuses années, les Français se complaisent « dans la volupté à s’accuser » de tous les maux, estimant que « dès que nous nous blâmons, il nous semble que personne d’autre n’a plus le droit de le faire ». Tragique erreur, ils n’ont fait qu’ouvrir le registre des récriminations et ce registre ne se refermera plus jamais.
« Il faut réfléchir avant de penser », disait Pierre Dac. Certes, nous ne supposons pas que nos présidents et nos ministres soient totalement imprévoyants ou stupides. Ils prennent garde seulement à ne pas nuire à leur carrière en imposant les mesures qu’ils croient justes, et pour lesquelles ils ont été élus, Résultat ? L’un fut qualifié de « roi-fainéant » et le dernier « de mou qui ne sait pas trancher ».
Des « grandes incapacités (même pas) méconnues ». Mais pourquoi ce délitement, auquel aucun pays ne résiste ? Parce que les démocraties disposent, en abondance, d’hommes politiques, mais rarement d’hommes d’Etat, ceux qui pensent à la prochaine génération et non à leur prochaine réélection : ceux qui pensent à la place qu’ils laisseront dans l’histoire de leur pays et non à la chronique de BFMTV du lendemain….
Ce qui ne nous empêche de persister à voter pour eux, croyant élire le moins mauvais.
G.Levy