La France est-elle toujours le « pays du pain » ?
D’année en année, la consommation de pain s’effrite dans le pays, même si près de la moitié des Français déclarent ne pas pouvoir s’en passer.
Les Français, naturellement, font des miettes sur la nappe en rompant la baguette tout au long du déjeuner ou dîner. La corbeille à pain ne traîne par contre jamais de mon côté de la table, sauf au moment du fromage ou de la salade… Mon esprit limité par mes habitudes n’a pas réussi à adopter cette coutume. Du coup, lorsque je prévois de cuisiner un steak-haricot-patates sautées et que le Français qui partage ma vie lance: « Dis voir, ça serait pas sympa d’avoir un bout de pain avec notre souper? », mes cheveux se hérissent sur ma tête. Je lui explique patiemment que c’est inutile: « Les patates remplacent le pain, c’est ma-thé-ma-tique. » Je refuse la double-ration de féculents!
Autre cas curieux: ce soir, j’organise une raclette (avec des patates). Eh bien, lors de la dernière, je n’avais pas pensé à prévoir de pain (sans blague)! Cela avait grandement choqué un des convives, encore plus attaché à son quignon que la moyenne de la population hexagonale. « Comment ça, t’as pas de paing? » dit-il, desespéré, avec son charmant accent du sud. Mais cette fois, il a pris ses précautions: il a prévu d’en amener un morceau lui-même…
Pourtant depuis quelques années, les Français mangent de moins en moins de pain. « Au début des années 2000, on en consommait environ 160 grammes par jour et par habitant. Désormais, on est plutôt aux alentours de 130 grammes, en moyenne », explique Philippe Godard, délégué général adjoint de la Feb, la fédération des entreprises de boulangerie. Soit environ trois fois moins que dans les années 1950.
Pourquoi n’a-t-il plus la cote ?
Pas de panique, le pain ne va pas quitter nos tables de sitôt. Plus de 9 Français sur 10 en ont toujours chez eux, selon une étude de la Feb. 51 % avouent même ne pas pouvoir s’en passer.
Mais les habitudes des Français évoluent. « Le pain d’accompagnement, celui qui nous sert à saucer le plat, comme la baguette, diminue. On mange aussi davantage de plats d’autres pays, sans pain. Dans la cuisine chinoise ou japonaise par exemple, énumère Philippe Godard. Beaucoup de Français prennent maintenant deux repas au lieu de trois, et pour le petit-déjeuner, les céréales ont remplacé les tartines. »