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LA FRANCE MENACE-T-ELLE L’EUROPE

 

 

 

 

 

Un enjeu vital pèse sur la France : réduire son déficit budgétaire à l’horizon 2014, sous peine de déséquilibrer l’ensemble de la zone Euro.

 

La France est dans le viseur de l’Europe. Elle n’a d’yeux que pour son programme de stabilité conçu pour réduire son déficit. Mais elle n’est pas la seule dans le collimateur de la Commission européenne : l’Espagne, l’Italie et la Slovénie le sont aussi pour l’explosion de leur dette et l’appauvrissement de leurs exportations. Cependant les indicateurs au rouge de la France : taux de la dette, réduction des parts de marché, perte de compétitivité ne sont pas à analyser sur le même plan pour le pilier de l’Europe, avec l’Allemagne. S’ils perdurent, ces mauvais résultats peuvent-ils menacer l’Europe ?

 

Cette situation fait figure de bombe à retardement et la Commission européenne vient à ce sujet de délivrer un message clair : la France doit résorber ses difficultés et ce dans l’urgence. Première problématique, qui n’est pas nouvelle : les parts de marché de la France à l’export dans l’Union européenne ont chuté de 11,2 % entre 2006 et 2011, tandis que le coût du travail, que l’on sait supérieur à celui de l’Allemagne, accroît ce manque de compétitivité. Autre paramètre handicapant, le poids de l’impôt. L’an dernier le taux des prélèvements obligatoires a augmenté de 1,2 point à 44,9 % du PIB sous l’effet de la hausse des impôts de 5,3 %. La Commission européenne estime que les marges bénéficiaires des entreprises de l’Hexagone sont les plus faibles de la zone euro. La France a certes obtenu un report à l’horizon 2014 d’une baisse de son déficit budgétaire sous la barre des 3 %, mais ce sursis a un prix : la poursuite, si ce n’est l’accélération des réformes.

 

La dette, ce mal endémique, accroît encore la vulnérabilité de la France et partant, celle de toute l’Europe. Selon l’Insee, le déficit public de la France a pu être ramené en 2012 seulement de 5,3 %à 4,8 % du PIB, ce qui est en deçà de l’objectif du gouvernement qui tablait sur une diminution de 4,5 %. La dette publique poursuit sa courbe exponentielle, atteignant 90,2 % du PIB avec 1 833,8 milliards d’euros. Si aucune nouvelle mesure n’est prise, la commission européenne prévoit que le déficit de la France atteindra 3,7 % du PIB à la fin de l’année et 3,9 % fin 2014.

 

Réduire le déficit structurel 

 

La Commission européenne n’est pas la seule instance à regarder de près les perspectives macroéconomiques de la France, le Haut conseil des finances publiques, structure consultative composée de onze membres, a l’avantage de se présenter comme indépendante. Elle se prononce aussi sur la croissance potentielle et ne manquera pas de donner son avis sur les prévisions annoncées à ce sujet par le gouvernement. La croissance, cet ingrédient indispensable au relèvement, qu’il est bien difficile de prévoir à moyen terme et qui pourrait fournir, si elle n’est pas de retour, l’étincelle d’un scénario catastrophe.

 

Pour élaborer le retour à l’équilibre et s’insérer dans le pacte de stabilité européen, le gouvernement a pour guide le sérieux budgétaire et non l’austérité. Objectif majeur : réduire le déficit structurel de 1 point de PIB l’année prochaine, ce qui correspond à un effort de 20 milliards d’euros. Les prélèvements obligatoires devraient continuer d’augmenter légèrement. Côté dépenses publiques, leur poids devrait être ramené à 56,4 % du PIB, soit une réduction de 0,5 point. Le gouvernement a annoncé une baisse des dotations aux collectivités de 1,5 milliard d’euros et une réduction des dépenses de l’Etat d’un montant identique. L’avenir dira si cette ligne suffit à redresser l’état inquiétant des finances publiques. La voie de la baisse des dépenses publiques pour réduire le déficit est en tout cas celle que privilégient les Français, selon un sondage OpinionWay pour l’Institut Montaigne et Tilder.

 

Que risque la France si elle dérape ? Plus qu’une mise à l’amende de la part de l’exécutif européen car il y a craindre un effet de contagion pour la zone Euro. Dès lors la date du 29 mai à laquelle doit intervenir le répit budgétaire octroyé par l’Europe à la France n’a rien d’anecdotique. L’Hexagone, 2e économie de l’Europe, sert d’exemple. L’Allemagne observe de près ses efforts en matière de déficit. Les prévisions de croissance de 1,2 % en 2014 avancées par Bruxelles sont moindres que prévues et ne suffiront pas inverser la tendance. La question est désormais de déterminer où et comment des économies structurelles peuvent être trouvées. Si la France ne veut pas devenir le mauvais élève de l’Europe, celui qui menace son fragile équilibre, comme cela a été le cas pour la Grèce ou l’Irlande.

 

Agnès Taupin

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