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La BCE et les grandes banques font du « soutien abusif » à la France

La politique des taux bas puis négatifs de la BCE n’a qu’un seul but : éviter la cessation de paiement des pays en faillite dont la France fait partie. Oui, je parle de la France, pas de la Grèce.

Les taux bas et négatifs préservent un système financier corrompu : les gouvernements ont délégué à des banques commerciales un monopole de création monétaire et, en remerciement, ces mêmes banques placent auprès des citoyens les dettes des gouvernements insolvables. Il s’agit de « soutien abusif » — qui, dans le secteur privé, est puni par la loi.

Au total, la liquidité créée par les banques centrales avoisine désormais les 20 000 milliards de dollars. Le programme de la BCE, de mars 2015 à septembre 2016, représentera 1 140 milliards d’euros, plus de 10% de la masse monétaire en circulation en Zone euro. La dette publique mondiale — celle qui est émise par les Etats et au final garantie par les contribuables — dépasse 58 000 milliards de dollars selon la dernière étude de McKinsey.

Les taux bas ou négatifs permettent d’éviter la cessation de paiements des gouvernements surendettés ; il n’en demeure pas moins que ces gouvernements sont en faillite, c’est-à-dire que le principal ne sera jamais remboursé.

Les banquiers le savent, les politiciens le savent. Souvenez-vous, François Fillon, déjà en 2007 :

« Je suis à la tête d’un Etat qui est en situation de faillite «.

En faillite, mais pas en cessation de paiement.

Si les taux d’intérêt étaient à un niveau normal, disons de 5%, servir les intérêts de la dette française (2 100 milliards d’euros) coûterait en gros aux contribuables 100 milliards d’euros, deux fois plus qu’aujourd’hui. Or aujourd’hui, le budget de notre pays est déjà déficitaire de 75 milliards. Qui voudrait alors nous prêter de l’argent ? La France serait bien en cessation de paiement et sa faillite avérée.

Mario et la BCE veillent au grain

Mais M. Mario Draghi à la Banque centrale européenne veille au grain et rachète la dette de la France pour en faire baisser artificiellement le taux. Quant aux banques commerciales SVT (les Spécialistes en Valeur Trésor), elles continuent à placer la dette fraîchement émise par notre pays (auprès de gens comme vous via l’assurance-vie).

La cessation de paiement est ainsi évitée.

Dans les procédures de faillite, un tel soutien abusif est sanctionné par la loi (Code du Commerce) :

L’action en responsabilité pour soutien abusif vise à sanctionner les établissements bancaires qui continuent à soutenir ou financer une entreprise tout en sachant que sa situation et sa viabilité est irrémédiablement compromise.

Le législateur entend ainsi punir l’illusion de survie que crée le banquier qui continue à accorder des crédits à un mort-vivant, ce qui lui permet de fourvoyer d’autres prêteurs et vise à passer la patate chaude, c’est-à-dire à se défausser de ses mauvaises créances.

Or le premier métier d’un banquier est de savoir évaluer la solvabilité de son créancier et d’assumer lorsqu’il s’est trompé. En cas d’erreur, il doit payer sur ses fonds propres ou faire payer ses actionnaires au lieu d’essayer de faire endosser les pertes à d’autres. Le banquier est libre d’accorder ou non son crédit mais il est aussi responsable de ses actes.

Continuer à accorder du crédit pour faire croire à la viabilité des dettes passées est, tout simplement, de la tromperie.

C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui avec la dette française. La dette française est insoutenable, le principal ne pourra jamais être remboursé car il excède les capacités de financement des contribuables français.

La BCE et les SVT, en pratiquant le soutien abusif, privent les épargnants de tout rendement et trompent tout le monde : les investisseurs étrangers comme les détenteurs de contrats d’assurance-vie. Car votre assureur vous jure que votre contrat d’assurance-vie rempli de dette française est un produit à capital garanti.

Vous me direz que l’Etat n’est pas une entreprise et que la procédure en « soutien abusif » ne le concerne donc pas… et vous avez juridiquement raison.

Mais l’esprit des lois n’est-il pas le plus important et au nom de quoi l’Etat se permet-il ce qu’il défend au secteur privé ?

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